Live News

Cours en ligne : leurs avantages et leurs lacunes en cette période de pandémie

Publicité

Les cours en ligne ont vite trouvé leur place dans le monde éducatif. La proximité virtuelle a remplacé le contact physique entre un enseignant et son élève. Alors que le nombre de cas positifs à la Covid-19 ne cesse d’augmenter, ces cours permettent aux élèves en zone rouge de ne rater aucun cours. Mais quid de l’organisation, des lacunes et de la gratuité pour la SC et HSC ?

Un smartphone, une tablette, un ordinateur ou encore un écran font partie des nouveaux outils pour étudier. La pandémie de Covid-19 a obligé les étudiants du monde entier à trouver d’autres solutions pour continuer leurs études. Dans le cas des élèves dans les zones rouges, les cours en ligne sont pratiques, mais il semble que certains professeurs ne jouent pas le jeu.

Tel est le cas pour Nushrat qui est en Grade 10 et qui habite à Plaine-Verte. Son père, Naushad explique : « L’école a repris le 5 juillet dernier, puis la région a été placée en zone rouge tout juste après. Ainsi, mes enfants sont toujours à la maison. Les autorités ont annoncé que nos enfants n’allaient pas être déconnectés de leurs études, mais ce n’est pas le cas ». En effet, son fils qui est en Grade 13 dans un collège d’État de la capitale n’a pas été contacté par les enseignants pour les cours.

Les étudiants en zone rouge abandonnés à leur sort ?

« J’ai eu à appeler le recteur pour que le nécessaire soit fait, mais à ce jour, il n’y a que deux enseignants qui ont pris contact avec lui. Comme il est en Grade 13, il doit être prêt pour ses examens du Higher School Certificate (HSC). Avec la situation actuelle, il risque d’être en retard avec les autres élèves qui vont en classe ». Pour éviter que cela n’arrive, ce père de famille a opté pour les leçons particulières pour ses deux enfants. « Je n’ai pas d’autre choix, car leur éducation est importante ». 

Interrogé au sujet des cours prodigués aux élèves en zone rouge, le président du Syndicat des recteurs et assistants-recteurs des collèges d’État, Preetam Mohitram a indiqué : « Les professeurs ont été conseillés de faire des cours en ligne avec les élèves en inversant les jours en semaine. Vu que les grades 9, 11 et 13 sont libres les mardi et jeudi, les étudiants peuvent suivre les cours en ligne ces jours-là. Bien sûr, les professeurs s’organisent par eux-mêmes ». Selon lui, la majorité des élèves suit les cours en ligne « sauf probablement pour des groupes où il manque des enseignants ». 

D’ailleurs, les professeurs concernés ont déjà créé des groupes WhatsApp ou Gmail avec l’appui de l’administration de l’école. Ainsi les élèves suivent les cours en cliquant sur les invitations pour basculer sur Zoom ou d’autres plateformes. Il est impératif que chaque école organise des cours en ligne pour les étudiants en zone rouge afin d’éviter les coupures avec leurs études. Quant aux professeurs qui habitent en zone rouge, ce sont leurs collègues, du même département si possible,  qui assurent les classes à leur place. 

De son côté, la présidente du Student Front, Angela Ghurburrun croit savoir que les élèves en zone rouge n’ont pas de cours.  « Les professeurs considèrent que ces élèves sont absents de la classe, mais c’est faux. Ils ne choisissent pas de ne pas être en classe et pour cela, une procédure doit être mise en place, comme le streaming. L’enseignant pourrait utiliser un ordinateur ou un téléphone pour permettre aux enfants à la maison de suivre les cours. Ce serait pratique pour les élèves atteints par la Covid-19 ou pour ceux qui ne sont pas encore vaccinés ». 

Un écolier devant la télévision pour les cours télévisés.
Un écolier devant la télévision pour les cours télévisés.

