- Le témoignage de Mariam Rajabally perçu comme une étape déterminante
L’enquête de la Financial Crimes Commission (FCC) sur les contrats d’« Advisory Service » attribués à Grant Thornton par Air Mauritius a franchi, jeudi, un cap déterminant. Mariam Rajabally, associée du cabinet, a directement mis en cause son ancien collègue Sattar Hajee Abdoula, déjà provisoirement inculpé pour blanchiment d’argent.
Au cœur de l’investigation : Rs 3,6 millions versées en mars 2020 à Grant Thornton pour un contrat d’« Advisory Services ». Ces prestations auraient été attribuées alors que le CEO du cabinet, Sattar Hajee Abdoula, occupait simultanément le poste d’administrateur chargé du redressement d’Air Mauritius.
En effet, le 22 avril 2020, Sattar Hajee Abdoula avait été nommé Joint Administrator du transporteur aux côtés d’Arvindsingh Gokhool, avec pour mission l’élaboration d’un plan de redressement. La compagnie avait été placée sous administration volontaire sur décision de son conseil d’administration, entre avril 2020 et septembre 2021. Pour ses services dans le cadre de ce plan, Sattar Hajee Abdoula avait perçu Rs 141 millions. Le cabinet avait également touché Rs 5 millions pour une mission d’administrateur chez Airmate Ltd. Cette double casquette soulève des interrogations sur un possible conflit d’intérêts et l’absence de processus de sélection transparent.
Le CEO de Grant Thornton, arrêté le mercredi 19 novembre, conteste les accusations de blanchiment de la FCC. Représenté par Me Raouf Gulbul, il a affirmé n’avoir perçu que la moitié des paiements correspondant à des prestations réellement effectuées. Après avoir passé une nuit à l’hôpital Dr A.G. Jeetoo, il a été admis à la clinique Wellkin pour des raisons de santé et reste sous surveillance policière. La suite de son interrogatoire se déroulera à sa sortie.
Jeudi, dans les locaux de la FCC, Mariam Rajabally a été confrontée aux déclarations de Sattar Hajee Abdoula. Selon les informations recueillies, elle a catégoriquement rejeté toute implication dans la négociation du contrat avec Air Mauritius, présentant des courriels internes qui, selon elle, montrent que cette démarche relevait de la responsabilité exclusive du CEO.
Ce témoignage fragilise la ligne de défense de l’ancien administrateur. À la FCC, l’interrogatoire de Mariam Rajabally est perçu comme une étape déterminante. Les enquêteurs cherchent désormais à savoir si d’autres membres du cabinet étaient au courant des conditions d’attribution, ou si les décisions cruciales étaient centralisées entre quelques responsables seulement, voire uniquement le CEO.
L’enquête vise également à examiner la structure interne de prise de décision et à déterminer si des procédures internes ont été contournées pour faciliter certaines transactions financières. Elle porte sur les modalités de réception des paiements liés aux contrats totalisant Rs 141 millions perçus par Grant Thornton pour ses « Advisory Services ».
De nouveaux développements sont attendus dans cette affaire, qui soulève des questions sur la gouvernance des contrats publics sous l’ancien gouvernement. Dans une réponse parlementaire, le 6 mai, le Premier ministre Navin Ramgoolam avait révélé qu’entre 2015 et 2024, Sattar Hajee Abdoula avait perçu au total Rs 287,2 millions pour ses fonctions dans des institutions publiques, parapubliques et privées liées à l’État.
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