
Interpellé au Parlement mardi par la députée Anabelle Savabaddy, première élue de la circonscription Port-Louis Nord–Montagne Longue (No 4), le Premier ministre Navin Ramgoolam a répondu à une question portant sur les circonstances entourant une manifestation survenue le 27 août 2024 à Côte-d’Or. L’incident avait suscité une vive controverse dans le contexte tendu du retrait de baux fonciers accordés à des organisations socioculturelles. La cérémonie organisée ce jour-là par le ministère des Arts et du Patrimoine culturel concernait la remise de baux pour des terrains d’État à la Hindi Speaking Union, à l’Urdu Speaking Union et au Mauritius Tamil Cultural Centre Trust.
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Mais l’événement s’est déroulé dans un climat de tensions, dû à une décision antérieure du gouvernement sortant. Ce dernier avait, unilatéralement, mis fin au bail initialement attribué au Mauritius Tamil Cultural Centre Trust sur un terrain situé à Réduit Triangle, afin de réaffecter la parcelle à une société privée du Nundun Gopee Group, en vue d’un projet immobilier de luxe.
« Cela a été fait dans le but délibéré de transférer ledit terrain en faveur d’une société appartenant au groupe Nundun Gopee afin de lui permettre d’étendre ses activités à Réduit Triangle en vue de la création d’un village de retraite de luxe. Ce geste a été interprété comme une insulte suprême par la communauté tamoule », explique Navin Ramgoolam. C’est dans ce contexte qu’une manifestation pacifique a eu lieu, peu avant 16 heures, à proximité du site de la cérémonie. Sept personnes prenaient part au rassemblement, qualifié de conforme à la législation en vigueur sur les réunions publiques. Quatre d’entre elles ont été interpellées par la police pour l’infraction de « rogue and vagabond » (vagabondage).
Parmi les manifestants arrêtés figuraient trois hommes – Devarajen Kanaksabee, Kissen Gangadoo et Veda Gounden – qui, selon la version rapportée par Navin Ramgoolam, auraient été brutalement extraits du lieu de rassemblement par les forces de l’ordre avant d’être conduits au bureau de la Criminal Investigation Division (CID) de Moka.
Un quatrième manifestant, Rajen Narsinghen – aujourd’hui Junior Minister aux Affaires étrangères – a été « traîné de force et brutalisé » par des policiers en civil, selon le compte rendu fait par le Premier ministre. Il aurait été projeté au sol, puis poussé sans ménagement dans un véhicule de police, malgré ses protestations. Pris de malaise, il avait été transporté d’urgence à la clinique Wellkin Fortis pour y recevoir des soins.
Dans sa réponse, le Premier ministre a confirmé qu’une enquête sur l’infraction de « rogue and vagabond » est toujours en cours. En parallèle, une autre procédure a été engagée à l’encontre d’une autre personne, inculpée provisoirement pour « agression sur un agent de l’autorité » deux jours après les faits. Il a été libéré sous caution.
Interrogé spécifiquement sur le recours à la force, Navin Ramgoolam a déclaré que les policiers justifient leur intervention par la résistance supposée des manifestants à leur arrestation. « Ce n’était pas le cas », a précisé le Premier ministre, soulignant que la scène avait été filmée et largement diffusée sur les réseaux sociaux. Il a toutefois noté l’absence d’ouverture d’enquête par l’Independent Police Complaints Commission (IPCC), malgré la nature des allégations. Quant à la possible implication de bouncers lors de la manifestation, Navin Ramgoolam a indiqué qu’aucun agent de ce type n’était présent sur les lieux, selon les registres de la police.

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