Sessions de rattrapage

Les autorités sont conscientes que la situation sanitaire actuelle ne permet pas aux élèves d’étudier de façon optimale. Un préposé au ministère de l’Éducation nous confie que des dispositions sont prises pour les enfants qui pourraient avoir un retard à la fin du premier trimestre, prévue pour le 27 août ou au début du deuxième trimestre. Par contre, un recteur d’un collège du sud du pays souligne qu’il ne faut pas se leurrer. Selon lui, le programme d’études du premier trimestre ne pourra pas être complété. « Il nous faudra être prudents et ne laisser aucun enfant sur la touche. Chaque élève a besoin d’une attention particulière pour progresser, mais la situation actuelle ne le permet pas. Certains sont à la maison, d’autres à l’hôpital, dans des centres de quarantaine ou encore en classe… une situation qui est loin d’être idéale », fait-il remarquer. 

Pour sa part, Preetam Mohitram soutient que les sessions de rattrapage sont organisées tant que possible par des professeurs pour les élèves qui ont des soucis avec l’internet ou qui n’ont pas de smartphone. « C’est possible et facile pour certains départements, mais pour d’autres, c’est assez compliqué, car avec le  stagerred time-table les professeurs de langues ont fort à faire avec des sessions journalières », ajoute-t-il. Il fait aussi ressortir que, certes le système de l’éducation est un peu chaotique en ce moment, mais les recteurs et les écoles sont là pour aider et s’adapter afin que l’enseignement se fasse au jour le jour afin que les élèves puissent prendre part aux examens dans les meilleures conditions possibles. 
« Je pense que l’internet et le WiFi pour les écoles sont devenus primordiaux, car actuellement les classes peuvent se faire même en l’absence des élèves et des professeurs coincés en zone rouge.  Mais bien sûr, il aura toujours un tout petit groupe d'élèves qui seront toujours hors réseaux », conçoit Preetam Mohitram. 

Les institutions catholiques sont aussi conscientes de cette situation. Clive Anseline confie que les chefs d’établissements et les professeurs connaissent les élèves en difficulté. « Nous avons développé une approche spéciale avec les élèves qui sont dans le besoin. Nous les avons identifiés et les responsables de chaque établissement ont pris contact avec les parents concernés. Nous ne voulons pas d’une éducation à deux vitesses », précise le responsable de communication. 

C’est ainsi que les élèves identifiés reçoivent leurs devoirs ou explications par téléphone. Les devoirs ou autres notes sont aussi disponibles à l’école et l’élève identifié les reçoit en s’y rendant physiquement. « La situation est compliquée, mais nous avons besoin de la collaboration et de la compréhension des parents pour avancer surtout pour les enfants en difficulté. Notre but est de ne stigmatiser aucun enfant et il nous faut trouver des mécanismes pour le faire… ».

Les cours en ligne bel et bien une réalité

En revanche, les autorités concernées, dont Leela Devi Dookun-Luchoomun, affirment que les cours en ligne sont une réalité. En effet, dans sa réponse au député rouge, Mahend Gungapersad à l’Assemblée Nationale mardi dernier, la vice-première ministre et ministre de l’Éducation a indiqué que les élèves des Grades 7 à 9 ont accès au Student Support Portal (SSP), mis en place avec la collaboration du National Council of Educational Research and Training de l’Inde.  Ceux des Grades 10 à 13 ont des cours en ligne sur Microsoft Teams ou Zoom. Il y a environ 40 000 élèves et 8 500 éducateurs qui ont reçu leurs « login » pour la connexion. Les enfants du primaire ont recours aux émissions éducatives disponibles sur la télévision nationale en mode Replay. 

Au niveau du Service Diocésain de l'Éducation catholique, (SeDEC), le responsable en communication, Clive Anseline explique que les cours en ligne sont déjà prodigués aux élèves.  Chaque collège catholique utilise une plateforme choisie selon les besoins et la compréhension des élèves.  Au primaire, le SeDEC dispose de la plateforme  « Sharedlearning Mauritius (RCEA) élaborée par une équipe de praticiens de l’éducation catholique à Maurice. Les écoliers des Grades 1 à 6 et parents peuvent se connecter et étudier. Des vidéos contenant des explications interactives sont disponibles. Tout a été adapté selon les besoins des enfants.

La présidente du Student Front,  Angela Ghurburrun.
La présidente du Student Front, 
Angela Ghurburrun.

