Le Dr Bhooshun Ramtohul est parmi les premiers à reconnaître que la situation par rapport à la COVID-19 est préoccupante. S’il fait ressortir que nous devons apprendre avec le virus, il estime qu’il y a des lacunes. Pour lui, il y a bien trop de liberté de mouvement. Sans compter le fait qu’il estime qu’il y a un relâchement au niveau du Contact Tracing.
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Des voix s’élèvent pour dire que le personnel hospitalier est surmené. Mais le ministre de la Santé a récemment dit à l’Assemblée nationale avoir pris des dispositions pour que ce ne soit pas le cas. Il a parlé de l’introduction d’un « national roster » et la mobilisation de 285 médecins additionnels, entre autres mesures. Pensez-vous qu’elles n’ont pas été efficaces au final ?
Bien sûr, le personnel hospitalier, incluant nurses, infirmiers, médecins, etc. est surmené depuis que la pandémie de COVID-19 a éclaté, en particulier depuis la deuxième vague. J’apprécie le fait que le ministère de la Santé mène des dépistages pour détecter le maximum de cas ou encore en augmentant l’effectif.
Des médecins ont été recrutés dans le service de santé publique. Ils sont absorbés dans divers départements des hôpitaux où il y avait déjà un manque de médecins, certains étant en congé maternité, d’autres en congé et d’autres encore en Vacation Leave. Ces nouveaux-venus embauchés aideront certainement à soulager le service hospitalier.
Le ministre a annoncé un changement de stratégie qui intervient à partir du 1er septembre, c’est-à-dire l’auto-isolement pour ceux positifs à la COVID-19 mais asymptomatiques. Est-ce la solution pour soulager le personnel hospitalier ?
Pour que ces changements puissent s’opérer et être efficaces, il faut une équipe mieux entraînée chargée de faire le monitoring. Sans compter la collaboration des autorités, qui seront amenées à faire des inspections plus régulièrement.
Pour plusieurs professionnels de santé, la stratégie adoptée est la même que l’année dernière. Ce dont se défend le ministre, arguant que des dépistages de masse sont désormais conduits. Qu’aurait-on pu faire de plus ?
Il faudrait augmenter l’effectif dans les hôpitaux. Ou encore mieux gérer la situation au niveau du Contact Tracing, comme cela se faisait au début de la pandémie, car je trouve qu’il y a eu un certain laisser-aller à ce niveau-là.
J’apprécie le fait que le ministère de la Santé mène des dépistages pour détecter le maximum de cas ou encore en augmentant l’effectif »
Nous avons l’impression qu’il y a d’un côté, un discours alarmiste sur la situation de la COVID-19 à Maurice, alors que les autorités insistent sur le fait que la situation est sous contrôle. Qui croire en fin de compte ?
Pour moi, la situation est alarmante. Je suis convaincu qu’il y a beaucoup plus de cas positifs et asymptomatiques parmi nous. Le virus se propage de plus de plus, suscitant la frayeur au sein de la population. La seule chose réconfortante est que le ministère s’active à faire vacciner un grand nombre de personnes de la population.
La réouverture totale des frontières est prévue le 1er septembre 2021. À quel point le service hospitalier est-il prêt, notamment en matière d’équipements, d’autant qu’il y a la crainte du variant Delta ?
Il sera malheureusement impossible d’empêcher le variant Delta d’entrer sur le territoire mauricien avec la réouverture totale des frontières. Cependant, je trouve qu’il y a bien trop de liberté de mouvement. Je lance un appel à la population pour que chacun fasse son devoir en étant plus vigilant et en suivant scrupuleusement les consignes sanitaires.
Il faut continuer de maintenir une distanciation sociale, se laver les mains régulièrement et surtout se faire vacciner si possible. Si le virus se propage autant, la population ne doit pas faire porter le chapeau au service de santé, car il y va de la responsabilité de tout un chacun de prévenir la propagation de la COVID-19.
Les pénitenciers et les écoles ont enregistré beaucoup de cas positifs ces derniers temps. Ils semblent en passe de devenir de nouveaux foyers épidémiques. Comment l’expliquer, selon vous ?
Le ministre doit revoir son stock d’équipements médicaux et le nombre approprié de vaccins. Il doit se préparer à faire face à toute éventualité. Par-là, j’entends une pénurie. Cela aidera à faciliter le travail du personnel soignant. Le ministère mène un combat contre ce virus, mais cela concerne tout autant la population. Nous devons tous apprendre à vivre avec la COVID-19.
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