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Covid-19 et gestes barrières : une responsabilité collective

L’augmentation des cas positifs et de décès liés à la Covid-19 est sur toutes les lèvres. Les décisions prises par les autorités sont souvent critiquées, mais qu’en est-il des gestes barrières ? Un constat dans les villes a permis de relever les bons et les faux pas. Reportage. 

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Il est 8 heures, le mardi 9 novembre. La gare de Rose Hill grouille de gens, même s’il semble qu’il y ait un tout petit moins d’étudiants. Certains jeunes marchent seuls d’un pas rapide. D’autres ne peuvent résister à l’envie de rejoindre leur petit groupe d’amis et de faire la route ensemble. Ils se donnent la main, se font la bise, des accolades, et parlent pourtant de la Covid-19 ! 

À Port-Louis, à la mi-journée, c’est les activités habituelles. Les gens ne semblent pas pressés, font du lèche-vitrine et s’arrêtent chez les commerçants pour se rafraichir. Sur les arrêts d’autobus, difficile de respecter la distanciation sociale. « Si mo al lwin laba bann dimoun pou fonse pou rant avan mwa dan bis. Akoz sa mem mo bizin res la. Bis la pou vini li pou plin. Pa pou gayn plas mem », explique une femme. 

Au marché, certains clients irritaient les maraîchers. « Zot zis tous bann legim me zot pa aste. E zot amerde kan nou dir zot pa fer sa », font-ils observer. Les couloirs ne permettent pas de garder un mètre de distance, cependant toutes les personnes que nous avons croisées avaient leurs masques. Certains cependant les portaient sur le menton, sans doute pour se donner bonne conscience ou pour montrer que le masque est bien là ! 

Dans la plupart des autobus, la distanciation sociale est inexistante. « Nou oblize asiz enn akot lot », dit une passagère. « Ou krwar ki sakenn pou asiz tousel lor enn ban. Mem si governma pas sa lalwa la, nou pou touzour pli prese ek nou pou anvi frode », lance-t-elle. 

Dans les petites rues de Curepipe, comme dans les autres villes, plusieurs personnes vont à la boutique du coin, sans porter de masque. Nous avons approché l’une d’elles, « Lamem la sa ! La boutik de pa ar mwa. Abe ki ou problem ou ? Vey ou zafer », nous a-t-elle lancé. 

Quelques minutes plus tard, nous avons interrogé le boutiquier. Ce dernier gêné avance qu’ils ne cessent de demander aux clients de porter leurs masques. Mais certains ne manquent pas de l’insulter. « Mo esay res lwin ek zot. »

Cependant à Beau-Bassin, à la rue Père-Laval, un petit commerce de confiseries et de pâtisseries affiche à la craie en grand à l’entrée que si le client ne porte pas de masque, il ne sera pas servi. 

La responsable est très à cheval sur les consignes sanitaires. Elle est derrière un comptoir presque complètement blindé. Et elle reste loin des clients et utilise son sanitizer après le passage de chaque client. 

Dans une rue de Quatre-Bornes, deux jeunes se rencontrent après l’école et plus amoureux que jamais, ils s’enlacent. Cupidon semble plus fort que la Covid-19 et tant pis de la distanciation sociale. D’autres jeunes plus loin sont groupés. Ils viennent de terminer l’école. Ils font la course tandis que d’autres se sont donné rendez-vous sous une boutique. 

Un marchand de légumes ne porte pas de masque. Il sert les clients sans aucune gêne. Nous lui demandons le pourquoi de cette imprudence et il explique sans hésitation. « Sa travay mo fer la, pa fasil, mo gayn so, mo lame sal, sak fwa mo net bizin tir mask la ek enn lame sal. Mo fatigue ar sa mwa. » Pourtant non loin de la, cinq jeunes maçons travaillent sous un soleil de plomb et personne n’a oublié son masque. 

Dans une ruelle, deux camarades de beuverie attendent avec impatience l’ouverture du bar du coin. Ils ne comptent pas rentrer à la maison de sitôt. Ils sont assis à leur endroit habituel et ont leurs masques, sauf que la plupart du temps, le masque est trop gênant. Alors, ils le portent sous le menton ou l’enlèvent carrément. De toute façon ils se voient tous les jours. Et s’ils sont testés positifs, ils ne sentiront pas seuls ! Un petit garçon revient de l’école et les regarde avec de gros yeux. « Ma, to pann dir ki si mo pa met mask mo pou mor ? Kifer sa de misie la pe anvi mor, hein ma ? » Sa mère toute gênée accélère le pas et le gronde. 

À Vacoas, trois jeunes causent au bord de la route, ils ne sont pas allés à l’école aujourd’hui à la demande de leurs parents. « Mwa mo pa pou al lekol ditou mwa, pou al mor laba. » Cependant aucun d’entre eux ne porte le masque. Si un a le sien autour du poignent, les deux autres n’en ont pas, ou peut-être qu’ils les cachent bien au fond de leurs poches. Ils se partagent une chopine de Coca et commentent l’actualité. « Tou sa dimounn la inn mor. Mo mama p vinn fol dan lakaz. Mo bizin vey mo tifrer, pa fasil sa. Pa kone kot sa bann zafer varian la sorti. »

Un autre jeune vient les rejoindre, lui aussi n’a pas de masque. Il parle avec un jeune qu’on donnerait facilement 11 ans ou 12 ans. Il est chez le marchand de gâteau. À la demande de ses parents, il est venu acheter « 5 dipin frir ». Il est difficile pour lui de respecter les gestes barrières. Il porte son masque, mais touche à tout, s’arrête et fait un brin de causette a toutes les personnes qu’il connait. Comme lui, plusieurs enfants sont dans les rues. On ne sait pas si c’est avec l’accord de leurs parents ou s’ils profitent de leur absence pour faire ce qu’ils veulent. 

En tout cas, une chose est sure, si chacun n’y met pas du sien, on est loin de sortir de cette galère. Et si seulement combattre la Covid-19 devenait l’affaire de tous ? 

Les supermarchés n’appliquent pas les mêmes règles 

Dans certains supermarchés, une personne a été assignée à s’assurer que toutes les personnes qui entrent aient l’obligation de passer par la prise de température et le sanitizer. Mais dans d’autres le sanitizer est là pour ceux qui veulent bien l’utiliser. Dans un autre libre-service, ni thermomètre ni sanitizer n’était visible. Interrogé, le responsable du supermarché a avancé : « ou pa gayn drwa vinn la san permission. Mo ena tou seki bizin mwa. Sirma ou lizie pa bon ».

 

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