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Dorénavant sous le contrôle effectif de ENL Land & Rogers : Beachcomber ou le géant aux pieds d’argile

Les résultats du géant hôtelier ont été affectés par des dépenses non renouvelables de Rs 234 millions.

Endetté à hauteur de plus de Rs 17 milliards, l’état de santé financière de New Mauritius Hotels alimentait les rumeurs dans le monde des affaires ces temps-ci. D’ailleurs, le fleuron de l’industrie hôtelière se retrouve aujourd’hui sous le contrôle effectif de ENL Land & Rogers. Comment le groupe est-il en arrivé là ?

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Incorporé il y a 52 ans, le groupe NMH compte plusieurs établissements dont Royal Palm, Dinarobin, Paradis, Trou-aux-Biches, Shandrani et Victoria à Maurice, Ste Anne aux Seychelles et Royal Palm à Marrakech. Employant près de 5 000 personnes, le groupe compte plus de 7 000 actionnaires. Une vraie ‘success story’, qui ne va, toutefois, pas durer.
En décembre dernier, NMH annonce des pertes attribuables d’environ Rs 1 milliard contre des profits nets de Rs 141,4 millions pour la précédente année, malgré une hausse de 5 % des revenus pour atteindre Rs 9,6 milliards et une bonne performance au niveau domestique.

Des pertes principalement attribuées aux opérations en Afrique du Nord et en France, où les attaques terroristes ont mis l’industrie hôtelière en difficulté.

En outre, les résultats du géant hôtelier ont été affectés par des dépenses non renouvelables de Rs 234 millions. Elles ont été principalement la fraude électronique de Rs 115 millions, des coûts liés à la conversion et à la création d’une nouvelle image de la marque de Rs 44 millions et des frais de restructuration de Rs 75 millions.

La FSC se penche sur le cas de NMH

Selon différentes sources concordantes, la Financial Services Commission (FSC) se penche actuellement sur le cas de New Mauritius Hotels (NMH) en Bourse. La commission souhaite savoir si les pratiques du groupe hôtelier sont dans l’intérêt de ses actionnaires à la SEM. La FSC n’a pas souhaité commenter l’affaire, qualifiant le dossier de confidentiel.

Objectif : réduire le taux d’endettement

Pour sortir de cette situation, NMH va prendre une série d’initiatives. Ainsi, en novembre dernier, le groupe annonce la signature d’une convention d’actionnaires et de contrats de participation avec Leisure Property Northern (Mauritius) Limited (LPNM), une filiale en propriété exclusive de Mara Delta Property par rapport à Beachcomber Hospitality Investments Ltd (BHI).

Conformément à ce protocole, NMH procède à un transfert des établissements Victoria Beachcomber, Canonnier Beach et Mauricia Beachomber à BHI pour la somme de 162,5 millions d’euros (environ Rs 6,5 milliards). Cette dernière sera financée par des capitaux propres et par des prêts rémunérés de 31,5 millions d’euros (environ Rs 1,26 milliard) par LPNM et de 62,5 millions d’euros (environ Rs 2 milliards) par NMH. LPNM a aussi droit à une avance de prêt d’actionnaire de 18,5 millions d’euros (environ Rs 740 millions) à BHI. Ce dernier finalisait la facilité de crédit bancaire à long terme de 50 millions d’euros (environ Rs 2 milliards)

Le groupe NMH détiendra alors 55,58 % de l’actionnariat de BHI et les autres 44,42 % seront détenus par LPNM. Il aura aussi une option d’achat sur les parts de LPNM à l’avenir. Le groupe mettra aussi en œuvre un bail à long terme avec BHI sur les avoirs d’une équivalence au montant des loyers de 7,5 % de la valeur des avoirs.

 

Les avis des courtiers

Selon un observateur avisé de la Bourse qui souhaite garder l’anonymat, c’est notamment l’investissement de NMH au Maroc qui lui porte aujourd’hui préjudice. Selon cet observateur avisé, ce marché est « un gouffre financier » pour le groupe hôtelier. Notre interlocuteur regrette également que contrairement à Lux* Resort, qui a nommé Paul Jones comme Chief Executive Officer (CEO), NMH n’a pas réussi à embaucher un homme providentiel pour redresser la barre.

De son côté, un courtier en Bourse, qui souhaite également garder l’anonymat, se demande comment malgré ses pertes et son endettement, le prix de l’action de NMH ne baisse pas, mais gagne en valeur. « Le problème fondamental, c’est le Maroc. On ignore comment est allouée la dette sur ce marché. NMH ne parle plus de la vente de ses villas au Maroc et cela pourrait signifier que le groupe n’en vend plus », commente ce courtier.

C’est ainsi que le groupe compte recevoir 100 millions d’euros (environ Rs 4 milliards) en cash et réduire son niveau d’endettement. Il a aussi entamé des discussions avec ses créanciers pour refinancer ses titres d’emprunt actuels avec l’objectif de réduire les charges financières et les remboursements.

