Depuis la nuit des temps, l’Homme croit en Dieu et la croyance religieuse est devenue le socle de notre société.
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Elle dicte les comportements et façonne l’individu. Mais qu’en est-il de ceux qui ne croient pas en Dieu ? En quoi placent-ils leur foi ?
Dylan Chendrayah, 22 ans : « Je crois dans le respect, la compassion et l’humanité »
Dylan a grandi dans une famille croyante et pratiquante. Enfant, il questionnait tout ce qui était en rapport avec la religion.
« Le système religieux pour moi est très hypocrite. Tout se fait pour le regard de l’autre. Pendant l’adolescence, je me suis intéressé à la mythologie et lors de mes recherches, je me suis demandé pourquoi il y avait autant de dieux. Je n’ai jamais compris pourquoi les gens avaient une foi aveugle dans leur religion.
Je crois dans la liberté de penser et d’action. On décrit Dieu comme un être supérieur, bon et fort, pourquoi y a-t-il alors autant de souffrances dans le monde. Tout cela m’a fait réfléchir, d’où mon rejet du divin. De mon point de vue, la prière ne sert à rien », explique Dylan Chendrayah.
Il ajoute qu’il est un fervent croyant de la théorie de l’évolution de Charles Darwin. « Cette école de pensée est factuelle et les preuves sont là. L’idée selon laquelle Dieu a créé l’homme et la femme ne tient pas la route. Aucun texte religieux ne fait mention des dinosaures et des fossiles, alors que ce sont des faits », fait-il observer.
Pour lui, les gens ont une fausse perception des athées. « Sachant que je suis athée, les gens pensent que j’ai un mauvais comportement et aucune valeur. Mais les gens qui me connaissent vraiment savent que je suis une personne respectueuse et polie.»
« Je suis quelqu’un de très tolérant et ouvert à la discussion. Mais parfois quand j’entends certaines opinions extrémistes sur la religion, je me demande où est la logique et j’interviens », indique-t-il.
Steeve Lam, pasteur : « Qu’ils vivent une expérience avec Dieu »
« Nous, chrétiens pentecôtistes, croyons en un Dieu vivant, un Dieu qui fait des prodiges et des miracles. C’est la rencontre avec Dieu qui fait toute la différence. Je suis sûr que si les athées s’ouvrent à l’Éternel, leur vie sera complètement changée. Je souhaite que les athées vivent une expérience surnaturelle avec Dieu.»
Kevin Seeburrun, 35 ans : « Nous sommes le fruit de l’évolution »
« Enfant, mon grand-père me disait : il n’est pas nécessaire de prier. Faire une bonne action par jour : c’est ta prière. Ses paroles m’ont marqué et ont attisé ma curiosité », dit Kevin Seeburrun.
« L’athéisme, pour moi, signifie la liberté de penser et d’interroger tout dans la vie ; trouver des réponses, être toujours curieux. L’athéisme est, aussi pour moi, un moyen d’être libre. Être capable de revenir à l’essentiel : de regarder autour de moi avec un œil critique et humaniste. »
Il croit aussi dans la théorie de Charles Darwin. « Nous sommes le produit du processus de l’évolution humaine. Nous avons la preuve que nous étions sur Terre depuis des millions d’années et que nous avons évolué. Nous évoluons toujours, mais à un rythme moindre qu’auparavant», explique-t-il.
Pour lui, la religion a fait plus de mal que de bien. « Je respecte tout le monde. Je fais du bien sans rien attendre en retour et je suis présent pour ceux dans le besoin. Mes actions ne sont pas motivées par une place dans le paradis. Le bien, c’est le bien. Notre cerveau est capable de différencier le bien du mal. Cela est imprimé en nous. Il n’y a aucune corrélation entre la pratique religieuse et le comportement moral. De mon point de vue, la religion est la racine du mal. Elle est la cause de nombreux conflits et mène souvent à la destruction. »
Rushil Nagawa, 27 ans : « Je suis en paix, car je n’ai aucune religion »
Rushil Nagawa adopte un raisonnement très scientifique. « Je crois en l’humanité. Regardez toutes les réalisations que nous avons accomplies. Nous sommes à 98 % semblables aux singes et pourtant nous avons construit des télescopes. Nous avons créé la philosophie et l’art. Nous sommes capables de belles choses. Je crois en notre espèce. Attribuer le travail accompli par les hommes à un être imaginaire est illogique et injuste », estime-t-il.
