À Montréal, Nigel Yong et Chelsie Ng, deux Mauriciens unis par des passions hors du commun, réinventent le sport à leur manière. Lui, maître du tir au poignet ; elle, artiste de la pole dance. Entre discipline, complicité et dépassement de soi, leur duo illustre la force tranquille des valeurs partagées.
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À Montréal, au cœur d’un quotidien rythmé par les études en informatique et les entraînements intensifs, Nigel Yong et Chelsie Ng incarnent un duo uni par des passions sportives peu conventionnelles. Originaires de Maurice, ils se sont rencontrés en 2018 à l’Université Concordia, dans le même programme. Bien que n’ayant jamais croisé leurs chemins sur leur île natale, c’est la salle de gym qui a scellé leur complicité.
Aujourd’hui, Nigel excelle en tir au poignet. Il s’agit d’un sport de combat miniature où deux adversaires s’affrontent main contre main pour plaquer l’autre sur la table. Chelsie, elle, s’épanouit en pole dance, une fusion d’acrobatie et de danse autour d’une barre verticale. Leur histoire illustre comment ces disciplines, en pleine expansion mondiale, transcendent les stéréotypes et favorisent une progression personnelle et collective.
Nigel Yong : la force technique du tir au poignet
Le tir au poignet, ou « arm wrestling », est souvent perçu comme un simple jeu d’école, mais il s’agit d’une discipline martiale technique impliquant l’ensemble du corps. Contrairement aux idées reçues, il ne se limite pas à un mouvement latéral du bras. Les athlètes mobilisent dos, poitrine, biceps, avant-bras et poignets, tout en évitant les positions risquées pour minimiser les blessures.
Nigel Yong a découvert ce sport à 20 ans via YouTube, après des parties amicales à l’école. L’événement décisif fut une séance d’entraînement avec Devon Larratt, figure emblématique du tir au poignet, lors de son passage à Montréal. « C’est là que j’ai vraiment accroché », confie-t-il. Ce qui le captive le plus ? La communauté bienveillante et l’aspect évolutif : « On y rencontre des gens passionnés, toujours prêts à partager des conseils, et chaque entraînement te pousse à devenir plus fort ».
Les règles d’un match sont précises. Sur une table officielle, les adversaires s’affrontent en tenant une poignée fixe, le coude restant dans une zone délimitée sans franchir la ligne centrale. Le but est de plaquer la main de l’adversaire sur le coussin. Deux fautes entraînent la perte du round. Les muscles sollicités vont au-delà du bras : doigts, poignet et avant-bras dominent pour le contrôle, mais épaules, dos et poitrine assurent la stabilité.
Pour les débutants, Nigel recommande le « top roll », une technique de rotation du poignet - comparable à verser de l’eau d’une bouteille dans la poche de sa chemise – qui enseigne le contrôle en position sécuritaire. Divers styles incluent le « hook » et le « press », formant un équilibre stratégique semblable à celui du jeu pierre-papier-ciseaux, où chaque technique en contrebalance une autre.
La prévention des blessures repose sur une technique irréprochable : aligner le bras avec l’épaule, engager tout le corps et renforcer les tendons via bandes élastiques et poids légers. « Progresser graduellement, s’échauffer et prioriser la constance plutôt que la force brute », conseille-t-il. Avant une compétition, il réduit l’intensité une semaine à l’avance pour favoriser la récupération, arrivant reposé et confiant le jour J.
L’esprit compétitif est marqué par le respect : poignées de main avant et après les matchs, avec parfois des piques verbales pour animer les grands événements, comme au UFC. À Maurice, où le sport gagne en popularité via Armwrestling Mauritius, Nigel vise à le représenter internationalement et à l’intégrer aux écoles avec des clubs sécurisés. Un tournoi est prévu le 8 novembre à Phoenix Mall : « Venez nombreux ! », dit-il.
Les idées reçues persistent, comme celle d’un simple bras de fer dépendant des biceps. Nigel démystifie : « C’est technique, avec des angles et un contrôle du poignet qui surpassent la force apparente. On peut battre quelqu’un de plus imposant ».
Chelsie Ng : l’art et l’athlétisme de la pole dance
La pole dance mêle danse et acrobatie sur une barre verticale, exigeant force, flexibilité et créativité. Ses styles varient : le Pole Sport met l’accent sur les tricks techniques et le contrôle ; le Pole Art sur l’expression artistique ; le Pole Heels sur des mouvements sensuels et fluides en talons. Bien que ses origines remontent aux strip-teaseuses qui ont inventé et perfectionné les mouvements, la discipline s’est émancipée en sport et art respectés, malgré les stéréotypes persistants.
Chelsie Ng, passionnée de danse depuis ses cinq ans à l’école Mingtek de Port-Louis, a repris contact avec cette vocation à Montréal en 2021 après une pause. Attirée par la danse aérienne, elle a intégré le Milan Pole Dance Studio lors d’un essai inaugural. « Ça a été le coup de foudre », raconte-t-elle.
Pour décrire la pole dance : une barre fixe ou tournante soutient crochets, grimpes et inversions, menant à des chorégraphies ou improvisations. Physique et artistique, elle requiert coordination, souplesse active – où les muscles soutiennent l’amplitude sans passivité – et force pour fluidifier les transitions.
Les préjugés, liés aux clubs de strip-tease, persistent : image sexualisée, critique des tenues minimales (fonctionnelles pour l’adhérence peau-barre) et perception du corps féminin comme objet plutôt qu’athlétique. « Ces racines ont permis à la discipline d’évoluer », souligne Chelsie, appelant à les respecter.
La force physique équilibre souplesse et expression : renforcer les ischios et les fléchisseurs pour des « splits », par exemple, rend les figures accessibles et élégantes. Une séance typique commence par un échauffement, se poursuit avec un renforcement ciblé, des figures ou enchaînements (souvent filmés pour s’auto-corriger), et se termine par des étirements.
Progresser exige un état d’esprit patient : écouter son corps, maîtriser les bases en sécurité, sans comparaison. « Garder le plaisir motive à continuer », dit-elle. Le regard public évolue via les réseaux sociaux, déconstruisant les mythes tout en honorant l’histoire.
Sur la barre, Chelsie se sent libre, malgré les bleus : « C’est un moment à moi, où je m’exprime, me reconnecte à une version confiante et puissante de moi-même. Une forme d’amour-propre ». À tous ceux qui n’osent pas encore se lancer, elle conseille : « Foncez. Pas de prérequis en force ou souplesse ; le premier pas est le plus dur ».
Un couple complice dans la diversité sportive
Nigel et Chelsie, actifs ensemble à la salle de gym, intègrent le sport à leur quotidien : alimentation équilibrée, planning motivant, discipline partagée. Ils confient : « On se pousse vers le haut ». Ils s’entraînent souvent côte à côte, se soutenant mutuellement sans grands défis, hormis l’ajustement des horaires.
Certes, leurs disciplines diffèrent avec la force brute versus acrobatie gracieuse, mais elles se complètent. Nigel aide au renforcement du haut du corps, Chelsie à la souplesse. Indépendants, ils apprennent l’un de l’autre, équilibrant leurs approches. Pour les couples conciliant amour et passions sportives : « Soutenez-vous mutuellement, respectez les rythmes, célébrez les victoires et gardez le plaisir sans excès de sérieux ».
À travers leurs parcours, le couple montre comment des sports marginaux deviennent des vecteurs d’épanouissement. De Maurice à Montréal, leur histoire humanise ces pratiques, soulignant communauté, technique et évolution personnelle au-delà des apparences.
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