Intervention du groupe ENL

Entretemps, les choses ont évolué. Jeudi, ENL Land et Rogers annoncent qu’ils augmentent leur participation dans New Mauritius Hotels (NMH) à 30,02 %. Avec désormais plus d’un tiers des actifs, les deux sociétés feront aussi une offre obligatoire sur d’autres titres.

Les deux entités d’ENL ont acquis respectivement 253 955 et 461 045 d’actions ordinaires du premier groupe hôtelier mauricien à Rs 21 par action, son prix du jour. À l’issue de cette opération, elles détiennent quelque 145 millions de parts dans NMH, soit 30,019 % des droits de vote attachés aux actions ordinaires. Selon les Takeover Rules, ENL Land & Rogers prennent le contrôle effectif de NMH. Vers le 20 février prochain, elles feront une offre obligatoire aux autres actionnaires pour acquérir toutes les actions avec un droit de vote qu’elles ne détiennent pas. Les conseils d’administration de deux filiales tiennent à souligner qu’elles ont les ressources financières suffisantes pour satisfaire l’acceptation de la présente offre. Elles affirment aussi qu’il n’y a aucun accord entre elles et avec NMH par rapport aux titres.

Déjà en février 2016, ces deux mêmes sociétés d’ENL avaient acquis 5,82 % du capital du groupe hôtelier pour passer à 29,87 % de l’actionnariat. Lors de cette précédente acquisition, Hector Espitalier-Noël, CEO du groupe ENL, avait affiché la confiance quant à l’avenir de NMH. « Nous mènerons le groupe vers de nouveaux sommets de réussite », avait-il affirmé.

Dans le dernier numéro de Beachcomber News, Gilbert Espitalier-Noël, Chief Executive Officer, et Pauline Seeyave, Chief Financial Officer, passent en revue la performance pour les 12 mois se terminant au 30 septembre 2016, et s’expliquent sur les perspectives pour l’année en cours et les mesures à venir pour les opérations hôtelières de Marrakech.

Gilbert Espitalier-Noël : «Nous finalisons un nouveau business model»

« Nous avons démarré un travail difficile, mais essentiel à Marrakech afin de réduire les pertes conséquentes que nous enregistrons sur l’hôtel. Actuellement, nous finalisons un nouveau ‘business model’ pour cette opération et nous annoncerons des changements majeurs bientôt. Ces différentes initiatives ont engendré des ‘one-offcosts’ importants qui ont impacté négativement les comptes du Groupe.»

Pauline Seeyave : « Financièrement, nous allons dans une bonne direction »

« Le taux d’occupation pour le premier trimestre est très encourageant et tout semble indiquer que nous atteindrons le budget. Les opérations au Marrakech montrent des signes d’amélioration, mais les chiffres restent modestes. Le taux de change de l’euro et de la livre sterling me préoccupe un peu. Avec l’assainissement de la dette et les opérations à Maurice, qui se portent très bien, je pense que nous allons dans une bonne direction financièrement. »

 (Ndlr : Nous avons sollicité la direction du groupe pour commenter sur la situation financière de Beachcomber Resorts & Hotels. Les principaux interlocuteurs sont en mission à l’étranger. Nous reviendrons avec un autre article à l’avenir quand la direction aura répondu aux questions.)


Beachcomber se donne quatre ans pour réduire l’endettement

La pression a été grandissante sur les finances du groupe.

Au terme de son année financière 2014-2015, en se basant sur son rapport annuel pour la période, le groupe hôtelier Beachcomber a accumulé des dettes de Rs 17,26 milliards sous de multiples formes – découverts bancaires, emprunts en roupies et devises étrangères, crédit-bail et obligations. L’objectif de la direction, énoncée fin décembre 2016, est de ramener la dette à de plus justes proportions d’ici 2020.

Le groupe est entré dans une phase importante concernant ses emprunts auprès des institutions financières, selon le dernier rapport annuel disponible sur son site. En effet, il est dit dans ce document que plus de 50 % de ces emprunts devront être remboursées avant 2020. « Notre intention est de réduire considérablement la dette du groupe sur une période de quatre ans », tient à souligner Gilbert Espitalier-Noël, Chief Executive Officer du groupe.

Avant d’aller plus loin, il est bon de savoir que ce niveau - ratio d’endettement/capitaux propres de 120 % au 30 septembre 2015 -,  a été atteint suite à deux projets d’envergure dans lequel le groupe s’est engagé. En premier, on retrouve celui de Marrakech où se dressent, entre autres, hôtel et parcours de golf. Par la suite, le groupe a construit le Trou-aux-Biches Beachcomber. Alors que les activités mauriciennes sont profitables, celles du Maroc se sont compliquées dans le temps, surtout avec l’instabilité dans cette région du monde, un élément qui fait fuir touristes et acheteurs potentiels.

