Vinod Appadoo est l’homme fort des prisons mauriciennes depuis un an. Il les dirige d’une main de fer et n’entend pas se laisser intimider par ceux qui n’apprécient pas ses méthodes.
II est la bête noire des barons de la drogue à la prison. Ses méthodes jugées sévères sont décriées par les détenus. Depuis la découverte suspectée de Lanate au centre pénitentiaire de Melrose, durant la semaine écoulée, Vinod Appadoo est convaincu que l’on veut l’éliminer. Le commissaire des prisons n’est, toutefois, pas homme à se laisser intimider.
« Mo pa per personn. Monn gagn enn kontra pou diriz prizon, mo pou fer mo travay. Mo pa pou kile. » À ceux qui veulent avoir sa peau, il adresse la mise en garde suivante : « Zot pa enn menas pou mwa. Mo pe pran mo prekosion.Pa kalkil pou fer kit lespri pou rod desan mwa ! »
Dès son arrivée dans l’univers carcéral, il y a un an, il a donné le ton. « Les détenus se promenaient en toute liberté dans l’enceinte de la prison. À l’heure des repas et de la distribution de la méthadone, c’était un cafouillage. Cette situation ne pouvait continuer », fait ressortir Vinod Appadoo.
Homme de rigueur, cet ancien policier, âgé de 63 ans, attaquera le mal à la racine. Une de ses premières actions est d’instaurer des mesures disciplinaires rigoureuses. Une initiative qui portera ses fruits, selon lui : « Désormais, aucun prisonnier ne se promène sans être accompagné d’un gardien. Et pour la distribution de la méthadone et de la nourriture, il y a une file d’attente. »
Satisfaction
Le commissaire des prisons ne cache pas sa satisfaction devant la culture de discipline qu’il a su inculquer derrière les murs des différentes prisons de l’île. Un résultat qu’il attribue à l’entière collaboration des hommes qui se trouvent sous son commandement.
Ces mesures ont contribué, indique Vinod Appadoo, à alléger le travail de ces gardiens. « Avek disiplinn ki ena asterla, travay bann gard prizon finn vinn pli fasil. Zot nepli strese kan zot vinn travay », poursuit le chef de la prison, qui s’est confié à Le Dimanche/L’Hebdo cette semaine.
Mo pa per personn. Monn gagn enn kontra pou diriz prizon, mo pou fer mo travay. Mo pa pou kile»
L’ordre rétabli dans les prisons, le commissaire s’attèle à une nouvelle tâche. Il veut en finir avec le trafic de la drogue dans ce milieu. À l’époque où il était responsable de l’Anti Drug and Smuggling Unit (Adsu), Vinod Appadoo avait traqué les barons de la drogue et avait notamment permis de démanteler le réseau de Gro Derek. Aujourd’hui, même s’il a quitté la force policière, il continue son combat contre les trafiquants.
« Grâce aux registres de la prison, nous pouvons fournir certaines informations à la commisison d’enquête sur la drogue. Ces documents sont une mine d’informations », explique le commissaire des prisons. « Les révélations concernant les appels téléphoniques passés par des caïds et les fréquentes visites de certains avocats à la prison proviennent de ces documents. »
« Approche humaine »
À cela, il faut ajouter le travail de fourmi des unités basées dans le milieu carcéral, dont l’unité 24/7 et les services de renseignements. Ces derniers collectent des informations sur le trafic de drogue, qui sont ensuite refilées à l’Adsu.
L’administration pénitentiaire n’est pas uniquement là pour punir. L’objectif ultime, indique le commissaire, est d’améliorer les conditions de détention dans les prisons mauriciennes. Et avec ses hommes, il s’y attèle. Des exemples, Vinod Appadoo en collectionne. « Je me souviens de ce prisonnier qui était atteint d’un cancer. Son état s’était détérioré et nous lui avons accordé la permission de rentrer chez lui pour passer ses derniers jours auprès de sa famille. J’ai aussi accédé à certaines demandes de rémission. Chose qui n’avait pas été faite ces 25 dernières années », avance notre interlocuteur.
Cette « approche humaine », la direction de la prison l’étend aussi à la famille des détuenus, souligne Vinod Appadoo. « Il y a quelques jours, j’étais en voiture quand j’ai vu une mère de famille qui portait dans ses bras sa fille de neuf ans. La petite était atteinte d’un handicap. Elle allait rendre visite à un proche détenu. J’ai immédiatement donné des instructions pour qu’un véhicule les transportent à la prison. Je reçois aussi les proches des détenus pour écouter de leurs doléances », ajoute-t-il.
De ses 42 ans au sein de la force policière et de son année à la tête des prisons mauriciennes, Vinod Appadoo dresse un bilan positif. Rien ne fera, dit-il, obstacle à sa mission d’assurer que la loi soit respectée dans l’enceinte de la prison.
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