Consommation : les prix des légumes flambent à cause du mauvais temps

Au chapitre de la consommation, les impacts du mauvais temps s’invitent à table. Désormais, avec les intempéries de ces dernières semaines, une pénurie de certains légumes et une hausse des prix ne sont pas à écarter. Il faut compter une augmentation entre 5 et 10 % cette semaine, fait-on comprendre. 

Kamal Ramdewar, responsable de KR Agritrade, déplore que les cultures soient affectées et la récolte est en chute libre à cause des intempéries. Les légumes les plus affectés sont les carottes, les choux et les piments.

De son côté, Shweta Bhujun, responsable d’une compagnie qui cultive des légumes et les distribue dans les supermarchés, se désole que les averses ne soient pas bénéfiques aux cultures. Autre constat : les racines ont été submergées dans l’eau, tandis que la chayotte (chou-chou) a perdu toutes ses fleurs.

Pour elle, l’augmentation de prix des légumes ne dépend pas uniquement de l’offre et de la demande. Le climat y joue aussi un grand rôle. Ainsi, aussi longtemps qu’il y aura de fortes pluies, ne permettant pas de nouvelles cultures, la situation ne va pas s’améliorer. Ces prix seront maintenus, car plusieurs champs ont été inondés. La coriandre, la tomate, le piment, la courge et la courgette font partie des légumes qui ont été affectés. « D’ores et déjà, la plupart des récoltes commencent à pourrir. C’est le cas pour les concombres qui étaient prêts à être récoltés. 50 % de notre culture a été abîmée », ajoute notre interlocutrice. 

Shweta Bhujun estime que le secteur agricole a besoin d’investissements continus. « À titre d’exemple, il faut compter plus de Rs 100 000 pour un arpent sous culture, du semis à la récolte », précise-t-elle. 

Les raisons pour lesquelles les légumes sont chers

• La majoration du prix des fertilisants et engrais sur le marché international.
• La flambée des prix des semences agricoles qui sont importées de pays étrangers.  
• Le planteur doit offrir 10 % de commission aux encanteurs pour vendre les légumes.
• Le prix du sac en filet de nylon dans lequel les vendeurs commercialisent les légumes a doublé. 
• L’augmentation des prix des carburants affecte le coût de distribution. 

Les prix actuels 

Questions à… Pierre-Philippe Lenferna, Head of Agrinnovation du département Agriculture de Médine : «Nous pensons terminer l’année financière avec une production d’environ 3 250 tonnes»

Comment se porte le secteur agricole et que propose votre compagnie ?
Cela fait plus de 20 ans déjà que Médine produit des fruits et légumes. En 2012, nous avons lancé le label « Jardins de Médine » où on retrouve une gamme variée de fruits et de légumes cultivés sous le principe de l’agriculture raisonnée, un secteur où nous sommes les pionniers à Maurice. Ce sont, entre autres, la pomme de terre, l’oignon rouge et jaune, la carotte, la laitue, la banane, le giraumon, la pomme d’amour, la tomate cerise et la courge. Il y a également une gamme de fines herbes ainsi que des produits prêts à l’emploi tels que des laitues déjà lavées. Au niveau des fruits, on propose des letchis, des mangues et des jujubes (maçons). À savoir que nos produits sont empaquetés en respectant les normes sanitaires en vigueur et  bénéficient de la certification HACCP. 

Comme les autres planteurs, les récentes averses ont eu un impact sur nos champs avec plus ou moins de dégâts. Elles ont aussi affecté nos préparations de sol pour les futures plantations de pommes de terre et d’oignons. Par ailleurs, au niveau national, nous faisons face à un manque de main-d’œuvre dans les champs. Nous constatons que les jeunes sont de moins en moins intéressés par les métiers agricoles. 

Quel est le volume de production de fruits et de légumes attendu cette année ? 
Le groupe produit en moyenne 3 500 tonnes de fruits et de légumes chaque année. La production est sujette à la saisonnalité de certains produits comme la pomme de terre et l’oignon. Par rapport à l’année 2020-21, notre production pour la période de juillet à décembre 2021 a connu une nette hausse. Nous pensons terminer l’année financière qui s’achève le 30 juin 2022 avec une production d’environ 3 250 tonnes comparativement à 1 649 tonnes pour l’année précédente. Nous comptons augmenter significativement notre production dans les mois à venir.

Quelle est votre stratégie pour booster davantage ce secteur ? 
Notre stratégie consiste à monter dans la chaîne des valeurs en maximisant nos ventes à travers notre marque « Les Jardins de Médine » qui est destinée à tous les consommateurs à la recherche de produits sains et sûrs. Nous nous sommes engagés dans la transformation de certains de nos produits. Nous avons plusieurs projets qui sont déjà en bonne voie et que nous dévoilerons prochainement. Notre objectif reste inchangé : c’est-à-dire continuer à offrir des produits sains grâce à nos méthodes de production basées sur l’agriculture raisonnée.