La pression a été grandissante sur les finances du groupe. Ce qui a nécessité des décisions majeures qui se reflètent dans le bilan financier 2015-2016. Tenant compte « des difficultés persistantes des opérations marocaines » le conseil d’administration a adopté une position prudente « à l’égard de la valeur comptable de l’investissement immobilier et hôtelier ». Ainsi, des provisions importantes ont été ajoutées au bilan financier, dont Rs 277 millions pour le groupe et Rs 2,27 milliards pour la compagnie.

La formule choisie pour désendetter le groupe et lui permettre d’investir dans la rénovation et payer des dividendes, c’est la création de Beachcomber Hospitality Investments Limited (BHI). Au sein de ce véhicule financier, le groupe a placé trois de ses hôtels – Victoria Beachcomber, Mauricia Beachcomber et Canonnier Beachcomber – avec, à la clé, un accord de sale and lease back. BHI possède également des terres à Rivière-Noire.

« L’aboutissement de cette initiative stratégique ramènera 100 millions d’euros au sein de la compagnie NMH, qui servira à rembourser la dette et baisser les frais financiers. Cela permettra également une restructuration de nos obligations financières. Nous nous sommes engagés dans des négociations avec nos banquiers et partenaires financiers et cette initiative progresse bien », explique Pauline Seeyave, Chief Financial officer du groupe.

Des premières obligations multidevises bientôt à maturation

En 2015, NMH a émis à des tiers des billets multidevises de premiers rangs à taux fixes et variables, soit 96 140. Des obligations en euro arriveront à maturité en juillet prochain alors que celles en roupies le seront au cours du même mois, mais en 2018 et 2019 respectivement. Le groupe a ainsi émis avec succès des parts privilégiées et des obligations pour une somme totale de Rs 2,6 milliards.

Évolution du cours de NMH

Date Prix Ouverture En Hausse En baisse Volume Changement
Janvier 2015 79 79.75 79.75 79 14.20K -0.94%
Janvier 2016 Rs 23 Rs 17,40 Rs 25,20 Rs 17,05 2,98 m 32,18%
Janvier 2017 Rs 21 Rs 18,90 Rs 21 18,85   11,41%

 

Chiffres-clés du groupe Beachcomber

Pour l’année financière se terminant au 30 septembre 2016, le groupe a enregistré une progression dans son chiffre d’affaires et revenus opérationnels. Quand on y inclut les différents éléments ayant une incidence sur le bilan, le groupe est passé de profits lors de la précédente année à des pertes en 2015/2016. Les données-clés :

  • Revenus : Rs 9,6 milliards
  • Ebitda (excluant les items non récurrents) : Rs 1,42 milliard
  • Pertes : Rs 997,7 milions
  • Actifs (bâtiments, équipements) : Rs 25,06 milliards
  • Actifs courants : Rs 7,78 milliards
  • Passifs courants (payable en moins d’un an) :Rs 8,57 milliards
  • Passifs non-courants : Rs 15,03 milliards

Les détails de l’accord : Mara Delta et NMH 18 novembre 2016

Le conseil d’administration de New Mauritius Hotels Limited lève le voile sur les modalités de l’accord avec Leisure Property Northern (Mauritius) Limited, une subsidiaire de Mara Delta Property Holdings Limited, société listée à la Bourse de Maurice et la Johannesburg Stock Exchange. Ledit accord est signé le 17 novembre. Voici les détails de cet accord qui rapportera 100 millions d’euros à NMH pour réduire son niveau d’endettement.

  • NMH transfert trois hôtels (Victoria Beachcomber, Cannonier Beachcomber et Mauricia Beachcomber) à la Beachcomber Hospitality Investments Limited. La gestion de ces établissements sera toujours la responsabilité de NMH qui, à travers un accord, louera les murs à un montant équivalent à 7,5 % de la valeur de ces actifs. La hausse dans la location sera annuelle.
  • La valeur de cette transaction est de 162,5 millions d’euros. La subsidiaire de Mara Delta apportera un montant de 31,5 millions d’euros. NMH y contribuera 62,5 millions d’euros. Qui plus est, Leisure Property Northern, en sa capacité d’actionnaire, pourra avancer une somme additionnelle de Rs 18,5 millions d’euros.
  • Au sein de la Beachcomber Hospitality Investments, il est dit que NMH détiendra 55,58 % et Mara Delta – par l’intermédiaire de sa subsidiaire – possèdera 44,42 %.
  • Entre sept ans et huit ans après l’accord, NMH pourra racheter les parts de Leisure Property Northern.

24 octobre 2016

NMH annonce avoir obtenu les autorisations nécessaires pour transférer Mauricia Beachcomber, Victoria Beachcomber et Cannonier Beachcomber et les terres que possède le groupe à Rivière-Noire à Beachcomber Hospitality Investments Limited.

17 juin 2016

Annonce de la création de Beachcomber Hospitality Investments et le transfert des hôtels et terres de Rivière-Noire.

 

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