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Décès troublant à l’hôpital Brown-Séquard : Mary Alberte veut la vérité sur la mort de son fils Danlay 

Mary Alberte veut savoir comment est mort son fils Danlay. L’autopsie a conclu qu’il est décédé des suites d’un œdème pulmonaire aigu.
  • « La pire fête des mères de toute ma vie » 

C’est la fête des mères en ce dimanche 26 mai 2024. Une journée normalement empreinte de joie et de reconnaissance envers celles qui nous ont donné la vie. Mais il y a une maman en particulier qui n’aura pas le cœur à la fête : Mary Alberte. Cette femme de 65 ans pleure le décès de son fils Danlay Moignon, qui était âgé de 31 ans. Son chagrin est d’autant plus grand qu’elle ignore comment il a perdu la vie. 

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Le jeune homme est mort dans des circonstances pour le moins « troublantes », le jeudi 16 mai 2024, soit six jours seulement après son admission à l’hôpital Brown-Séquard de Beau-Bassin. Tout ce qu’il laisse derrière lui, c’est une mère meurtrie et une multitude de questions qui sont, pour l’instant, sans réponses. Que lui est-il arrivé ? À quelle heure est-il mort ? Pourquoi l’accès à sa dépouille a-t-il été, dans un premier temps, refusé à ses deux sœurs ? Mary Alberte veut la vérité sur le décès de son fils. 

Il faut remonter au vendredi 10 mai 2024 pour mieux comprendre l’affaire. Ce jour-là, la sexagénaire avait fait admettre Danlay, escorté par des policiers, à l’hôpital Brown-Séquard en raison de légers troubles psychiatriques. « Il devait juste être interné en raison de certains troubles légers. Li ti dan refleksion. Li pa ti dormi aswar. Li ti koz tousel. Monn admet li mantal », raconte Mary Alberte, le visage marqué par la douleur et la fatigue. 

La mère de famille était loin de se douter que la prochaine fois qu’elle verrait son fils, il reviendrait chez lui, à la rue Daffodil aux résidences Richelieu, les pieds devant. D’ailleurs, elle affirme qu’hormis ces légers troubles mentaux, son fils « était en bonne santé ». 

« Mardi (le 14 mai ; NdlR), monn apel mantal. Bann-la dir mwa ki so leta pa bon, ki zot pe rod ranfor ek ki bizin atas li pou donn li medsinn. Merkredi (le 15 mai ; NdlR), monn sone. Bann-la dir mwa ki li korek ek ki pe donn li so medsinn. Zedi, (le 16 mai ; NdlR), ver 6 h 30 gramatin, bann-la apel mwa. Monn insiste ar zot, lerla zot inn dir mwa ki mo piti inn mor », raconte-t-elle. 

Un coup de massue pour Mary Alberte. Poursuivant son récit, elle raconte que ses deux filles se sont rendues à l’hôpital psychiatrique le même jour afin d’entamer les procédures pour récupérer la dépouille de son fils. « Zot pann les mo bann tifi rantre », indique la sexagénaire. 

Elle ajoute que le personnel a avancé que le corps de son enfant avait déjà été transporté à la morgue de l’hôpital Victoria de Candos. Elle précise qu’un des infirmiers a dit ceci à ses filles : « Mo krwar li ti ena enn problem lagorz ek kapav gard (les agents du poste de police de Petite-Rivière ayant escorté Danlay depuis son domicile jusqu’à l’hôpital psychiatrique ; NdlR) inn bat li. » 

Des propos que ses filles ont réfutés avec force. « Lors de son admission, mon fils n’avait aucune blessure sur le corps. Mes filles ont insisté pour voir sa dépouille. Mais le personnel leur a refusé l’accès », soutient la mère. 

La police s’est ensuite tournée vers les membres de la famille pour leur demander leur consentement afin qu’une autopsie soit pratiquée. Ils ont immédiatement accepté. Une note tamponnée par la force policière, dont une copie est en possession de Le Dimanche/L’Hebdo, stipule que Danlay est décédé des suites d’un œdème pulmonaire aigu (acute lungs oedema ; NdlR). 

