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De l’enfant chéri au cauchemar de ses grands-parents : la descente aux enfers de Nygel Beerjeraz

Nygel en a fait voir de toutes les couleurs à ses grands-parents. Nygel Beerjeraz s’est radicalement transformé sous l’effet de la drogue.
  • Le drame d’une famille brisée par la drogue

Il était autrefois cet enfant miraculé, chéri de tous au sein de sa famille. Aujourd’hui, à 21 ans, Nygel Beerjeraz est devenu le cauchemar de ses grands-parents, transformés en souffre-douleur d’un jeune homme totalement asservi par sa dépendance aux stupéfiants.

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« Il était aimé de tous dans la famille », confie avec nostalgie sa grand-mère de 66 ans à Le Dimanche/L’Hebdo. Dans sa voix transparaît toute la douleur d’avoir vu ce petit garçon jadis adorable se métamorphoser en un être dont l’existence ne tourne plus qu’autour de la consommation de drogues et de la multiplication des vols.

« Ses problèmes ont commencé avec de mauvaises fréquentations », explique son grand-père. « Il a commencé à déraper. Il était scolarisé à St-Andrew’s. Ils l’ont mis dehors. Nous avons fait des démarches à Sainte-Marie aussi, mais il a fait des bêtises là-bas également », se désole-t-il.

Cette transformation dramatique a bouleversé la vie paisible que ces sexagénaires espéraient mener à Albion. À la suite du divorce de ses parents, Nygel a trouvé refuge sous le toit de ses grands-parents. Mais au lieu de profiter d’une retraite sereine après des années de labeur, c’est dans un climat de peur constante qu’ils vivent désormais.

Le grand-père, un entre-preneur en bâtiment âgé de 69 ans, raconte avec amertume l’un des nombreux traumatismes infligés par son petit-fils. Le couple s’était offert un séjour dans un hôtel du littoral sud pour célébrer les fêtes pascales – un moment de quiétude bien mérité. Leur tranquillité fut soudainement interrompue par l’appel d’un certain Jonathan, un inconnu qui les invitait à une rencontre à Trianon.

« Il nous a expliqué que notre petit-fils lui avait vendu des objets et qu’il souhaitait nous les restituer pour éviter des problèmes », relate le grand-père. « Il nous a demandé de le rejoindre à Trianon, précisant qu’il possédait d’autres bijoux qu’il pourrait nous rendre ou nous vendre. »

Sans hésiter, le couple interrompt son séjour et se rend au lieu de rendez-vous. Ne trouvant pas d’emplacement où se garer, le grand-père reste dans son véhicule, tandis que son épouse va à la rencontre de l’inconnu. C’est alors qu’une scène impensable se déroule.

« Lorsque ma femme s’y est rendue, notre petit-fils était présent avec cet homme », poursuit-il d’une voix brisée par l’émotion. « À sa grande surprise, Nygel a subitement arraché son sac avant de s’enfuir. Il n’y avait pas beaucoup d’argent, environ Rs 2 000, mais ils pensaient certainement que nous étions venus avec une somme conséquente. »

Journée cauchemardesque

Impuissant dans sa voiture, le grand-père n’a rien pu faire : « J’attendais pendant tout ce temps. Quand ma femme est revenue, elle n’avait plus son sac. » La journée, qui devait être synonyme de détente, s’est transformée en cauchemar : « Notre journée à l’hôtel a été gâchée, nous avons dû nous rendre au poste de police pour déposer plainte, sans même avoir pu déjeuner ce jour-là », raconte-t-il, visiblement ébranlé par ce souvenir encore vif.

Ce vol avec violence n’est malheureusement qu’un épisode parmi tant d’autres dans une longue série d’exactions commises par Nygel envers ses grands-parents. Au fil des mois, le jeune homme les a dépouillés de nombreux biens, toujours dans le même but : financer sa consommation de drogues.

La liste des objets dérobés s’allonge inexorablement : une dizaine de petits canards décoratifs, des tables et chaises en plastique, des sommes d’argent importantes, des provisions alimentaires, des montres de valeur... Chaque disparition ajoutant une nouvelle blessure à l’âme de ces grands-parents démunis face à la déchéance de leur petit-fils.

Le point culminant de cette spirale infernale survient en avril 2025. Le grand-père s’était offert une voiture neuve de marque Skoda, fruit de son travail dans le secteur du bâtiment. « Une voiture qui m’a été livrée le jeudi saint. Je l’ai prise juste pour aller à l’hôtel, puis je suis revenu », explique-t-il avec une pointe de fierté désormais teintée d’amertume.

Le mardi 29 avril, la tranquillité du foyer est à nouveau brisée. Une voisine, venue emprunter un pot pour y planter du basilic, alerte le grand-père : « Elle est entrée et a appelé ma femme, mais personne n’a répondu. » Plus inquiétant encore, les portes de la maison étaient grandes ouvertes. Pressentant le pire, le grand-père se précipite chez lui pour constater, impuissant, que sa précieuse voiture neuve a disparu du garage.

Sans perdre un instant, il signale le vol aux autorités. La description du véhicule est immédiatement transmise à tous les postes de police de l’île. Le lendemain, mercredi 30 avril, les agents du Control Room des caméras Safe City d’Ébène repèrent la voiture volée dans la capitale, plus précisément dans le quartier de Roche-Bois.

L’alerte est aussitôt donnée. Les limiers de la Divisional Crime Intelligence Unit (DCIU) de Port-Louis Nord prennent l’affaire en main. S’ensuit une course-poursuite haletante dans les rues de Karo Kalyptus. Selon les forces de l’ordre, Nygel Beerjeraz, au volant du véhicule dérobé, conduit de façon dangereuse et imprudente le long de l’avenue Muslim Cemetery, percutant au passage plusieurs voitures en stationnement.

Les agents de la DCIU parviennent finalement à immobiliser le véhicule. Une scène filmée montre alors des policiers en civil, armés de bâtons, brisant les vitres et le pare-brise de la voiture pour neutraliser le jeune homme qui aurait tenté de s’échapper. Les forces de l’ordre l’extraient violemment du véhicule.

Vague d’indignation

Ces images, rapidement devenues virales sur les réseaux sociaux, ont suscité une vague d’indignation face à la brutalité apparente de cette arrestation. Paradoxalement, les premiers à s’élever contre ces méthodes sont les grands-parents de Nygel, pourtant victimes de ses méfaits.

« La manière dont ils ont agi est vraiment inacceptable pour nous », s’insurge le grand-père. « Il y a la police pour maintenir l’ordre dans le pays, il existe des lois et une justice. N’importe qui ne peut pas attraper quelqu’un et le frapper. Même s’il est en tort, même s’il est un criminel, on ne peut pas le battre. »

Sa grand-mère, déchirée entre sa souffrance de victime et son amour inconditionnel, ajoute avec émotion : « Mon cœur saigne, c’est mon sang. Ils auraient dû l’encercler. Le rôle d’un policier est de protéger les victimes, et tout accusé est présumé innocent jusqu’à son jugement. »

Ainsi se poursuit le drame de cette famille, où l’enfant autrefois adoré est devenu le bourreau de ses propres grands-parents, lui-même victime d’une addiction destructrice qui a transformé un enfant miraculé en un jeune homme perdu dans les méandres de la drogue et de la délinquance.

 

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