De Rodrigues vers l’Inde : Clara, 9 ans, se bat contre un cancer de la gorge 

Elle n’a qu’une envie, c’est de retrouver sa famille à Rodrigues. Malheureusement, cela ne risque pas d’arriver de sitôt car la petite Clara, 9 ans, doit se rendre une nouvelle fois en Inde pour des traitements à cause d’un cancer à la gorge. Elle prend l’avion ce samedi avec sa maman. Les deux ont le cœur gros mais puisent leurs forces l’une en autre pour surmonter cette nouvelle épreuve. 

21 mois de lutte, de longs mois pour cette petite fille si fragile. Elle s’appelle Clara Meunier. Jusqu’en février 2020, elle menait une vie tranquille comme toutes les petites filles de son âge. Elle a malheureusement dû cesser l’école depuis qu’elle est malade. Sa mère avait remarqué qu’elle avait depuis un peu de temps des difficultés à s’exprimer, ce qui semblait bien bizarre pour la petite fille gaillarde et bavarde qu’elle était. Elle a dû venir à Maurice pour le diagnostic. 

Malheureusement, toute la famille tombe des nues lorsqu’elle apprend que la petite a une grosse boule à la gorge. « Nous sommes restés positifs et nous nous sommes dit que cela passerait sans doute avec des médicaments », raconte sa mère Morinne. Cependant, les médecins préconisent un départ vers l’Inde pour un meilleur diagnostic. En même temps, la pandémie vient jouer au trouble-fête. Les vols sont annulés et le départ ne peut se faire. « Il a fallu lui faire un trou à la gorge pour y glisser un tube afin qu’elle puisse mieux respirer ». 

Ce n’est qu’en août de l’année dernière que la petite fille se rendre en Inde pour le diagnostic. « Nou ti pe gayn per ki ariv li enn zafer antretan, nou ti pe viv dan stres, sa konfinnman la ti bien difisil ». Plus d’examens ont eu lieu en Inde. « C’est sur place que les médecins nous ont dit qu’elle a une tumeur qui s’est transformée en cancer », relate la mère en pleurant. Sur place, Clara commence tout de suite une séance de chimio et rentre ensuite à Maurice. « Sa chimio-la, inn fer sa pou ki sa groser dan so lagorz-la kapav diminie ». 

Perte des cheveux 

Clara avait toujours eu de très longs cheveux dont sa mère et elles étaient très fières. Cependant, la fillette a dû accepter de se raser la tête. Ce fut un moment très difficile. « Nous étions en quarantaine à Maurice quand elle a commencé à perdre ses cheveux. ‘Sa ti pe fer dezord partou. Monn dir li ki mo pou bizin raz so latet. Mo leker mama ti fermal. Si mo ti kapav, mo ti pou donn li seki pou mwa, mo ti pou tir seki pou mwa si bizin. Mo mem inn pran sa tondez-la pou raz latet mo zanfan, ti enn mari douler pou mwa’ ». Elle nous dit cependant que pour sa fille, cela a été moins difficile car elle lui avait présentée à d’autres filles en Inde qui n’avait plus de cheveux et elle lui avait également fait voir des perruques. « Li ti dir mwa aste enn perik ki ena enn ti bout rouz anba ek mwa monn resi gayn sa. Sa inn apez so soufrans. » 

Cependant pour se rendre à l’hôpital, Morinne explique que sa fille ne porte pas de perruque. « Je dois alors lui faire porter un bonnet car les autres la regardent parfois avec insistance, même si ce n’est pas méchant, elle se sent mal à l’aise. » Morinne explique aussi qu’elle n’a pas su trouver les mots pour expliquer à sa fille ce qu’est un cancer. « Mo mem mo pena mo. Sekinn pas ladan ki kone. Ou anvi kriye plore ek krwar ki tousala se zis enn kosmar me ou leve ou trouv ou parey mem ». Elle est inconfortable devant les nombreuses questions que lui pose sa fille. « Elle me demande souvent pourquoi est-ce qu’elle doit passer tout ce temps à l’hôpital. Je lui dis alors qu’elle est malade comme les autres enfants qu’elle voit ici ».

La petite ne peut toujours pas très bien parler mais sa mère dit pouvoir comprendre ou lire sur ses lèvres ce qu’elle veut dire. 

Un ultime combat 

Il y a quelques semaines, les médecins ont informé Morinne que Clara devra à nouveau se rendre en Inde. « Zot inn dir mwa ki groser-la inn ogmante ankor ki zot ti krwar enn ti infeksion me ki sirman bizin fer chimio ankor ou enn lot loperasion ». Morinne craque et fond en larmes. « J’essaie de rester forte et surtout de ne pas pleurer devant elle, je ne cesse de lui répéter que tout va bien se passer et que nous serons vite de retour à la maison mais je suis moi-même accablée ». La mère de famille se sent seule. Son mari et ses deux fils aînés sont à Rodrigues. « On se parle régulièrement au téléphone et eux-aussi essaient de réconforter Clara. Pour mon mari, c’est un peu plus dur. Il la regarde et il est tellement ému qu’il n’arrive même pas à parler ». Morinne a également dû abandonner son emploi comme valet de chambre pour accompagner sa fille. « Me mo pa regrete. Mo zanfan bizin mwa. Mo pa pou bes lebra. Mo pou lite pou li gayn so gerizon ». 

Pour le moment, elles sont hébergées par un bon samaritain à Terre Rouge. Elle est reconnaissante envers toutes les personnes qui lui apportent de l’aide. « Mo pa pou fini remersie zot ». Elle dit avoir beaucoup de gratitude envers les médecins et infirmiers et autre personnel de l’hôpital qui ont fait de leur mieux pour sa fille. « Zot inn mem amenn bann ti gato pou li, amenn bann zafer ». Elle explique cependant qu’elle doit accomplir certaines taches seule. « Par exemple, je dois me rendre à l’ambassade pour les démarches et ma fille pleure quand je ne suis pas là. ‘Laplipar mo bann fami Rodrig. Isi tou dimounn travay. Pa fasil pou fer tousala kan ou tousel’. » (Pour lui venir en aide, vous pouvez appeler sa maman au 5 799 9521)

Alors que nous prenions congé d’elle, Morinne s’empressait de quitter Ébène pour rejoindre sa fille qui est en ce moment admise à l’hôpital. Cette dernière, en attendant sa mère, joue tranquillement avec ses poupées, elle les coiffe, les natte les cheveux. Samedi, mère et fille prendront l’avion pour l’Inde. Ce déplacement est un voyage d’espoir pour une meilleure vie, une vie où la petite Clara pourra à nouveau redevenir la petite fille-sourire de Maman et papa et réaliser son rêve : devenir coiffeuse.