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Construction de 19 hôtels : l’impact environnemental inquiète

Vendredi, le ministre du Tourisme, Steven Obeegadoo, a annoncé la construction de 19 nouveaux hôtels au coût de Rs 21,3 milliards.

Au moment même où le Premier ministre plaide avec insistance sur l’urgence du changement climatique lors de forums internationaux, son adjoint, Steven Obeegadoo, vient d’annoncer la mise en chantier de plusieurs projets hôteliers. Une annonce qui soulève des interrogations, mais aussi des préoccupations.

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Le pays pourra-t-il  soutenir de nouveaux projets de construction ? Alors que Maurice subit de plus en plus les effets liés au dérèglement climatique, le ministre du Tourisme, Steven Obeegadoo, a, le vendredi 22 septembre, annoncé la construction de 19 hôtels. Bien que les sites sur lesquels ils seront conçus n’ont pas été dévoilés, les projets de ce type sont généralement conçus sur les côtes. 

Sauf que la construction côtière présente des risques considérables, notamment la saturation des zones et les inondations. Ces projets, d’un investissement global de Rs 21,3 milliards, visent à stimuler l’économie, notamment dans les secteurs de la construction et de l’emploi. Cependant, il est impératif de prendre en compte les implications écologiques de ces projets, compte tenu de la crise climatique actuelle.

Le Premier ministre, Pravind Jugnauth, lui-même, a souligné ces préoccupations lors de ses interventions au sommet du G20 en Inde et lors de sa participation à l’Assemblée des Nations unies, où il a plaidé en faveur d’un soutien financier accru pour les pays les plus touchés par le dérèglement climatique, dont Maurice. Ainsi selon divers observateurs du dossier environnemental, il est troublant de constater que, alors que le Premier ministre s’engage activement dans la lutte contre le dérèglement climatique, son adjoint annonce des projets hôteliers. 

Cette décision soulève des interrogations à la lumière des rapports gouvernementaux récents. En 2021, le ministère du Logement et des terres avait publié un rapport intitulé Stratégie nationale de développement foncier, qui recommandait de repenser les développements hôteliers en bord de mer en raison de leur impact environnemental. Le rapport préconisait plutôt un modèle axé sur la campagne et le tourisme éco-responsable, mettant en avant la nécessité de protéger les sites classés au patrimoine mondial et les zones côtières sensibles.

Un changement stratégique vers des projets touristiques situés plus loin des côtes pourrait contribuer à atténuer les problèmes liés au changement climatique, tout en favorisant l’industrie touristique et les communautés rurales.

Le député du Parti travailliste (PTr) Fabrice David souligne que le développement touristique ne doit pas se faire au détriment de l’environnement, de la préservation des écosystèmes et de la protection des littoraux vulnérables. Il appelle à une évaluation approfondie des projets existants avant d’envisager de nouveaux développements hôteliers.

« Il est également crucial de connaître l’emplacement précis de ces 19 hôtels annoncés par le ministre, afin d’éviter de nuire aux villages voisins et de préserver l’accès des Mauriciens aux plages. Il est également important de clarifier l’origine des investissements, qu’ils soient mauriciens ou étrangers, et leurs objectifs », soutient Fabrice David. 

L’importance de la durabilité

Le député ajoute que le PTr et ses alliés s’engagent à faire de Maurice un « green state », en cas de victoire aux prochaines élections générales, mettant en avant la prise en charge du dérèglement climatique dans toutes les décisions gouvernementales. Il note également que de plus en plus de touristes choisissent leurs destinations en fonction de critères environnementaux, ce qui souligne l’importance de la durabilité dans le secteur touristique.

De son côté, l’océanographe Vassen Kauppaymuthoo évoque la nécessité pour Maurice d’entreprendre une étude approfondie sur sa capacité d’accueil touristique. « Maurice est un territoire limité, avec seulement 320 kilomètres de côtes, ce qui signifie que nos ressources sont déjà limitées. De plus, nos lagons sont dans un état préoccupant en raison des impacts du changement climatique. Par conséquent, il est impératif d’exercer une grande prudence avant de lancer de nouveaux projets », fait-il ressortir. 

« Malheureusement, il semble que la croissance soit encore souvent considérée comme la principale mesure du succès d’un pays, au détriment du développement durable. Alors que le Premier ministre participe activement à des sommets internationaux en plaidant pour des financements liés au changement climatique, le fait d’annoncer des projets contradictoires envoie un signal confus. Cette incohérence risque de compromettre notre crédibilité et de nous priver de l’accès aux financements nécessaires », appréhende Vassen Kauppaymuthoo.

De plus, il souligne que, pour mieux positionner Maurice en tant que destination haut de gamme, il est essentiel de reconnaître que le tourisme ne se résume pas au soleil, à la mer et au sable. « De nombreux voyageurs recherchent des expériences axées sur l’environnement et ils sont déçus de voir la dégradation des coraux et de l’environnement marin. Nous sommes à un carrefour critique où il est nécessaire de repenser notre approche du tourisme et de promouvoir un modèle plus durable », plaide l’océanographe.

 

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