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Le Premier ministre, le Dr Navin Ramgoolam, a rencontré des professionnels mauriciens à Addis-Abeba, en Éthiopie, le dimanche 16 février. Il a exprimé son intention d’accorder le droit de vote à la diaspora mauricienne. C’est la première fois qu’un chef du gouvernement mauricien évoque ouvertement cette possibilité.
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Kovilen Narsinghen, président de la Mauritius Global Diaspora, a réagi à cette annonce. « C’est la première fois en tant que Premier ministre que le Dr N. Ramgoolam a évoqué sa volonté d’accorder le droit de vote à la diaspora. Il l’a dit depuis 2020 durant les débats que nous avions organisés au niveau de la Global Mauritius Diaspora. Nous sommes très favorables à ce que la diaspora participe aux élections. »
Dans le passé, les chefs de gouvernement étaient réfractaires à l’idée d’accorder ce droit aux Mauriciens qui sont à l’étranger. L’ex-Premier ministre Pravind Jugnauth, qui avait déjà été interrogé à ce sujet à l’Assemblée nationale, s’était exprimé contre l’idée, tout comme sir Anerood Jugnauth avant lui.
Si l’idée est accueillie positivement, sa mise en place nécessitera une réflexion approfondie. « Ce n’est pas simple, car il faut un cadre légal. Cette mesure a une implication sur la Constitution et sur la Representation of the People Act. Il faut voir comment mettre en place cette mesure. »
Kovilen Narsinghen fait ressortir qu’il a déjà évoqué le sujet avec Paul Bérenger et Ashok Subron en tant que président de la Mauritius Global Diaspora.
Plusieurs centaines de milliers de Mauriciens
La diaspora mauricienne est principalement installée en France, en Angleterre et en Australie, mais également dans d’autres pays comme le Canada, l’Allemagne et la Belgique. Il y a 300 000 à 400 000 Mauriciens qui composent cette diaspora, y compris les enfants nés de parents mauriciens.
Pour définir les modalités du vote, un recensement sera nécessaire.
Les Mauriciens à l’étranger réclament de plus en plus leur place dans le processus démocratique. Une association, le Mouvement solidarité mauricienne, à Paris, avait d’ailleurs envisagé de porter plainte devant la Cour suprême contre le gouvernement.
Son président, Mario Peertum, a expliqué récemment au Défi Quotidien que la demande du droit de vote pour les Mauriciens de l’étranger date de 1996. « Depuis près de trente ans, je milite pour que les Mauriciens qui vivent à l’étranger puissent exercer leur droit de vote. C’est une revendication qui, j’espère, aboutira sous l’impulsion du Premier ministre, Navin Ramgoolam. »
Quelques semaines avant les élections générales, Navin Ramgoolam, leader de l’Alliance du changement, avait été interrogé par Radio 230 à Paris, sur le vote de la diaspora. « Lontan pa ti les diaspora vote pou enn rezon. Kan zot vote ti bizin al vot dan lanbasad. Kan zot vot dan lanbasad ti kapav kokin zot vot. Zordi ena Bangladeshi vote, me Morisien pa pe kapav. Kan nou vini nou pou sanz sa me selma bizin get byen. Fodre pa enn dimounn inn res 50 an deor. Fodre li ena enn koneksyon avek Moris. Lerla li pou ena so mo a dir », avait-il expliqué.
L’idée d’un député représentant les Mauriciens de l’étranger a été évoquée par certains. « Un député pour la diaspora n’est pas négligeable comme option. C’est un peu comme ce qui se fait en France. Nous avons compris que Paul Bérenger est en faveur. Il est bon d’impliquer la diaspora dans le processus des élections mauriciennes », avance Kovilen Narsinghen.
La question du droit de vote pour la diaspora mauricienne est ainsi un sujet de discussion depuis plusieurs décennies. À plusieurs reprises, des partis politiques et des organisations ont soulevé cette question, sans qu’elle ne se concrétise. Certains estiment que la diaspora, bien que vivant hors du territoire national, joue un rôle économique et culturel important et devrait donc avoir son mot à dire dans les affaires du pays.
Plusieurs pays permettent déjà à leurs citoyens vivant à l’étranger de voter. La France, par exemple, a des députés dédiés à sa diaspora et organise des élections consulaires. L’Italie, le Portugal et le Cap-Vert offrent également des sièges parlementaires à leurs expatriés. D’autres pays, comme l’Inde et le Brésil, permettent à leurs citoyens à l’étranger de voter sous certaines conditions.
En Inde, le droit de vote pour les citoyens vivant à l’étranger a été introduit en 2010, mais avec des restrictions. Seuls les citoyens indiens détenant un passeport valide et n’ayant pas acquis une autre nationalité peuvent voter. Cependant, le vote doit se faire en personne dans leur circonscription en Inde, ce qui limite considérablement la participation des expatriés.
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