L’arrêt du programme de méthadone a bouleversé le programme de réduction des risques lancé en 2006. Le point avec Kunal Naik, chargé de plaidoyer du Collectif urgence toxida (CUT), dans le cadre de la Journée contre l’abus et le trafic de la drogue, qui a été observé le 26 juin.
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Après des résultats probants en 2006, quand le programme d’échange de seringues et celui de substitution à la méthadone ont été introduits, le VIH/Sida est de nouveau en hausse, selon Kunal Naik.
Pour lui, l’arrêt du programme de méthadone et son remplacement par la naltrexone et le subroxone ont chamboulé la machinerie de la réduction des risques (RdR). Les conséquences ne se sont pas fait attendre, selon lui, avec le nombre de nouvelles contaminations au VIH/Sida en hausse. Cela alors que de 2006 à 2014, le pourcentage de nouvelles contaminations est passé, parmi les usagers de drogues par voie intraveineuse, de 92 % à 31 %.
« Maurice était un exemple pour le monde et pour l’Afrique surtout », explique Kunal Naik. Sauf que depuis 2015, les chiffres ont de nouveau grimpé pour passer à 34 %. Cela parce que le programme de RdR était ciblé. La méthadone était distribuée dans les postes de police et un quota a été imposé dans le nombre de seringues à donner aux patients.
Selon lui, pour résoudre la problématique du fléau de la drogue à Maurice, il faut avant tout comprendre ce qu’est la dépendance dont souffrent de nombreux usagers de drogue. Cela afin de proposer une réponse appropriée au problème.
« Pour définir une solution à long terme, il faut comprendre la dépendance, afin de la prévenir et empêcher les jeunes de consommer de la drogue et de les aider à comprendre pourquoi ne pas emprunter cette route », explique-t-il.
En même temps, il soutient que ce serait une utopie de croire qu’on peut faire de Maurice un pays sans drogue. Selon lui, il y aura un produit ou un autre qui va émerger et que des gens vont consommer. « De l’alcool et la cigarette, on est passé à l’héroïne, la cocaïne et les drogues synthétiques », indique-t-il.
Kunal Naik affirme que pour combattre le fléau de la drogue, il faut aussi s’intéresser au combat contre la pauvreté et le manque de ressources auxquelles certaines personnes font face. Selon lui, le manque d’éducation et de perspectives professionnelles, tout comme le manque d’amour, peut mener à la consommation de drogue. « Si on ne résout pas tout cela, on aura des problèmes tout le temps », explique-t-il.
Pour apporter une réponse concrète au problème de la drogue, il faut éradiquer la pauvreté. « Nous devons élever le niveau de vie des personnes, afin d’avoir une stabilité dans la vie de la personne. Ainsi, la majorité ne sera pas confrontée au problème de consommation de drogue », ajoute-t-il.
Il note que la société locale est dans une phase de crise. « Il y a encore cette disparité entre les pauvres et les riches. D’un côté, il y a des salaires exorbitants et de l’autre, des salaires ne dépassant pas Rs 1 500 ». Pour lui, il est important de combattre la pauvreté en rehaussant le niveau de vie des gens.
« Quand on veut résoudre le problème de la dépendance, il faut rencontrer les personnes qui ont ce problème. Il faut avoir une approche humaine pour comprendre pourquoi la personne a eu ce problème. C’est alors qu’on peut trouver des solutions qui pourront résoudre beaucoup de choses », fait-il ressortir.
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