C’est un instant magique et rempli d’émotions pour S* (nom fictif) de pouvoir enfin serrer son enfant dans ses bras après cinq mois de travail sur un bateau de croisière, un mois en quarantaine et une semaine en isolement loin de ses proches. C’était il y a deux semaines. Il revient sur ces retrouvailles.
S* nous raconte que sa petite fille n’avait que deux mois quand il a dû repartir travailler sur un bateau de croisière. « Au début, ma fille ne me reconnaissait pas trop. J’étais un étranger pour elle », explique le jeune père. Mais heureusement pour lui, elle commence peu à peu à s’habituer à sa présence.
S* revient sur les deux derniers mois qui le manquera aussi bien que ses compagnons de quarantaine. « cete premyé fwa qui mo dans mo pays ek ki mo loin ek mo fami.»
Sa vie a connu des rebondissements auxquels il ne s’y attendait pas pendant cette crise sanitaire qu’il passera en quarantaine. Une quarantaine qui devait initialement durer qu’une quinzaine de jours, mais qui s’est étalé sur plus d’un mois.
Négatifs, positifs, négatifs, négatifs
Après un premier test négatif, son deuxième sera positif. Il est alors transféré à l’hôpital ENT où il sera placé avec des cas jugés graves. Un moment dur à supporter pour lui-même et pour les membres de sa famille. Ceux-ci ont cru qu’il avait contracté le Covid-19.
S* va vivre dans ce centre de quarantaine, une expérience qui restera à jamais gravée dans sa mémoire.
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« Je n’arrivais pas à dormir le soir. Des fois, j’entendais les médecins et infirmiers se précipiter au chevet des patients. Certains n’arrivaient pas à respirer. »
Il ressent du chagrin en pensant aux proches de Carl Ah Teck et du docteur Bruno Cheong.
« Mo lili ti entre les deux et nou ti pe koser tre souvent ».
Il entendait des patients tousser, d’autres qui poussaient des plaintes. Il pouvait voir de nouveaux arrivants. Parmi des enfants et des adolescents. « Kan mone cose ar zot monn aprane qui bane la ti ale supermarché. Monn encourage zot».
Il se souvient très bien aussi d’autres personnes qui n’ont pas eu le temps de se préparer et qui arrivaient en salle avec leurs affaires dans un sac en plastique.
Le jeune homme explique qu’il a pu fait face à tout cela grâce à ses proches avec qui il était en contact permanent. Il ne les disait pas toute la vérité pour ne pas les inquiéter.
Ses nouveaux tests étant négatifs, il sera transféré encore une fois en centre de quarantaine où il aura à séjourner jusqu’à ce que son dernier test soit négatif.
S* dit qu’il est parvenu à passer cette éprouve en restant positif. « Je ne me suis pas stressé au risque d’affaiblir mon système immunitaire ».
C’est avec beaucoup de soulagement qu’il apprendra qu’il pourra enfin rentrer chez lui. Une fois à la maison, il a continué à prendre des précautions. « Je me suis encore isolé pour protéger ma famille», explique S* .
La période d’auto isolation terminée, il a récupéré son enfant et sa femme chez sa famille.
Le jeune père retrouve graduellement ses habitudes.
Leçon de vie…
Aujourd’hui, avec du recul sur ce qu’il a vécu ces deux derniers mois, notre compatriote nous confie l’avoir pris comme une leçon de vie. « Cela fait quelque temps déjà que je me disais qu’il fallait arrêter les croisières, mais sak fwa mo dire l'année prochaine », témoigne S*.
Cette fois-ci, c’est décidé. Il ne reprendra pas la mer de sitôt, préférant la chaleur de la famille et le bonheur de voir grandir sa fille.
S* a vu les conséquences du Coronavirus de près. Il lance un appel à tous les Mauriciens de continuer à respecter les consignes sanitaires même s’il y a le déconfinement.
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