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Crise climatique - énergies vertes : à quand les projets innovants? 

De nouvelles inquiétudes font surface concernant le développement du secteur des énergies vertes.

Quelles considérations seront accordées au développement du secteur des énergies vertes alors que l’on se rapproche de l’année 2030, marquée par des objectifs extrêmement ambitieux dans ce domaine ?

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Une préoccupation croissante émerge quant à la priorité qui sera accordée au secteur énergétique en cette année électorale. Cette inquiétude trouve écho parmi divers intervenants étroitement impliqués dans le domaine des énergies vertes. Ils soulignent que le réchauffement climatique se fait de plus en plus ressentir à Maurice, notamment pendant les périodes estivales, avec des augmentations de température de plus en plus marquées chaque année. Cette réalité alarmante dénote la détérioration continue de la situation, mettant en lumière le décalage manifeste entre l’urgence de la crise climatique et les actions concrètes en faveur des énergies vertes qui semblent stagnantes, voire inexistantes. Face à ces enjeux, la question cruciale demeure de savoir si le gouvernement manifestera la volonté politique nécessaire pour relever les défis liés au secteur énergétique et répondre aux impératifs écologiques pressants.

Depuis 2019, l’impression qui se dégage est que le gouvernement a négligé le secteur de l’énergie, caractérisé par l’absence quasiment totale de grands projets énergétiques intégrés au réseau électrique. En 2022, le secteur des énergies vertes a subi un recul, avec une production représentant seulement 19,2 %, bien en deçà de l’objectif de 65 % d’énergies vertes d’ici 2030. Le Central Electricity Board (CEB) a annoncé en décembre 2022 la relance du CEB Greenfield Renewable Energy Scheme destiné aux entités du secteur public. Un communiqué de l’organisme a précisé que, pour cette phase du projet, une capacité cumulative totale de trente mégawatts est disponible, la capacité maximale d’un projet d’énergie renouvelable ne devant pas excéder 15 mégawatts en courant alternatif. Cependant, l’interrogation subsiste quant à savoir si cela sera suffisant pour stimuler le secteur.

Le député Patrick Assirvaden, responsable du dossier énergétique au sein du Parti travailliste (PTr), est catégorique. En examinant la situation depuis 2019, il affirme que les objectifs fixés par le gouvernement en matière d’énergies renouvelables ne seront pas atteints et il est d’avis que ceux-ci étaient irréalistes. « En 2024, nous réalisons à quel point ces objectifs semblaient être uniquement des annonces », déplore-t-il, ajoutant que la situation sera encore pire en 2024. « Malgré l’importance de ce secteur, je suis persuadé que le gouvernement va continuer à ignorer ce domaine en cette période électorale. Le gouvernement préférera se concentrer sur d’autres projets plus populaires. Il sait que le secteur énergétique ne génère pas de gains politiques, il ne faut donc pas se faire d’illusions », dit-il. 

La députée du Mouvement militant mauricien (MMM), Joanna Bérenger, qui siège également sur la Commission Développement Durable, partage la même opinion et affirme que le secteur de l’énergie ne sera définitivement pas une priorité. Elle constate déjà un retard dans la réalisation des objectifs en matière d’énergies renouvelables. « Il est évident que les énergies renouvelables ne sont pas leur priorité. Ils préfèrent continuer à importer du pétrole aujourd’hui alors que chaque année devient de plus en plus chaude, et la consommation d’énergie augmente. Nous sommes déjà dans une crise, et personne ne veut que nous arrivions à la situation de l’Afrique du Sud. La Réunion connaît également des délestages, mais nous n’accordons pas de priorité à ce secteur. Je m’attends au pire, car cela semble relégué au second plan », s’alarme-t-elle.

Du côté du gouvernement, on soutient que les critiques sur le secteur énergétique sont trop sévères. « Certaines personnes qui expriment des critiques importantes oublient que le pays a été touché par la Covid-19, ce qui a probablement entraîné des retards. Cependant, on insiste sur le fait que le gouvernement demeure convaincu du potentiel du secteur des énergies renouvelables pour Maurice. Des projets innovants sont déjà à l’étude », clame-t-on. On souligne notamment un récent appel d’offres lancé par la Mauritius Renewable Energy Agency (MARENA), visant à recruter un consultant possédant une expertise et une expérience pertinentes pour des services de consultation en vue du développement d’un plan d’action pour le recyclage et l’élimination des panneaux solaires photovoltaïques usagés et des batteries de véhicules électriques (VE) à Maurice.

Les efforts déployés par ces initiatives semblent cependant avoir du mal à convaincre. Sunil Dowarkasing, ancien député qui accorde une attention spéciale au secteur de l’énergie, souligne qu’aucun catalyseur significatif n’a encore émergé dans ce domaine. Il met en avant le fait que ce sont les grands producteurs d’énergie à Maurice qui continuent de contrôler le secteur, tant en termes d’énergie fossile que renouvelable, et ce sont toujours les grandes entreprises qui dominent. Il estime qu’une politique visant à démocratiser le secteur de l’énergie aurait dû être mise en place. Il souligne aussi la nécessité de décentraliser la production d’énergie, regrettant le manque d’efforts du gouvernement dans ce sens. 

Selon lui, il y a eu des plans pour encourager les organisations gouvernementales et socioreligieuses à produire de l’électricité, mais cela reste encore très timide. Il suggère également d’encourager les petits foyers à produire de l’électricité, ce qui contribuerait à réduire leurs factures, et les surplus pourraient être renvoyés sur le réseau du CEB. Cependant, il déplore le fait que ces initiatives n’avancent pas, attribuant cela à une connivence trop importante entre certains grands acteurs du privé et le gouvernement, freinant considérablement les progrès dans ce secteur. 

 

 

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