Les solutions pour les cours en ligne

Angela Ghurburrun, qui est en Grade 13  au Mahatma Gandhi Institute (MGI) de Moka et présidente du Student Front, fait le point sur les cours en ligne. Elle soutient que les enseignants ont un rôle majeur à jouer. « Les cours en ligne dépendent des enseignants et de leur dévouement à faire la classe aussi bien que possible, mais aussi de leurs moyens. Certains n'ont pas d'ordinateur ou de connexion internet stable, mais avec de la volonté, un éducateur peut surmonter de telles difficultés ».

L’élève relate que la meilleure classe en ligne qu’elle a suivie a été faite par un enseignant équipé d'un téléphone qu'il utilise pour filmer son cahier par Zoom. « Des plateformes comme Google Classroom rendent les classes accessibles aux élèves qui n'ont pas d'ordinateur et permettent aux enseignants de suivre le progrès et le travail de leurs élèves ». 

Elle propose que les écoles effectuent des sondages afin de s’assurer que chaque élève a au moins un ordinateur ou un smartphone, ainsi qu’une connexion internet. « Les PTAs et le ministère de l’Éducation, si besoin, doivent aider les élèves qui ne disposent pas des outils nécessaires pour les cours en ligne. Nous encourageons vivement des programmes de donation pour eux. Il n’y a pas mal de personnes qui ont de vieux téléphones et des ordinateurs qui fonctionnent, mais qu’ils n’utilisent pas. Cela peut faire la différence pour un enfant pour l'accès à l'éducation ».


Les cas spéciaux

Depuis le début des cours en présentiel, de plus en plus de cas positifs à la Covid-19 sont détectés en milieu scolaire. Certains établissements ont même fermé leurs portes temporairement. Les élèves positifs au virus sont soit en auto-isolement, soit en quarantaine, mais ils ne sont pas oubliés, assurent les responsables du ministère de l’Éducation. Ils peuvent suivre les cours disponibles à la télévision pour le primaire sur la chaîne replay ou sur la plateforme Student Support Portal (SSP). Par contre, les étudiants qui suivent des traitements à l’hôpital ENT n’ont pas de cours en ligne. 

Il nous revient que tous les élèves concernés seront pris en charge à leur retour en classe. 

Les critères de gratuité remis en question ?

Avec les cas positifs à la Covid-19 en milieu scolaire, un problème se pose au niveau des conditions entourant les 90 % de présence obligatoire pour bénéficier de la gratuité des examens au School Certificate (SC) et au Higher School Certificate (HSC).  Cette gratuité est offerte seulement aux élèves qui composent ces examens pour la première fois et qui doivent avoir un taux de présence de 90 % en classe pendant les deux années menant aux épreuves. Le taux de présence au collège est pris en considération depuis le début de Grade 10 ou 12, jusqu’à la distribution du time-table original par le Mauritius Examinations Syndicate (MES). 

Mais avec la situation qui prévaut, cette mesure est-elle toujours d’actualité ? Qu’est-ce que les autorités ont prévu pour les élèves incapables de se rendre en cours pour des raisons involontaires de leur part ? Selon les conditions établies, c’est au chef d’établissement que revient la tâche de justifier les absences notifiées par les parents. Toutes les raisons, en cas de maladie, d’admission à l’hôpital ou de restrictions à cause de la pandémie, doivent être impérativement signalées dans le délai prescrit au recteur qui va en prendre note. 

D’ailleurs, dans une circulaire en date du 7 juillet 2021, sur la tenue des examens au mois de mai-juin 2022 / 2023, il est stipulé que les parties responsables doivent être au courant de toutes les conditions entourant les 90 % de présence de leurs enfants au collège. Les parents ont jusqu’au 6 août prochain pour signer toutes les conditions y relatives. Les chefs des établissements doivent détenir un relevé des absences des élèves et en avoir fait état aux parents sur une base mensuelle. 

Néanmoins, certains parents craignent que des recteurs  usent de leur position pour pénaliser les élèves, malgré les billets d’absences ou certificats médicaux. 

 

 

Notre service WhatsApp. Vous êtes témoins d`un événement d`actualité ou d`une scène insolite? Envoyez-nous vos photos ou vidéos sur le 5 259 82 00 !