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Education : la violence s’introduit en milieu scolaire 

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En quatre jours, deux agressions ont été perpétrées dans des établissements scolaires. Dans les deux cas, des parents d’élèves ont agressé les profs. Syndicats et pédagogues tirent la sonnette d’alarme : le situation s’envenime.    

Arvind Bhojun enseigne au secondaire. Il est d’avis que la question d’indiscipline et d’insécurité dans certaines écoles ne date pas d’hier. La gravité de la violence à laquelle font face les enseignants est sans précédent, surtout avec quand on voit que des parents ne font preuve d’aucune retenue non plus. Il appelle donc à une révision des mesures afin de mieux traiter les cas d’indiscipline à l’école.

Vishal Baujeet, président de la Government Teachers’ Union.
Vishal Baujeet, président de la Government Teachers’ Union.

« Certaines mesures efficaces avaient su faire leurs preuves au fil du temps. Aujourd’hui, elles sont appelées à être mises à jour pour s’aligner sur l’évolution mondiale, surtout avec une population estudiantine plus tournée vers la technologie et le manque de compréhension et de reconnaissance de certains parents en ce qu’il s’agit de notre mission de ramener les enfants sur la bonne voie. Ceci dit, l’indiscipline devient de plus en plus inquiétante et affecte de plus en plus les enseignants. Les mesures du passé ne suffisent plus », lâche-t-il.   

Commentant les récentes agressions commises par des parents sur les enseignants, Vishal Baujeet, président de la Government Teachers’ Union (GTU), affirme que les profs craignent pour leur sécurité au travail. « En temps normal, les parents n’ont pas accès à la cour de l’école en raison des dérapages survenus précédemment. Mais cette règle n’est pas respectée dans tous les établissements. Cela revient au responsable de l’établissement. Quand on envoie son enfant à l’école, il faut respecter l’éthique. Aussi, il y a une relation de confiance qui se crée entre l’enseignant et le parent. Il faut aussi la respecter. Après tout, les enseignants sont là pour encadrer l’enfant et dispenser l’éducation voulue pour former le citoyen de demain. Ce genre d’incidents a malheureusement un impact sur le moral des enseignants ».   

Basheer Taleb, président de la Federation of Unions of Managers.
Basheer Taleb, président de la Federation of Unions of Managers.

Basheer Taleb, président de la Federation of Unions of Managers, abonde dans le même sens. Il déplore « cette violence injustifiée ». « Nous avons été témoins de ces débordements émotionnels dans les écoles. Mais il faut se rappeler que chaque enseignant et chaque maître d’école sont eux aussi des parents. Certes, savoir que son enfant a été malmené à l’école provoque une certaine colère, mais il y a une limite aux débordements émotionnels. Il faut gérer la situation avec calme car en soi ; aucun enseignant ne veut du mal à son élève. Il y a deux versions de chaque histoire », dit-il.   

Ibrahim Koodoruth : « Aujourd’hui, l’enfant est roi… »

Ibrahim Koodoruth

Le sociologue, quant à lui, attribue le comportement des parents d’élèves envers le personnel enseignant à une rupture et à des lacunes dans le médium de communication entre les deux parties. « Les griefs des parents, les reproches ainsi que les méthodes employées par les enseignants ne sont pas transmis de manière efficace. Cela créait une certaine frustration qui débouche souvent sur une agression », dit Ibrahim Koodoruth.   

Pourquoi avoir recours à la violence ? « Ce comportement démontre simplement à quel point le parent est émotionnellement attaché à son enfant. En d’autres mots : l’enfant est roi. À partir de là, le parent se laisse emporter par ses émotions, et cela, malgré les regrets qui suivront. Ses actions impulsives ne sont pas forcément en ligne avec la loi », ajoute le sociologue.  

Pour rétablir la relation parent-enseignant et éradiquer ce type de comportement ; Ibrahim Koodoruth recommande une orientation avec la participation des parents. « Cet atelier, organisé dès l’admission de l’enfant, permettra aux parents de prendre connaissance des attentes de l’institution envers les enfants et vice versa. Renouveler cette orientation à chaque rentrée et fin de trimestre va aussi permettre aux parents de comprendre les rouages de l’enseignement de leurs enfants », est-il d’avis. 

Les suggestions des syndicats : des ateliers de discussions et un service de gardiennage recommandés

Pour le pédagogue Arvind Bhojun, les parents ont leur part de responsabilité  concernant l’indiscipline qui ronge le système scolaire. Il propose ainsi l’intégration des parents dans le traitement de ces cas d’indiscipline « pour de meilleurs résultats ». « Les professeurs sont déjà vulnérables face aux comportements violents de certains étudiants qui sont accentués avec l’accès à la technologie. Par ailleurs, nous constatons que certains parents fuient leurs responsabilités. Aujourd’hui avec un enseignement mettant l’accent sur la force psychologique, nous avons également besoin de la collaboration des parents. Pour ce faire, il est souhaitable que les parents rejoignent les sessions de discussions avec les enseignants et l’administration de l’établissement afin de travailler dans la même direction pour mieux encadrer les enfants dans le milieu scolaire ainsi qu’en société. Ceci permettra une meilleure entente entre les deux parties », dit-il.     

Vishal Baujeet rappelle les recommandations de son prédécesseur, Vinod Seegum, liées aux soucis de sécurité des enseignants dans les écoles. « Dans le passé, la GTU avait milité pour qu’il y ait des vigiles dans les écoles - où des agressions ont été commises -, pour assurer la sécurité des enseignants, mais également celle des élèves », fait-il ressortir. 

Vu la gravité de la situation, le président indique que la GTU fera de nouveau appel au ministère de l’Éducation pour revoir la demande concernant le service de gardiennage dans tous les établissements scolaires. « Le but, c’est de recréer une atmosphère saine et de réinstaurer la confiance auprès des enseignants. Cela va rassurer les parents et créer une autre image de l’école où l’accès y est contrôlé. Il serait aussi idéal que toute conversation entre un parent et un enseignant se fasse en présence du chef d’établissement ».   

Le président de la Federation of Unions of Managers propose un système de gardiennage pour contrôler l’entrée et la sortie de l’école afin d’éviter des dérapages. Par ailleurs, Basheer Taleb met l’accent sur l’importance de la rééducation des parents. « Ils sont des acteurs primordiaux dans l’éducation des enfants. Par conséquent, tout débordement émotionnel de leur part aura un impact direct sur l’enfant », conclut-il.

 

 

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