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Débat : pourquoi la lutte contre la drogue reste laborieuse ?

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Près de 58 kilos de cannabis ont été saisis par la Special Striking Team sous la supervision de l’ASP Jagai il y a deux semaines. Ce qui démontre que la drogue continue à gangréner notre société, malgré la lutte acharnée que mènent les autorités et les ONG contre ce fléau.

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Imran Dhanoo.

Une nouvelle saisie de drogue à Rivière-Noire vient démontrer une fois de plus qu’il y a une prolifération du fléau de drogue à Maurice. Imran Dhannoo, responsable du centre Dr Idrice Goomany, affirme que la lutte restera laborieuse. « Il y a une demande pour la drogue. Si tel n’était pas le cas, il n’y aurait pas de drogue disponible sur le marché. Celui-ci génère beaucoup d’argent, car les drogues illicites coûtent cher », indique notre interlocuteur. 

Demande

Imran Dhanoo poursuit qu’il y a deux aspects qui sont importants. Soit la réduction de l’offre et la diminution de la demande. « La police contrôle la disponibilité de la drogue en empêchant qu’elle n’entre sur le marché et procède à des arrestations. Les ONG travaillent sur la réduction de la demande à travers l’éducation et le traitement », souligne-t-il. 

José Ah-Choon, responsable du Centre d’Accueil de Terre-Rouge, ne cache pas que la situation est grave sur le terrain avec un nombre grandissant de personnes, dont des jeunes et des femmes qui succombent à cette plaie. « La lutte sera encore plus difficile. Il y a une grande quantité de drogue sur le marché. De la drogue dure, passant par le cannabis à la drogue de synthèse qui est fabriquée localement. Je pense que ce ne sera pas une tâche facile d’exterminer ce fléau qui prend encore plus d’ampleur », se désole ce dernier. 

Symbiose entre ceux concernés

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José Ah-Choon.

Pour lui, le business de la drogue est « florissant ». Il salue néanmoins la police qui abat un travail formidable dans cette lutte. « Il est difficile d’être optimiste. La drogue est disponible à gogo. Nous devons tous mettre la tête ensemble pour trouver une solution.  La situation va de mal en pis. Il est temps d’agir en synergie », estime ce dernier. 

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Kunal Naik.

Kunal Naik, psychologue-addictologue, soutient que le combat contre la drogue sera toujours une réalité dans le monde comme à Maurice. « Il y aura toujours des trafics de drogues, étant donné qu’il y a une demande pour ces produits. Quand des personnes sont à la recherche de substances illicites, il y a des gens, notamment les trafiquants, qui les fournissent. Ils s’enrichissent aux frais des consommateurs. Puis, c’est un fait que les trafiquants ont une longueur d’avance sur la police. Cette guerre ne va jamais prendre fin », déplore notre interlocuteur. 

Nouveau système

Le psychologue-addictologue pense qu’il est temps de venir de l’avant avec un autre système pour contrecarrer ce trafic. « Par exemple, pour le cannabis, le gouvernement peut prendre contrôle du marché comme c’est le cas en Uruguay, au Canada et en Hollande. Cela porte ses fruits. On voit qu’il y a moins de consommateurs là-bas. C’est un fait que là où il y a la répression et c’est illégal, c’est là-bas qu’il y a une forte consommation », précise Kunal Naik. 

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Ragini Rungen,

Il est d’avis que la police qui a des fonds pour l’achat d’équipements, a également besoin de formation continue et d’autres outils pour « target » les trafiquants. Il plaide de plus pour qu’on se focalise sur les aspects santé et social. « Dans cette guerre, on doit penser à la pauvreté, aux inégalités et autres qui incitent les personnes à sombrer dans la drogue. Il faut un renforcement du système social et de la santé. La meilleure façon de le faire est de contrôler le marché », indique-t-il. 

Kunal Naik plaide par ailleurs pour une nouvelle politique. Il met l’accent sur le Global Commission On Drug Policy qui a déjà préparé un Blueprint sur les réformes des politiques de drogue intitulé « A Human Rights Based Approach to Drug Policy ». 

Révision

Danny Philippe, chargé de plaidoyer au Développement, Rassemblement Information et Prévention (DRIP), explique que plus il y a des saisies, plus cela démontre qu’il y a de grandes quantités de drogue sur le marché. « Cela fait un moment que la police procède régulièrement à des saisies. Il est temps de revoir notre politique de drogue. Au cas contraire, la bataille sera difficile à gagner », croit ce dernier. 

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Danny Philippe.

Notre interlocuteur dit qu’il faut faire un pas en avant pour le cannabis récréatif, comme on l’a fait pour le cannabis médical. « On a entendu parler du Drug and Administrative Panel. Or, on ne sait pas où en sont les choses. La répression n’est pas la solution », souligne-t-il.

Prévention 

Ragini Rungen, directrice de Groupe A de Cassis-Lakaz A, revient sur l’aspect financier qui rend cette guerre difficile. « C’est un réseau qui rapporte gros. Malheureusement, trop d’enfants, de jeunes et de femmes tombent dans cette spirale. Ce, malgré les multiples actions entreprises par des ONG et les autorités. Nous devons continuer à miser sur la prévention. Nous devons ‘empower’ la communauté sur les dangers de la drogue », déclare cette dernière. 

 

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