Une explication qui est loin de suffire à sa famille face à l’amoncellement de faits troublants. Il y a d’abord le fait que le jeune homme, à en croire sa mère, n’était pas malade au moment de son admission, hormis ses troubles mentaux. « Zame monn amen mo piti kot dokter pou al konsilte, ni dispanser, ni lopital ! Mo piti zame inn swiv enn tretman. Kouma li kapav inn mor ar problem poumon ? » dit-elle en pleurs. 

Autre fait troublant relevé par la famille : la présence d’une substance rouge similaire à du sang sous l’ongle de l’annulaire de la main gauche du défunt. Une photo a été prise par un proche peu avant la tenue de la cérémonie funèbre. 

« Nous avons aussi constaté que son arcade sourcilière gauche portait une cicatrice bleuâtre. Lerla nou’nn dir inposib. Kouma kapav inn gagn disan anba so zong ek enn mark ble lor so figir ? Je veux comprendre ce qui s’est passé », dit-elle. 

Ce qui la trouble aussi, c’est le sac en plastique qui contenait les vêtements de son fils. « Kouma linn mor, deswit bann-la inn met so linz deor dan enn sak plastik. Mo doute se lopital mem. Eski zot inn donn li enn medsinn for ? Ouswa eski zot inn fer enn pikir ar li kinn aret so leker ? » indique la mère. 

Effets personnels

Sa plus grande erreur, poursuit-elle, est de ne pas avoir eu la présence d’esprit d’ouvrir le sac pour en examiner le contenu. « Sel erer monn fer, se mo na pa finn ouver sa sak plastik-la. Mo nek inn met sak-la dan so serkey kan inn al antere. Mo ti bizin get dan so linz si mo trouv kiksoz », se désole Mary Alberte. 

Une autre information lui aurait été communiquée, sans qu’elle en comprenne forcément la pertinence. Peu avant l’autopsie, on lui aurait dit que son fils avait placé son matelas à même le sol à l’hôpital psychiatrique afin de dormir. « Chose qu’il ne fait jamais. Je fais le serment devant dieu. Mo piti zame inn pran matla pou dormi anba ! » précise Mary Alberte.

La mère de famille avoue que son fils n’en était pas à sa première admission à l’hôpital Brown-Séquard. « C’était la quatrième fois. Mais il avait tendance à retourner à la maison au troisième ou au quatrième jour suivant son admission. J’étais loin de me douter qu’en quittant la maison le 10 mai dernier, il reviendrait les pieds devant. » 

Depuis la tragédie, les dernières paroles que lui avait dites son fils résonnent en elle. « Ale ma, mo pe ale. Zot pe al touy mwa la », lui aurait-il lancé. Pour elle, c’était comme si « li ti kone dan ki soufrans li pe al pase ». 

Tout ce qu’elle souhaite désormais, c’est la vérité sur la mort de Danlay. « Je veux savoir. Que s’est-il réellement passé dans la soirée du 15 au 16 mai ? » s’interroge-t-elle. En attendant d’avoir des réponses à ses questions, Mary Alberte doit composer avec sa tristesse. « Je souffre au plus profond de moi. On m’a pris mon fils. Monn vinn koumadir enn dimounn fol », confie-t-elle. 

Ce dimanche, l’absence de Danlay se fera lourdement sentir. « Je serai très triste. D’ailleurs, il venait de perdre son père, décédé il y a sept mois. Ce sera la pire fête des mères de toute ma vie », dit-elle. Si elle avait un message à adresser aux familles dont les proches sont internés, lequel serait-il ? « Get bien avan ou kit ou fami. Atansion ou kit zot ek ou na pa retrouv zot vivan », répond Mary Alberte.

Le ministère de la Santé invite la famille à porter plainte 

Le ministère de la Santé a été sollicité pour commenter ce cas. « Nous tenons d’abord à présenter nos sympathies à la famille endeuillée. Mais le ministère l’invite à formuler une plainte officielle à l’hôpital psychiatrique Brown-Séquard de Beau-Bassin. Une enquête interne sera alors immédiatement ouverte afin de faire la lumière sur cette affaire », précise-t-on.

Un bon vivant adepte de musique

Danlay est décrit par le voisinage comme un bon vivant qui aimait la musique. Il avait travaillé dans le domaine des faux plafonds et de la peinture. 

« Mon fils, qui n’est pas marié et qui n’a pas d’enfants, était un homme sans histoire. Il avait travaillé jusqu’à ce qu’il tombe malade », confie sa mère.

 

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