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Déficit pluviométrique : Mare-aux-Vacoas et La Ferme peinent à se remplir

Pluies mal réparties, nappes phréatiques basses, réservoirs à moitié vides, pertes massives dans le réseau… Face à une situation qualifiée d’atypique, experts et autorités tirent la sonnette d’alarme : la situation de l’eau devient de plus en plus préoccupante à Maurice.

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Malgré des épisodes de pluie récents, les réservoirs Mare-aux-Vacoas et La-Ferme continuent de montrer des niveaux d’eau préoccupants, étant en dessous des 50 %. La situation s’explique par un déficit pluviométrique persistant et une répartition inégale des précipitations sur le pays. 

« En observant la pluviométrie, on remarque un déficit dans le ‘catchment’ de Mare-aux-Vacoas. En comparaison avec les précipitations reçues, le réservoir n’a pas pu accumuler suffisamment d’eau. Par exemple, mardi dernier, Mare-aux-Vacoas a enregistré seulement 25 mm de pluie, tandis que Rose-Belle en recevait entre 80 et 90 mm », précise Lomush Juggoo, directeur de la Water Resources Commission. Selon lui, cette distribution inégale des pluies affecte directement la capacité du réservoir à se remplir. 

Le déficit pluviométrique n’est pas le seul facteur en cause. Lomush Juggoo souligne également que la demande en eau reste constante et élevée. « Chaque jour, environ 90 000 mètres cubes d’eau sont prélevés pour approvisionner les régions de Upper et Lower Plaines-Wilhems. Le volume d’eau entrant et sortant a un impact direct sur le niveau de stock », précise-t-il. 

En ce qui concerne La-Ferme, située dans l’ouest du pays, la situation est encore plus préoccupante. « Cette année, les précipitations dans cette région ont été particulièrement insuffisantes », indique Lomush Juggoo. « Bien que La-Nicolière soit partiellement rempli, aucun réservoir n’atteint son plein potentiel comme l’an passé, où nous étions à 95 % de capacité. Cette année, le stock total a chuté de 37 % à 40 %. »

Il souligne également que la période de janvier à mars est habituellement celle où les réservoirs devraient atteindre leur capacité maximale. « Étant donné que cette période a été marquée par un déficit pluviométrique, cela a directement affecté nos ressources en eau », précise le directeur de la Water Resources Commission. Et d’ajouter : « Les nappes phréatiques, également touchées, n’ont pas encore retrouvé leur niveau normal. Même si une légère remontée est observée, cela reste en dessous des niveaux moyens ».

La situation hydrique demeure préoccupante, indique Lomush Juggoo. « Lors d’une réunion avec les services météorologiques, il a été précisé qu’aucune pluie excédentaire n’est prévue. Le déficit pluviométrique risque donc de persister. Si l’hiver est également déficitaire, il faudra adopter une gestion rigoureuse et prudente », souligne-t-il. 

Du côté de la Central Water Authority (CWA), on souligne que la taille de Mare-aux-Vacoas rend son remplissage plus lent. « Plus un réservoir est petit, plus il est facile à remplir. Mare-aux-Vacoas est grand, sa superficie fait qu’il prend plus de temps à se remplir », indique-t-on. « Il faut également prendre en compte les 62 % de pertes dans le réseau de distribution. Ce qui aggrave encore la situation ».

Vassen Kauppaymuthoo, ingénieur en environnement, partage le même avis. « Il existe en effet une anomalie pluviométrique. Lors de la dernière sécheresse, un problème similaire s’était posé : la pluie tombait sur Mare-Longue, mais pas sur Mare-aux-Vacoas. Une connexion entre les deux réservoirs a été réalisée pour y remédier », souligne-t-il.

Situation anormale

Selon lui, Mare-aux-Vacoas se trouve dans une zone de « upper catchment » où l’on devrait accumuler cinq mètres d’eau. Cependant, il déplore que « la pluie n’arrive plus là où elle devrait ». Il observe que la répartition des pluies à Maurice est désormais « anormale ». « Certaines zones reçoivent beaucoup plus d’eau que d’autres », souligne-t-il.

Pour Vassen Kauppaymuthoo, la situation est « atypique et anormale ». « Le déboisement réduit l’humidité et la pluviométrie. À La Ferme, il est normal d’avoir un niveau plus bas, car c’est une zone aride, mais à Mare-aux-Vacoas, la situation est particulièrement préoccupante », souligne-t-il.

Vassen Kauppaymuthoo insiste sur l’importance de rester vigilant et de continuer à explorer d’autres modes d’abstraction d’eau. « Il est impératif de se préparer pour les mois à venir. La situation sera difficile. Le secteur agricole souffre déjà, car l’eau est prioritairement détournée vers les besoins domestiques. Il y a un impact en chaîne : les légumes deviennent plus chers et la production de canne à sucre est affectée. Cela doit être pris avec le plus grand sérieux », plaide-t-il.

Le taux de remplissage  moyen s’ élève à 53,4 %

Au 9 avril 2025, le taux moyen de remplissage des réservoirs est de 53,4 %. La-Nicolière affiche un taux de 89,2 %, Piton-du-Milieu est à 76,6 %, Bagatelle à 59,7 %, Midlands à 57,2 %, et Mare-Longue à 53,0 %.

Les taux de Mare-aux-Vacoas (41,5 %) et de La-Ferme (41,7 %) restent les plus bas parmi les réservoirs suivis.

 

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