
Le 11 juillet, le Conseil des ministres a approuvé plusieurs nominations diplomatiques majeures. Sheila Bappoo sera Haute-commissaire à New Delhi, Mireille Martin à Pretoria, et Munsoo Kurrimbaccus à Islamabad, parmi d’autres postes clés.
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Sheila Bappoo : « Je pars à New Delhi avec un engagement total »
Sheila Bappoo reprend du service. À 78 ans, l’ancienne ministre de la Sécurité sociale a été nommée Haute-commissaire de Maurice à New Delhi, une affectation à la fois stratégique et symbolique. Ce poste de diplomatie de haut niveau vise à renforcer les liens historiques et économiques entre Maurice et l’Inde, tout en affirmant la présence mauricienne dans l’architecture géopolitique de l’océan Indien.
Pour Sheila Bappoo, cette mission marque une nouvelle étape dans un parcours public déjà bien rempli. « Je l’accueille avec la plus grande fierté. Servir son pays ne connaît ni l’âge ni la lassitude », déclare-t-elle.
Avec cinq mandats ministériels à son actif, dont aux Droits de la femme, à la Sécurité sociale et à la Solidarité nationale, Sheila Bappoo connaît les rouages de l’État et les attentes liées à sa nouvelle fonction. « C’est un nouveau challenge, certes, mais je compte l’accomplir avec droiture et intégrité », assure-t-elle.
Parmi ses priorités : le renforcement des relations bilatérales entre Port-Louis et New Delhi, mais aussi l’exploration de nouveaux partenariats, notamment dans les domaines de l’éducation, de la technologie et du développement social. Elle insiste sur l’importance de suivre de près les grands projets porteurs de retombées économiques pour Maurice : « Je n’ai pas peur. J’ai toujours agi dans l’intérêt du pays. Je pars avec un engagement total. »
Née le 16 juin 1947, Sheila Bappoo est l’une des rares femmes à avoir durablement marqué la politique mauricienne. Ancienne institutrice, elle rejoint le MMM dans les années 1970 avant d’entrer au gouvernement à partir de 1983. Elle s’est distinguée par son engagement en faveur des plus vulnérables et son style direct. En 2007, elle est décorée du titre de Grand Officer of the Order of the Star and Key of the Indian Ocean (GOSK).
Retirée de la vie politique depuis 2015, elle entame désormais un nouveau chapitre diplomatique. animée par la même volonté de servir.
Mireille Martin : « J’accueille cette nomination avec une grande humilité »
Mireille Martin, ex-ministre et journaliste de formation, représentera Maurice en Afrique du Sud. Sa nomination intervient dans un contexte de repositionnement géopolitique, où Pretoria reste un partenaire régional majeur tant sur le plan commercial que diplomatique. Elle devra composer avec les réalités d’un continent en mutation, tout en veillant à défendre les intérêts mauriciens au sein de la Southern African Development Community (SADC).
Loin de la scène politique depuis quelques années, Mireille Martin revient aujourd’hui sous une autre forme de service public. Elle dit accueillir sa nomination comme Haute-commissaire de Maurice en Afrique du Sud avec « une grande humilité », consciente des responsabilités que cela implique. « Je ne m’y attendais pas du tout. Je suis très reconnaissante et je tiens à remercier le Premier ministre, le Dr Navin Ramgoolam, pour cette confiance », dit-elle.
Pour Mireille Martin, cette nomination marque « l’ouverture d’un nouveau chapitre » dans sa carrière. Elle affirme vouloir entamer cette fonction avec méthode et clarté : « Je vais d’abord faire un état des lieux. Il est important de savoir où en sont les accords bilatéraux et les engagements en cours. Ensuite, je m’attellerai à renforcer les fondations de cette relation stratégique. »
L’Afrique du Sud représente un pôle économique et diplomatique majeur dans la région de la SADC. La nouvelle Haute-commissaire souhaite s’appuyer sur les synergies existantes pour relancer les échanges et ouvrir de nouvelles perspectives de coopération dans les domaines de l’éducation, de l’investissement et de la culture.
Consciente des enjeux, elle s’engage « à œuvrer dans la continuité de l’action diplomatique mauricienne », tout en insufflant une dynamique nouvelle. « Mon objectif est de consolider les relations entre les deux pays pour les années à venir. Je serai à l’écoute, disponible et proactive. »
Munsoo Kurrimbaccus : « Je représenterai le pays dignement »
Figure bien connue du paysage syndical mauricien, Munsoo Kurrimbaccus entame un nouveau chapitre de son parcours, cette fois sur la scène diplomatique. Il a été nommé Haut-commissaire de Maurice au Pakistan, un poste stratégique dans le sous-continent asiatique qui marque une volonté d’approfondir les relations bilatérales, notamment autour de la coopération Sud-Sud et du développement de nouveaux axes commerciaux.
Contacté après l’annonce de sa nomination, Munsoo Kurrimbaccus se dit honoré et déterminé : « J’ai appris la nouvelle par un ami. Je remercie mon leader, Paul Bérenger, pour sa confiance. Je m’engage à représenter dignement mon pays, avec humilité, mais aussi clarté d’objectif. »
Ce passage du militantisme syndical à la diplomatie s’inscrit dans une volonté de valoriser les voix engagées au service de l’État. Ancien éducateur et acteur clé du monde de l’enseignement, Munsoo Kurrimbaccus voit dans cette nomination une continuité de son combat social. « J’ai toujours œuvré avec passion et intégrité. Cette nouvelle mission ne dérogera pas à ces principes », affirme-t-il.
