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Contexte électoral et recommandations du FMI : le Budget de tous les dangers ?

Le FMI recommande notamment de contenir les dépenses courantes.

Le Fonds monétaire international a fait des recommandations pour améliorer l’état de l’économie de Maurice. La balle est désormais dans le camp du ministre des Finances qui présentera très prochainement le Budget 2024-25. 

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À la suite des consultations au titre de l’article IV avec Maurice, le Fonds monétaire international (FMI) concède que l’économie du pays a fortement rebondi après la pandémie. La croissance du Produit intérieur brut (PIB) réel de Maurice, qui a atteint 8,9 % en 2022, est estimée à 7 % en 2023, selon le FMI. 

Toutefois, les délégués de l’institution estiment qu’à l’avenir, il sera difficile pour Maurice de garantir une économie durable et résiliente. La raison principale est que les amortisseurs budgétaires et extérieurs ont été érodés pendant la pandémie. Les administrateurs du FMI admettent que des défis et des risques à la baisse subsistent. 

Raison pour laquelle ils en appellent à la poursuite de politiques prudentes pour Maurice. L’idée est de reconstituer les amortisseurs budgétaires et extérieurs. Les administrateurs suggèrent un assainissement budgétaire progressif et favorable à la croissance à moyen terme afin de reconstituer les réserves budgétaires et réduire davantage la dette publique. 

Ils recommandent de mobiliser les recettes fiscales et de contenir les dépenses courantes, tout en préservant les dépenses sociales essentielles pour protéger les plus vulnérables. Les administrateurs préconisent de renforcer la gestion des finances publiques, notamment en rationalisant les fonds spéciaux extrabudgétaires. 

Les notes de l’article IV du FMI sur Maurice sont tombées à un moment où le grand oral du ministre des Finances approche à grands pas. Le Budget 2024-25 sera présenté le 7 juin prochain. Après une décroissance d’environ 15 % en 2020, la vulnérabilité de l’économie locale a été exposée à d’autres chocs externes. 

En vue du Budget, quelle approche Renganaden Padayachy doit-il adopter par rapport aux recommandations du FMI ? Azim Currimjee, observateur économique et Managing Director de Quality Beverages Ltd (QBL), est d’avis qu’un bon équilibre est essentiel. 

« Il n’y a rien de contraignant. Le gouvernement a toujours pris en considération les priorités macroéconomiques. Les chiffres du taux d’endettement par rapport au PIB démontrent à titre d’exemple que le pays a progressé. Cette trajectoire devrait se poursuivre. Je pense que les recommandations du FMI seront prises en compte », avance-t-il.  

Face à la neutralité des administrateurs du FMI, une approche prudente est proposée par un Chief Executive Officer (CEO) opérant dans le privé. Celui-ci met en garde contre le fait que Maurice se retrouve dans un cercle vicieux qui accélère l’état-providence et qui n’est pas soutenable dans le moyen et long terme. « Il faudra que l’économie locale génère une croissance importante oscillant entre 6 % et 8 % pour pouvoir supporter une politique sociale », fait-il comprendre. 

Socialiste 

Avec les élections en ligne de mire et les 20 mesures annoncées par l’alliance de l’opposition, le gouvernement devrait tenter d’affiner ses moyens de séduction de l’électorat. « Nous sommes dans une année de campagne électorale et d’élections. Nous aurons donc probablement un budget social ayant pour objectif d’attirer les votes. D’ailleurs, le social prime face à l’économie pour n’importe quel gouvernement qui présente un dernier budget de son mandat », indique le CEO du privé.  Toutefois, les violons ne semblent pas s’accorder du côté du gouvernement. D’une part, le ministre des Finances indique qu’au lieu d’être un Budget « labous dou », les mesures seront orientées vers l’amélioration de la condition de vie des Mauriciens. 

D’autre part, le Parliamentary Private Secretary Prakash Ramchurrun contredit Renganaden Padayachy en affirmant que le Budget 2024-25 sera « labous dou » et répondra aux attentes de la population. Le CEO du privé fait observer qu’un Budget socialiste et populiste comporte un coût économique. Ce ne serait donc pas très judicieux de plomber davantage la dette du pays, qui est estimée à Rs 524 milliards à mars 2024. 

Azim Currimjee souligne, pour sa part, qu’il est préférable d’attendre le discours budgétaire pour avoir les idées claires. « Les derniers budgets présentés par Renganaden Padayachy avaient un équilibre économique. Le partage des gains économiques s’était fait sans que cela n’affecte la croissance. Les mesures appropriées et qui sont alignées avec un principe de croissance saine seront prises pour le prochain Budget », conclut-il.

 

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