
Depuis le début de l’année 2025, la roupie mauricienne s’est appréciée face au dollar américain, atteignant un taux de Rs 45,15 le dollar. Quelles sont les conséquences de cette évolution sur les importations et les prix à la consommation à Maurice ? Le point.
Début janvier 2025, le taux roupie/dollar était de Rs 48,38. Au fil des mois, la roupie s’est appréciée, atteignant un plancher de Rs 44,85 le 19 mars. Au 5 mai 2025, le taux de change s’établissait à environ
Rs 45,15 le dollar, soit une appréciation de près de 6,7 % depuis le début de l’année.
Publicité
Selon l’analyste financier Imrith Ramtohul, cette évolution s’explique principalement par une vente massive de dollars par les investisseurs, en réaction à l’imposition de nouveaux tarifs douaniers américains. Ces mesures, dit-il, sont perçues comme susceptibles de ralentir la croissance des États-Unis, et donc de réduire les rendements espérés sur les investissements. « La semaine dernière, le FMI a revu à la baisse ses prévisions de croissance pour les États-Unis, estimant qu’elle chuterait d’un point, pour s’établir à seulement 1,8 % en 2025. Dans ce contexte, les investisseurs commencent à s’intéresser à d’autres marchés ou devises plus attrayants », explique-t-il.
Imrith Ramtohul ajoute que les récentes déclarations du président Donald Trump, évoquant un possible remplacement du président de la Réserve fédérale, Jay Powell, en raison de désaccords sur la politique des taux d’intérêts, ont également contribué à accroître la prudence des marchés.
« On observe une certaine perte de confiance dans la politique économique américaine ces dernières semaines. » Il estime que les investisseurs commencent à réduire leur exposition aux actifs libellés en dollars, après des années d’accumulation, ce qui a contribué à l’affaiblissement de la devise américaine.
Selon Imrith Ramtohul, la baisse du dollar devrait théoriquement profiter à Maurice, en réduisant le coût des importations majoritairement libellées en dollars américains. Le directeur de Topodom Distribution Ltée confirme que le dollar s’est affaibli face à la roupie depuis le début de l’année. Toutefois, il déplore que cette évolution n’ait pas encore eu d’effet sur les activités commerciales. « Même si le dollar baisse, nos dépenses, elles, continuent d’augmenter. Depuis le début de l’année, nous faisons face à de nouveaux coûts, notamment avec le paiement du 14e mois », souligne-t-il. Ainsi, selon lui, la baisse du dollar est déjà contrebalancée par la hausse générale des charges, ce qui empêche une diminution des prix à la consommation. « C’est pourquoi les produits importés n’ont pas enregistré de baisse significative des prix », dit-il.
Il ajoute qu’une grande partie des produits importés par son entreprise, tels que les couches pour enfants, le lait infantile ou encore les serviettes hygiéniques, sont soumis à un contrôle des prix. « Ces produits ne réagissent pas directement aux fluctuations du taux de change », précise-t-il.
De son côté, Rajesh Ramdenee, président du conseil d’administration d’Agiliss, note que si les prix n’ont pas baissé de manière significative, ils sont restés stables : « L’appréciation de la roupie face au dollar a permis d’éviter des hausses. Depuis le début de l’année, nous n’avons pas connu de majorations importantes sur les prix des produits importés. » Il estime que si le taux de change se maintient entre Rs 45 et Rs 46, une baisse des prix pourrait être envisageable dans un avenir proche. « Mais cela dépendra aussi d’autres facteurs comme le prix des commodités et les récoltes dans les pays d’origine. »
Rajesh Ramdenee suggère une mesure immédiate pour faire baisser les prix : la suppression de la TVA sur les produits alimentaires de base : « Ce serait, selon moi, le seul levier efficace à court terme que l’État pourrait activer dans le prochain Budget pour soulager les consommateurs. »

Notre service WhatsApp. Vous êtes témoins d`un événement d`actualité ou d`une scène insolite? Envoyez-nous vos photos ou vidéos sur le 5 259 82 00 !