Eïd-Ul-Fitr : des retrouvailles familiales en toute humilité 

En ce mardi 3 mai, la communauté musulmane célèbre Eïd-Ul-Fitr, marquant la fin d’un mois de jeûne et de sacrifices. Après deux années difficiles à cause de la pandémie, place aux retrouvailles en famille.   

Pour les Mauriciens de foi musulmane, la fête Eïd-Ul-Fitr, ce mardi 3 mai, est célébrée sous le signe des retrouvailles. Durant deux années consécutives, les célébrations se sont faites en nombre restreint et en petit comité, les grandes familles se retrouvant pénalisées.

« Eïd-Ul-Fitr sera un moment de réjouissance pour beaucoup mais aussi de tristesse pour ceux qui ont perdu leurs proches pendant la pandémie. Les dévots pourront non seulement retrouver leurs familles pour célébrer mais aussi se rendre à la mosquée », explique l’imam Arshad Joomun. Pour favoriser ce temps de prière en communauté, plusieurs mosquées ont écourté la prière et le sermon du matin, passant de 30 minutes à 15 à 20 minutes. L’objectif étant de permettre à un maximum de personnes de se rendre à la mosquée en ce jour de fête.

Avant le « namaz eid », première prière du matin, les dévots se doivent d’effectuer le « fitrah », en offrant une somme qui servira de don aux démunis. 

« Avec cette somme, certains achètent des provisions et aliments alors que d’autres se tournent vers des associations. La distribution se fait après la prière », souligne l’imam Arshad Joomun.

Après la prière du matin, les dévots prennent un bain appelé « ghusal ». Ils doivent se couper les ongles, se raser, porter des habits neufs et se parfumer pour l’occasion avant de se mettre en route pour la mosquée. Sur place, le jeûne est brisé avec des gâteaux. « Ils doivent prendre une route différente au retour. La sortie de la mosquée sera aussi un moment de joie et de partage avec ceux présents », avance l’imam.  

De retour à la maison, les hommes retrouvent leurs familles autour d’accolades, de vermicelle et d’un verre d’alouda. Le déjeuner en famille se fait le plus souvent avec un briyani pour ceux qui privilégient la tradition. « Les célébrations se poursuivent en journée et en soirée avec des échanges de cadeaux et de gâteaux symbolisant l’amitié et le partage », ajoute l’imam Arshad Joomun. 

Selon lui, ce jour-là, il est aussi important de partager de la nourriture avec ses voisins de toutes communautés confondues qui n’ont pas les moyens de se nourrir. Car malgré les retrouvailles joyeuses, le message de cette année reste l’humilité. 

« Il ne faut pas oublier ceux qui sont dans la peine. Nous recommandons ainsi de cultiver les valeurs de ce mois de Ramadan. Continuez à mettre Dieu au centre de votre vie. Célébrez dans la joie mais sans extravagance et ne gaspillez pas la nourriture. Privilégiez des cadeaux peu coûteux. »

Neelza Bibi Neeyamuthkhan Lagha : « Soulagée de pouvoir fêter tous ensemble »

Cette année, contrairement aux deux précédentes, Neelza Bibi Neeyamuthkhan Lagha, 33 ans, sera entourée de ses sœurs et de leurs familles respectives pour célébrer Eïd-Ul-Fitr. 

« C’est un vrai soulagement de pouvoir enfin fêter Eid comme il se doit, tous ensemble, unis et en harmonie. J’ai toutefois une pensée pour toutes les familles qui ont perdu un proche pendant le Ramadan », dit cette mère d’un garçonnet de 4 ans.

Chaque année, fait savoir l’habitante de Vallée-des-Prêtres, c’est la tradition qui prime. Elle explique que pendant que les hommes se rendent à la mosquée, elle prépare du vermicelle au lait avec des amandes et des raisins avec l’aide de sa mère. Parée de son plus bel habit, un « abaya » de Dubaï, la trentenaire dit avoir commandé des petites gourmandises qu’elle partagera avec ses proches : tartes à la banane, puits d’amour, barfis et autres. Des gâteaux faits maison ont également été préparés. « La famille passera chez nous pour faire ‘salaam’ et les petits auront une enveloppe qu’on appelle ‘eidi’. » 

Naheed Romaldo : « Nous accueillons la famille pour le dîner »

Ce mardi, les Romaldo retrouvent la famille au complet, les restrictions ayant été allégées. « Ces deux années ont été difficiles, avec l’impossibilité d’assister au ‘taraweeh’ à la mosquée et l’obligation de faire le ‘namaz’ à la maison. Nous ne pouvions pas non plus aider les nécessiteux comme il le faut. Et nous devions souhaiter Eid Mubarak à la famille en ligne ou au téléphone », dit Naheed Romaldo, 31 ans.

Les préparatifs vont bon train chez les Romaldo depuis une semaine : nettoyage de la maison, achat de nouveaux habits et préparation des meilleurs plats. « Nous ferons des échanges de cadeaux pour les petits, nous aurons des gâteaux à partager, ainsi que les fameux vermicelles et l’application du ‘mehendi’, entre autres », souligne cet employé du secteur des assurances, père d’une fillette de 4 ans.

Naheed Romaldo et sa famille iront déjeuner chez une tante comme chaque année. « Nous accueillons la famille chez nous pour le dîner avec un bon briyani comme le veut la tradition. »

Il confie que le Ramadan a été l’occasion pour sa famille et lui de se recentrer sur leurs priorités. 

« Nous nous sommes concentrés davantage sur la spiritualité, l’écoute des versets du Coran, le partage et surtout vivre dans la simplicité. »