Avec des investissements d’environ Rs 10 milliards, le projet de Liquefied Natural Gas comprend plusieurs complexités. Cela pourrait difficilement être exécuté à travers un simple exercice d’appel d’offres.
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Quel modèle d’exercice d’appel d’offres pour le très ambitieux projet de Liquefied Natural Gas (LNG) ? Ce projet, estimé à une dizaine de milliards de roupies, pourra difficilement être réalisé à travers un simple exercice d’appel d’offres courant. C’est du moins l’avis partagé au niveau de l’Hôtel du gouvernement et de divers techniciens du Central Electricity Board (CEB).
Le modèle qui devrait être plus approprié pour la réalisation de ce projet serait un Government-to-Government (G-to-G) Agreement. Cela impliquerait la signature d’un contrat entre Maurice et un autre gouvernement, qui aidera à réaliser pleinement le projet. Ce principe a, dans le passé, été utilisé pour la réalisation de divers projets, comme le développement des infrastructures sur l’archipel d’Agaléga par le gouvernement indien.
« Réaliser un projet d’une telle envergure à travers un simple exercice d’appel d’offres relève de l’impossible. Les enjeux financiers et les spécifications techniques sont trop importants. Avoir recours à un simple exercice d’appel d’offres résulterait en une série de complications. Ces exercices pourraient donner lieu à la non-participation des soumissionnaires ou alors les offres pourraient ne pas être en conformité avec les spécifications techniques du projet. On se retrouverait à relancer les exercices d’appels d’offres sans obtenir de résultats concluants », dit une source à l’Hôtel du gouvernement qui est actuellement impliquée à définir les modalités du projet de LNG.
L’autre modèle qui pourrait être considéré serait un selective bidding. Comme cela a été le cas dans le cadre du projet Metro Express, où après consultations avec le gouvernement indien, Maurice avait décidé de limiter l’exercice d’appel d’offres à deux compagnies indiennes : Afcon et Larsen & Toubro. « Il faudrait, dans ce cas précis, que le comité ministériel propose au Conseil des ministres de choisir un pays et d’engager des discussions avec le gouvernement pour qu’il recommande les compagnies les plus aptes à réaliser un projet de LNG », dit cette
même source.
Le ministre des Services publics et de l’énergie Joe Lesjongard s’est jusqu’ici montré très discret sur la réalisation de ce projet. Il a, cependant, dans une réponse donnée au Parlement, affirmé qu’un Steering Committee, composé de membres du Bureau du Premier ministre, du ministère des Finances, du CEB, de la Mauritius Ports Authority (MPA) et de l’Economic Development Board (EDB), a été institué afin de se pencher sur la source d’approvisionnement du LNG et des facilités et autres infrastructures qu’il faudra mettre en place pour l’exécution de ce projet.
Les modèles qui sont considérés pour faire du projet de LNG une réalité pourraient toutefois poser des problèmes de bonne gouvernance, s’inquiète Patrick Assirvaden. Le député du PTr appréhende « un manque de transparence ». « Le système de procurement que compte adopter le gouvernement notamment le G-to-G Agreement est pour moi un Emergency Procurement déguisé, ce qui va, à coup sûr, occasionner une opacité totale », déclare-t-il au Défi Quotidien.
« Selon mes informations, ce projet nécessitera un investissement de Rs 12 milliards. C’est tout un écosystème qui devra être créé autour de ce projet qui comprend la construction d’une centrale et d’un centre de stockage, entre autres. Il est important que le ministre Joe Lesjongard communique sur ce projet, car il ne peut se contenter de se cacher derrière des généralités », déclare-t-il.
Le député rouge demande que le rapport de faisabilité commandité par Ivan Collendavelloo soit rendu public. « Le rapport avait conclu que Maurice ne disposait pas de la masse critique nécessaire pour réaliser un tel projet. Il faut que le rapport soit rendu public pour mieux éclairer la population mauricienne », dit Patrick Assirvaden.
Un projet « zigzag »
La réalisation du projet de LNG n’a pas été de tout repos. Initié sous le mandat de l’ex-ministre Ivan Collendavelloo, il a tout au long de son mandat dû batailler ferme contre plusieurs membres de l’Hôtel du gouvernement qui ont émis des réserves. Ivan Collendavelloo a par la suite essuyé un sérieux revers lorsque le gouvernement a finalement décidé de donner l’autorisation à l’EDB de superviser le projet. En 2022, le projet est de nouveau passé sous la tutelle du ministère des Services publics et de l’énergie, mais est tout de même suivi à la loupe par le Prime Minister’s office.
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