Monde

​​​​​​​Cyberharcèlement de l'épouse d'Emmanuel Macron: dix personnes jugées à Paris

L’écrivain français Aurélien Poirson-Atlan, également connu sous le nom de Zoé Sagan, arrive à son procès aux côtés de neuf autres personnes accusées de cyberharcèlement sexiste à l’encontre de Brigitte Macron, à Paris, le 27 octobre 2025.

Le procès de dix personnes jugées pour cyberharcèlement à l'encontre de Brigitte Macron, l'épouse du président français cible d'une infox mondiale selon laquelle elle serait une femme transgenre, s'est ouvert lundi, en son absence, devant le tribunal correctionnel de Paris.

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Ce procès en France, doublé d'une plainte aux Etats-Unis, intervient après quatre ans de polémiques et de rumeurs qui n'ont cessé d'enfler, largement relayées par les réseaux complotistes et d'extrême droite.

Plusieurs prévenus, jugés jusqu'à mardi et qui tous encourent jusqu'à deux ans d'emprisonnement, ont affirmé devant le tribunal avoir voulu faire "de l'humour" ou "informer".

Ces huit hommes et deux femmes, âgés de 41 à 60 ans, élu, galeriste, enseignant, médium ou encore informaticien, sont jugés pour avoir tenu à l'égard de Brigitte Macron de nombreux propos malveillants sur son "genre", sa "sexualité", assimilant sa différence d'âge avec son mari qu'elle a connu très jeune à de la "pédophilie", selon le parquet de Paris.

Brigitte Macron a dit aux enquêteurs que la rumeur avait eu "un très fort retentissement" sur son entourage et sur elle-même, rapportant que ses petits-enfants entendaient dire que "leur grand-mère est un homme".

Sa fille, Tiphaine Auzière, doit témoigner mardi à la demande de l'avocat de sa mère.

Née dès l'élection d'Emmanuel Macron en 2017, l'infox transphobe est en particulier devenue virale aux Etats-Unis où le couple présidentiel a engagé cet été des poursuites pour diffamation contre la podcasteuse trumpiste Candace Owens, proche de la sphère conservatrice MAGA, connue pour ses prises de position antisémites et prorusses.

Plusieurs des personnes jugées à Paris ont relayé des publications de l'influenceuse américaine aux millions d'abonnés sur les réseaux sociaux, et auteure d'une série de vidéos intitulée "Becoming Brigitte" ("Devenir Brigitte"). Comme cette Une détournée du magazine Time, où Brigitte Macron apparaît en "homme de l'année".

Dans une autre publication, l'un des prévenus relaie la présence de "2.000 personnes" prêtes à aller faire du "porte-à-porte à Amiens (la ville du nord de la France dont le couple Macron est originaire, ndlr) pour y voir clair dans l'affaire Brigitte", promettant l'implication de blogueurs américains.

"Atteinte à l'honneur"

L'enquête a démarré en France après une plainte déposée par Brigitte Macron le 27 août 2024, conduisant à plusieurs vagues d'interpellations, notamment en décembre 2024 et en février 2025.

Parmi les prévenus, le publicitaire Aurélien Poirson-Atlan, 41 ans, connu et suivi sur les réseaux sociaux sous le pseudonyme de "Zoé Sagan". Son compte X, suspendu depuis, a fait l'objet de plusieurs plaintes et est souvent présenté comme lié aux sphères complotistes.

Lors d'une suspension d'audience, il a donné une conférence de presse improvisée, dénonçant un "harcèlement inversé".

La "médium", "journaliste" et "lanceuse d'alerte" de 51 ans, Delphine J., connue sous le pseudo d'Amandine Roy, a souhaité exercer son droit au silence à la barre, expliquant qu'elle s'était déjà longuement "exprimée".

Elle a largement contribué à relayer la rumeur selon laquelle Brigitte Macron, née Trogneux, n'aurait jamais existé et que son frère Jean-Michel aurait pris cette identité après avoir "transitionné".

Condamnée aux côtés de Natacha Rey pour diffamation en première instance en septembre 2024 par la justice française à payer plusieurs milliers d'euros de dommages et intérêts à Brigitte Macron et à Jean-Michel Trogneux, elle a été relaxée en appel le 10 juillet.

La cour d'appel n'a toutefois pas validé la thèse des deux femmes. La juridiction a estimé que l'affirmation selon laquelle Brigitte Macron aurait "effectué une transition de genre sans la rendre publique" ne constituait pas "une atteinte à l'honneur", éléments nécessaires pour caractériser la diffamation.

Mme Macron et son frère se sont pourvus en cassation contre cette décision.

Autre prévenu dans l'affaire, Jérôme A., informaticien de 49 ans, est poursuivi pour avoir diffusé une dizaine de tweets "sarcastiques".

"Une personne puissante doit accepter la critique", justifie-t-il. "Dire +la bite à Brigitte Macron+, c’est une critique ?", a interrogé la présidente.

Plusieurs femmes politiques dans le monde ont déjà fait les frais d'infox à caractère transphobe, comme l'ex-Première dame des Etats-Unis Michelle Obama, l'ex-vice-présidente américaine Kamala Harris ou l'ancienne Première ministre néo-zélandaise Jacinda Ardern.

Hasard du calendrier, Emmanuel Macron va présider mardi une réunion sur la "démocratie à l'épreuve des réseaux et des algorithmes", autour d'une douzaine d'acteurs impliqués sur cette question (associations, chercheurs, médecins, chefs d'entreprise…).

 

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