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Démographie : le FMI met en garde sur le coût d’une population vieillissante

Démographie Mahvash Qureshi (au centre), chef de mission du FMI, en compagnie des membres de la délégation.

Maurice, modèle pour l’Afrique, a une faiblesse par rapport à ses pairs. Le vieillissement s’accélère. Les caisses de l’État seront davantage sous pression. Le Fonds monétaire international recommande la prudence dans la gestion des finances publiques.

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Avoir 60 ans c’est être éligible à la pension universelle. Qu’on soit effectivement retraité de la population active ou toujours en poste, on perçoit Rs 6 210. L’argent est décaissé chaque mois par l’État. Ce montant est puisé des revenus que le ministère des Finances obtient des taxes, donc l’argent des contribuables.

Or, la situation se complique. On constate, en nous basant sur les données de Statistics Mauritius sur la période de 2014 à 2018, que davantage de contribuables partent à la retraite. En cinq ans, le nombre de Mauriciens ayant 60 ans ou plus a augmenté de 19 %. Le total a progressé de 184 487 au 31 décembre 2014 pour atteindre 219 520 à fin 2018. La part que représente les 60+ est en hausse, alors que la population n’a grandi que de 0,1 % en moyenne annuelle ces cinq dernières années.

De fait, pour que chaque Mauricien ait sa pension mensuelle, l’État doit trouver des moyens pour obtenir davantage de revenus. Comment s’y prendre quand la population active diminue ? Le Fonds monétaire international (FMI), à l’issue d’une mission de 15 jours à Maurice, apporte sa contribution au débat.

« Si vous comparez avec le reste de l’Afrique, la part (de retraités) est beaucoup plus élevée. Rien qu’en regardant les projections sur la part de la population âgée, et ce n’est pas en termes de chiffres absolus, elle augmentera », a affirmé Mahvash Qureshi, chef de la mission du FMI, lors d’une rencontre avec la presse le mercredi 30 janvier 2019, à Port-Louis. « La vitesse à laquelle la population âgée grandit est plus rapide que celle du passé. Évidemment cela crée des problèmes multiples. C’est ce qu’on appelle des défis structurels. »

Le vieillissement de la population a un coût massif. Pour l’année 2018-19, l’Assemblée nationale a voté un montant de Rs 17,7 milliards pour la pension universelle. Cette somme est en hausse de 13 % par rapport à 2017-18. Dans ses projections à l’horizon 2020-21, il faudra trouver Rs 21,1 milliards pour que l’État s’acquitte de son engagement auprès des membres de la population ayant contribué à l’avancement du pays.

Création de richesses

Face au vieillissement de la population, la jeune génération est donc appelée à être plus productive dans la création de richesses. « It creates problems from the labour force perspective also, which makes it imperative to boost productivity. The other issue is that it’s going to generate fiscal pressure. That’s why when we talk about fiscal consolidation to bring the debt level down it’s to accommodate any fiscal pressure rising from the ageing population », a fait ressortir Mahvash Qureshi à l’heure des questions (voir encadré sur les « Dettes élevées mais soutenables »).

Cette analyse de la délégation du FMI intervient après 15 jours d’intervention avec les décideurs du pays. La délégation a rencontré, entre autres, le Premier ministre et ministre des Finances Pravind Jugnauth, le gouverneur de la Banque de Maurice Yandraduth Googoolye, le secrétaire financier Dev Manraj, le leader de l’opposition Xavier-Luc Duval, ainsi que des représentants du secteur privé, de la société civile et les syndicats.


Finances : dettes élevées mais soutenables

La dette publique – total des emprunts du ministère des Finances et des organismes parapublics – a atteint Rs 300,2 milliards au 30 juin 2018. Sa part vis-à-vis du Produit intérieur brut (PIB) est en régression, passant de 65 % fin juin 2017 à 63,7 % à la mi-2018. Selon les derniers chiffres disponibles, au 30 septembre 2018, la dette publique s’élevait à Rs 307,3 milliards, représentant 64,2 % du PIB.

Faut-il s’alarmer d’un tel niveau d’endettement, d’autant qu’il se situe au-delà des limites que préconise le FMI ? Mahvash Qureshi relativise. Il est, selon elle, certes élevé mais il reste gérable. « Given the growth momentum, it is still manageable. » Tenant compte des emprunts externes de Maurice pour financer des projets infrastructurels, la chef de mission concède que la dette publique sera en hausse.

Néanmoins, il faudrait la ramener à de justes proportions. « Afin de préserver la stabilité macroéconomique, tenant spécialement compte de la population vieillissante, la mission a conseillé aux autorités d’adopter des politiques fiscales prudentes qui ramèneraient fermement la dette du secteur public sur une trajectoire descendante dans le moyen terme », a déclaré Mahvash Qureshi dans un communiqué remis aux journalistes avant la conférence de presse.


Croissance revue à 3,9 %

Tenant compte du ralentissement économique mondial que le FMI a annoncé durant la semaine écoulée, la délégation a revu à la baisse son estimation de la croissance mauricienne. Elle passe de 4 % à 3,9 %. L’expansion économique sera boostée par la performance dans les services financiers, la construction et le tourisme. Selon le FMI, la croissance en 2018 a été de 3,8 %, comme cela avait été le cas en 2017. Avec la chute du prix du pétrole attendue cette année-ci, l’inflation devrait suivre la même tendance. Là où le bât blesse c’est au niveau du déficit du compte courant, qui passerait à 7 %. La chef de mission l’attribue à des « higher capital imports associated with large-scale public infrastructure projects ».

 

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