Dans la perspective d’un accord entre Maurice et le Royaume Uni : l’arrivée de nombreux Chagossiens pose problème à la ville de Hillingdon

L’arrivée croissante de Chagossiens pose un défi financier majeur au conseil de Hillingdon, une municipalité située près de l’aéroport de Heathrow, à Londres. Selon le conseil municipal, plus de 400 Chagossiens sont arrivés au Royaume-Uni en quelques mois, générant des coûts de plusieurs centaines de milliers de livres sterling pour leur prise en charge.

Les Chagossiens ont été expulsés des leurs îles entre 1967 et 1973 pour permettre l’établissement d’une base militaire conjointe britannico-américaine. En mai 2025, le gouvernement britannique a signé un accord cédant la souveraineté des îles Chagos à Maurice. Cet accord semble avoir accéléré l’arrivée de Chagossiens au Royaume-Uni, avec plus de 100 personnes enregistrées à Heathrow en une seule semaine en mai, selon le conseil de Hillingdon.

Citée par la BBC, mercredi, Rebecca Philippe, petite-fille d’une Chagossienne déportée, témoigne : « Ma grand-mère était une Chagossienne britannique. Il y a 50 ans, elle a été arrachée à son île». Et d’ajouter : « Nous sommes ici non seulement pour nos droits, mais aussi pour honorer sa mémoire. » Elle prétend avoir dû cacher son identité chagossienne à Maurice, où critiquer la souveraineté mauricienne pouvait entraîner des poursuites pénales. « Nous ne pouvons ni protester ni faire quoi que ce soit pour défendre nos droits, ce qui nous rend impuissants là-bas. Ici, je peux dire qui je suis, et il n’y a plus de peur en moi », a-t-elle affirmé à la BBC.

Le conseil de Hillingdon, qui couvre la zone autour de l’aéroport de Heathrow, fait face à une pression croissante. Les Chagossiens, bien que détenteurs d’un passeport britannique, ne bénéficient pas des aides accordées aux réfugiés ou demandeurs d’asile. Nombre d’entre eux arrivent sans solution de logement, obligeant le conseil à leur fournir un soutien immédiat : ouverture de comptes bancaires, accès au crédit universel, fourniture de literie et de cartes prépayées pour les besoins essentiels. 

Charge financière « insoutenable »

Selon le conseil, ces services ont coûté plus de 508 000 livres sterling (Rs 31 271 972 selon le taux de change actuel) entre juillet 2024 et mars 2025, avec une projection de 1,2 million de livres (Rs 73,87 millions) par an si les arrivées se maintiennent.

Steve Tuckwell, membre du conseil en charge du logement et de l’urbanisme, pointe du doigt la politique gouvernementale. « C’est la décision du gouvernement sur les îles Chagos qui provoque cet afflux à Heathrow », déclare-t-il, toujours à la BBC. « Hillingdon supporte seul cette charge, et il est juste que le gouvernement assume sa part pour alléger le fardeau des contribuables locaux. » Il souligne que de nombreuses familles chagossiennes arrivent avec des enfants, obligeant le conseil à leur fournir un hébergement temporaires.

Le ministère du Logement, des Communautés et des Gouvernements locaux affirme apporter un soutien financier à Hillingdon pour faire face aux « pressions locales immédiates » causées par ces arrivées. Toutefois, ce financement ne couvre les coûts que pour les 10 premiers jours suivant l’arrivée des Chagossiens, une période jugée insuffisante par le conseil. Le ministère insiste sur le fait que les nouveaux arrivants doivent organiser leur propre logement avant de voyager, une exigence souvent difficile à respecter pour une population confrontée à des défis socioéconomiques.

Alors que les arrivées se poursuivent, le conseil de Hillingdon appelle le gouvernement britannique à « faire ce qui est juste » en augmentant les fonds alloués pour couvrir les coûts croissants. Sans un soutien accru, la municipalité craint que ses services ne soient submergés, au détriment des contribuables locaux.