« Être athée, pour moi, est vraiment symbolique. Cela signifie avoir un esprit libre: libre de penser pour moi-même. Je traite simplement les gens, les animaux et les choses comme je voudrais être traité – avec respect et gentillesse. Je ne trouve aucun plaisir à blesser les gens, à torturer des animaux, à endommager les choses ou à polluer l’environnement. Je n’ai pas besoin d’un livre pour guider ma conduite morale. J’utilise simplement le bon sens et l’empathie. »
Origine et évolution - Olivier Précieux : « Le questionnement et la réflexion sont omniprésents »
Olivier Précieux est enseignant de sociologie et selon lui, pour comprendre le phénomène de l’athéisme, il faut bien comprendre les civilisations. Dans la civilisation européenne et particulièrement en France, par exemple, deux événements ont incité à la fracture entre les gens et la religion. Il s’agit de la révolution française et de la loi séparant les religions et l’État, en 1905. « Un changement dans la mentalité est noté à partir de ce moment. L’éducation et la sociologie ont aussi contribué au questionnement. Les gens ont commencé à se poser des questions auxquelles seule la science pouvait répondre. »
Selon l’enseignant, les événements de mai 1968 en France ont aussi symbolisé une période de révolte et de contestation pendant laquelle les étudiants, dans les rues, criaient symboliquement : « Dieu est mort ! ». Plus tard dans les années soixante-dix, Max Weber parlera de « désenchantement »: une société séculaire au sein de laquelle la logique et la science prédominent sur les croyances religieuses.
C’est un fait, l’athéisme est un phénomène qui touche de plus en plus les jeunes. Il y a plusieurs explications au rajeunissement des non-croyants. « Nous vivons à une époque quand le questionnement et la réflexion sont omniprésents. L’adolescent ou même le jeune adulte est en quête de réponses auxquelles la religion ne répond pas », fait-il remarquer
L’influence des médias contribue également au phénomène. Avec Internet, les jeunes se documentent et sont en perpétuel contact avec des théories qui contestent l’idée de Dieu. Il y a aussi une tendance chez les jeunes à rejeter tout ce qui vient de l’adulte. « Cependant, en Europe, contrairement à Maurice, les jeunes reviennent vers la religion, un retour vers le sacré », note-t-il.
Quelle perception avez-vous de l’athéisme ?
Marie-Anne, 50 ans, Rose-Hill « Les athées sont des illuminés »
« Je vois les non-croyants d’un très mauvais œil. Pour moi, ils sont des illuminés. La science ne peut pas tout expliquer. Il est absurde de croire que les hommes descendent du singe. J’ai personnellement grandi dans une famille croyante et pratiquante et ce sont de là que me viennent mes valeurs. Je doute que les athées puissent inculquer des valeurs morales à leurs enfants. C’est dommage. »
Sheetul 22 ans, Curepipe : « Croire en Dieu est une expérience unique »
« Les athées n’ont pas eu la chance de vivre des expériences spirituelles fortes. Ils se tournent vers la science et l’athéisme, car la religion n’a pas su répondre à leurs questions. Cependant, je trouve regrettable que certaines personnes ne croient pas en Dieu, car c’est la plus belle forme d’amour qui puisse exister. »
Laetitia 23 ans, Curepipe : « Un athée est en quête de réponses »
« J’ai moi-même été une athée. Pour moi, l’athéisme symbolise, non seulement ne pas croire en l’existence de Dieu, mais aussi questionner sa propre existence. Un athée se pose constamment des questions... Pour ma part, j’ai eu la chance d’avoir des réponses et je crois maintenant en l’existence de Dieu. »
Ahmad 28 ans, Port-Louis : « Si tout le monde était athée, il n’y aurait pas de guerre »
« Je suis un fervent croyant, mais quand je vois tout ce qui se passe dans le monde, je suis dégoûté. Les guerres de religions et tous ces gens qui commettent des atrocités au nom de Dieu sont une honte. Si le monde est dans un tel état, c’est parce qu’on ne comprend pas l’essence même de Dieu. Il aurait mieux valu que tout le monde soit athée, car il n’y aurait pas de différence et conséquemment pas de guerre. »
Reshmi, 25 ans, Belle-Rose : « Chacun est libre »
« Je pense qu’il faut respecter le choix de tout le monde. Je n’ai aucun problème avec la croyance ou l’athéisme des autres. Je pense que chacun fait son propre cheminement et qu’il y a des convictions différentes. »
Timothy Nootoo
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