Le Pakistan, pays stratégique d’Asie du Sud et membre influent de l’Organisation de coopération islamique (OCI), représente un partenaire encore sous-exploité pour Maurice. Le nouveau Haut-commissaire entend renforcer les accords bilatéraux existants, tout en explorant de nouvelles pistes dans les domaines économique, éducatif et culturel. Il ambitionne notamment de favoriser des partenariats universitaires et des programmes d’échange pour dynamiser la coopération académique entre les deux pays.
« Ce poste est un défi, mais aussi une formidable opportunité de contribuer autrement au développement du pays », conclut Munsoo Kurrimbaccus.
Joël Rault retrouve Paris
Le gouvernement mauricien a officialisé la nomination de Joël Rault en tant qu’ambassadeur extraordinaire et plénipotentiaire de la République de Maurice en France. Une fonction qu’il connaît bien : il l’a déjà occupée de 2015 à 2017.
Né le 14 novembre 1974 à Saint-Denis de la Réunion, Joël Rault est de nationalité mauricienne. Élevé à Maurice, ancien élève du collège Saint-Joseph, il a poursuivi des études supérieures en droit fiscal et en gestion des entreprises en France à partir de 1994. Sa carrière est marquée par la transversalité entre les sphères publique et privée.
Avant sa première expérience diplomatique à Paris, Joël Rault a occupé des postes stratégiques dans l’administration mauricienne. Il a dirigé la campagne électorale de l’alliance victorieuse en 2014, présidé la commission de crédit de la State Bank of Mauritius et dirigé la Tourism Authority.
À l’ambassade de France, il s’était distingué par son activisme diplomatique, en particulier dans le domaine économique. Il a contribué au renforcement des relations triangulaires entre Maurice, la France et le continent africain, tout en représentant l’île auprès de l’UNESCO, de l’Organisation internationale de la francophonie et d’autres instances internationales.
Installé à Paris depuis plusieurs années, il y a fondé Hermès Advisory, une société de conseil spécialisée dans l’investissement entre la France, Maurice et l’Afrique. Marié et père de trois enfants, Joël Rault revient aujourd’hui à un poste stratégique avec, pour mission, de consolider les liens historiques, économiques et culturels entre Port-Louis et Paris.
Reza Gunny : « Je sais naviguer dans des eaux compliquées »
À 70 ans, Reza Gunny s’apprête à relever un nouveau défi au service de l’État. Ce vétéran de l’enseignement, bien connu pour son engagement auprès de la jeunesse mauricienne, a été nommé ambassadeur extraordinaire et plénipotentiaire de Maurice au Caire, en Égypte.
Ancien professeur de comptabilité, il a exercé au collège Stratford, puis au Collège islamique pendant plus de 25 ans. Même après sa retraite, il est resté actif : « Je donne encore des leçons gratuitement. L’éducation est plus qu’un métier, c’est une passion », dit-il.
Marié à Salma, père de Fadil et grand-père de deux petites-filles, Reza Gunny se dit honoré de représenter son pays à l’étranger. « Je suis conscient des réalités de l’Égypte. Mais je suis un militant de longue date. Je sais naviguer dans des eaux compliquées. »
Sa mission diplomatique s’articulera autour de plusieurs axes : renforcer les relations culturelles, économiques et éducatives entre Maurice et l’Égypte. Il entend surtout développer des opportunités dans le domaine de l’éducation, fidèle à son parcours. « Beaucoup de jeunes quittent le pays, faute de perspectives. Il faut leur redonner espoir. »
Militant du Mouvement militant mauricien (MMM) depuis ses années de collège, il a été président du régional de Quatre-Bornes, maire et adjoint-maire à plusieurs reprises. « La circonscription n˚ 18, c’est là que j’ai milité toute ma vie. Aujourd’hui, je pars servir mon pays au Caire avec la même détermination. »
Indrajeet Babooa : retour à Addis-Abeba
À 75 ans, Indrajeet Babooa a été nommé ambassadeur extraordinaire et plénipotentiaire de la République de Maurice à Addis-Abeba, ainsi que représentant permanent auprès de la Commission de l’Union africaine. Pour cet habitant de Vieux-Grand-Port, c’est un retour sur un continent qu’il connaît bien.
« Je suis un homme heureux et profondément reconnaissant envers le Premier ministre et le Premier ministre adjoint pour leur confiance. Je suis prêt à servir mon pays avec fierté », confie-t-il.
Diplomate de terrain, Indrajeet Babooa a consacré l’essentiel de sa carrière à l’Afrique. Après avoir débuté dans la police mauricienne en 1969, il rejoint en 1981 les services de sécurité des Nations unies à Addis-Abeba. Il y gravit les échelons, devenant Protocol Officer à la Commission économique des Nations unies pour l’Afrique (UNECA), puis Deputy Chief of Protocol à l’Organisation de l’unité africaine (OUA), ancêtre de l’Union africaine.
En 2010, il intègre le Cabinet du président de la Commission de l’UA et participe à plusieurs missions d’observation électorale à travers le continent (Algérie, Mali, Comores, Tunisie…).
Aujourd’hui, son objectif est clair : renforcer la coopération entre Maurice et l’Éthiopie, à la fois sur le plan diplomatique, commercial et humain. « Il est temps de mettre en place des vols directs entre nos deux pays. Cela facilitera les échanges et rapprochera nos économies. » Il souhaite également attirer vers Maurice des investisseurs éthiopiens. « Ce pays compte de nombreux acteurs économiques dynamiques. À moi de leur démontrer que Maurice est une plateforme fiable et prometteuse. »

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