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Elizabethville à Baie-du-Tombeau : une famille contrainte de vivre dans des conditions lamentables

Une famille se plaint de vivre dans un environnement où règne l’insalubrité. Elle reproche au propriétaire des lieux et aussi les autorités de ne pas faire le nécessaire pour elle. Le proprio se défend et  lui  reproche un manque de coopération.

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Pamela, la quarantaine, occupe trois petites pièces dans un bâtiment abritant cinq familles au rez-de-chaussée et trois autres au premier niveau. Le loyer varie entre Rs 1 500 et Rs 1 800. La quadragénaire se plaint d’un problème sanitaire : toutes les familles ne disposent pas de toilettes, sauf deux d’entre elles, affirme-t-elle.

Ce bâtiment était autrefois une usine où l’on effectuait un commerce d’éponge avant de devenir une ébénisterie, selon Pamela. Le propriétaire des lieux, Ibrahim (69 ans) dément cette affirmation.

« Ce bâtiment existe depuis vingt ans. Il m’appartient et il a toujours été un bâtiment résidentiel. Je l’ai toujours loué et c’est un des locataires qui avait transformé la partie qu’elle louait en une petite usine. Mais le bâtiment dans sa forme n’a jamais été conçu pour être une usine. »

Comment se fait-il qu’il loue un appartement à plusieurs familles sans que chacune ne dispose de ses propres toilettes ? Ibrahim répond que tout cela est dû à un manque de coopération. « Les autorités ont déjà installé un point de connexion. Il suffit maintenant que chaque famille fasse une demande pour être connectée au réseau, tout comme chacune a été invitée à avoir sa propre connexion d’eau. Mais elles ne l’ont pas fait. Elles ne veulent qu’avoir recours aux deux toilettes qui existent. »

Mais qui  doit effectuer les démarches pour l’installation des toilettes, le propriétaire ou le locataire ? « Auparavant, chaque famille disposait de ses propres toilettes. Mais il y a des locataires qui n’ont pas voulu me payer. Quand je les ai poursuivis, ils sont partis en saccageant tout, les dispositions sanitaires, vitres, etc. Quand d’autres locataires sont arrivés, je leur ai dit que j’allais faire réparer tous les dégâts à condition qu’ils coopèrent. Mais cela n’a pas été le cas. Ils se sont contentés d’utiliser les toilettes de leurs proches », explique le propriétaire.  Il ajoute qu’il est disposé à entreprendre les démarches pour que toutes les familles soient connectées au réseau du tout-à-l’égout, mais à condition qu’elles coopèrent sur le plan financier car il y a des frais  à payer.

« Tout est une question de volonté et de coopération. Savez-vous que la moitié des locataires me doivent toujours l’argent du loyer ? Par le passé, une locataire me devait jusqu’à Rs 125 000. Elle a commencé à me rembourser,  mais par la suite elle est décédée. J’ai l’impression que les locataires veulent disposer de toutes les facilités, mais en même temps, ils ne veulent pas s’acquitter du loyer. Cela dit, une des locataires (Pamela) a entrepris des démarches et, aujourd’hui, elle dispose de ses propres toilettes et est connectée au réseau du tout-à-l’égout. Les autres locataires devraient  suivre son exemple », répond Ibrahim.

Les rats du drain à l’eau stagnante

Pamela affirme qu’elle a dépensé environ Rs 60 000, uniquement en matériaux, pour disposer de ses propres toilettes. Mais quand elle a demandé au propriétaire de déduire cette somme de la location, ce dernier n’a pas accepté cette proposition. « Mais de quelles Rs 60 000 parle-t-elle. Comment peut-elle prétendre avoir dépensé autant ? » s’interroge Ibrahim. Pamela répond qu’elle a investi dans les matériaux et la main-d’œuvre.

La dame se plaint aussi d’un canal rempli d’une eau stagnante qui longe le coin où elle habite.  ‘Regardez ça. C’est une eau pourrie et qui reste stagnante. Cela nous cause beaucoup de tort, avec tout son lot de moustiques, vecteurs de maladies.

« Pendant notre conversation, un gros rat  est sorti du canal et s’est infiltré dans un espace vide. Pamela avance que c’est son lot quotidien. Je dois barricader la porte, mais malgré cela, les rats envahissent ma cuisine. C’est dégoûtant ! Tous les matins, il faut tout laver. »

Le toit qui s’effrite

Le propriétaire des lieux insiste que ces problèmes d’hygiène à Elizabethville sont en grande partie attribuable à  l’inertie des autorités concernées qui n’ont pas trouvé une solution pour faire évacuer cette eau stagnante. « Oui, je reconnais que le lieu est infesté de rats, mais ce drain relève de la responsabilité des autorités. C’est à elles de voir comment faire évacuer cette eau pourrie. C’est à cause de cette eau qu’initialement, nous n’avons pas pu creuser des pissoires », déclare-t-il.

Pamela dit qu’un ministre (elle ne sait pas lequel exactement) est déjà venu sur les lieux accompagné de sanitaires. « Ils ont tout constaté de visu. Depuis, il n’y a eu aucundéveloppement », déplore-t-elle.

Pamela pointe aussi du doigt le toit qui s’effrite et qui laisse filtrer l’eau pluviale. Elle nous montre des photos où le sol est recouvert d’eau. Dans un autre bâtiment, qui appartient toujours à Ibrahim, habitent deux familles, l’une au rez-de-chaussée et l’autre au premier étage. Le crépissage tombe, craque et l’on peut maintenant voir toutes les barres de fer à l’intérieur. Le toit ne représente-t-il pas un danger pour les occupants ? Le propriétaire compte-t-il le réparer ?

« En fait, j’offre des matériaux quand il y a un problème avec la construction. Ce problème que vous mentionnez ne concerne que la maison de deux locataires. L’occupant, qui est maçon, m’a dit qu’il allait s’en occuper lui-même, matériaux et tout, et que je devrais déduire la totalité des dépenses sur le montant du loyer. Je lui ai donné mon accord », répond Ibrahim.

Le propriétaire insiste que la situation dans laquelle ses locataires se trouvent  pourrait être évitée s’ils n’agissaient pas comme ils le font actuellement, c’est-à-dire prendre des décisions de faire des aménagements sans consultation préalable. « Un locataire n’a pas le droit de modifier la construction. Et puis quand il y a des problèmes, ils se plaignent », dit-il.

Que pense le conseil de district de Pamplemousses de toute cette affaire ? Nous avons sollicité le président du conseil et attendons une réaction. La rédaction a aussi  recherché une réaction du ministère du Logement et des Terres . « On regrette que le ministère du Logement et des Terres ne puisse intervenir pour les raisons suivantes : l’aide financière pour le coulage de la dalle concerne un logement complet ne dépassant pas les 150 m², alors que dans ce cas précis, il est question d’une « usine qui a été transformée en logis », nous a-t-on répondu. Comme mentionné plus haut, le propriétaire récuse l’affirmation que le bâtiment abritait autrefois une usine.

  • LDMG

 

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