À l’approche de l’entrée en vigueur du permis à points en janvier 2026, le débat sur la sécurité routière s’intensifie. Certains acteurs du secteur estiment que son efficacité demeure limitée en matière de réduction des accidents.
C’est dans cette perspective que le Managing Director de GFA Insurance, Abdel Ruhomutally, propose qu’un National Accident and Vehicle Information Register (NAVIR) soit mis en place. Ce registre national centraliserait l’historique des accidents et des véhicules à Maurice.
Selon la documentation transmise au ministère du Transport, ce registre palliera les lacunes du système actuel, qui repose principalement sur les rapports de police. Ceux-ci sont souvent incomplets et nécessitent une compilation manuelle provenant de sources diverses.
Comportement
Le registre proposé intégrerait les données des compagnies d’assurance afin d’obtenir une vision plus précise des sinistres, du comportement des conducteurs, de l’historique des véhicules et des risques associés. Dans sa lettre, GFA Insurance insiste sur la nécessité d’« une réponse moderne et concrète » pour faire face à la hausse des accidents et au relâchement de la discipline routière. La compagnie d’assurances rappelle les attentes croissantes du public en matière de transparence et de responsabilisation.
Pour Abdel Ruhomutally, le permis à points constitue une avancée, mais « ne va pas prévenir les accidents ». Il estime que certaines infractions, bien qu’elles soient punissables, ne sont pas toujours liées à des comportements accidentogènes. Il cite l’exemple d’un conducteur qui fumerait au volant sans causer d’accident, tandis qu’un autre, roulant à 90 km/h sans respecter le Code de la route, pourrait provoquer un accident grave. Selon lui, cette différence n’est pas suffisamment reflétée dans le mécanisme du permis à points, ce qui limite également la capacité des assureurs à appliquer efficacement le système de bonus-malus. « On ne cesse de dire que les assurances ont augmenté, mais on ne parle pas du fait que les assureurs ne peuvent pratiquer le bonus-malus, car certains conducteurs ne sont pas vraiment pénalisés. »
Transparence
Le projet NAVIR repose aussi sur un aspect économique et de protection des consommateurs. GFA Insurance souligne que le marché des voitures d’occasion connaît une forte croissance et que les acheteurs ne disposent pas toujours d’informations fiables sur l’historique des véhicules. Le registre, consultable à travers la NLTA, permettrait d’accéder à un rapport complet avant tout achat. « Très souvent, il y a des pièges.
Mais avec le NAVIR, un acheteur peut demander un historique du véhicule. Ce qui rendra service aux futurs acheteurs, mais aussi aux assureurs. » Le document propose aussi un modèle de financement basé sur des abonnements institutionnels et des frais de consultation, pouvant générer environ Rs 54 millions par an pour l’État, selon les projections réalisées.
Le NAVIR se présente donc comme un outil destiné à renforcer la discipline routière, à améliorer la transparence du marché automobile et à permettre une meilleure tarification du risque. GFA Insurance précise néanmoins qu’il s’agit d’une proposition soumise aux autorités et non d’une recommandation formelle. Abdel Ruhomutally assure que sa compagnie d’assurances reste disponible pour accompagner toute réflexion sur ce sujet. Pour lui, une amélioration durable de la sécurité routière nécessite une action collective entre les organismes publics, les forces de l’ordre et les assureurs.
NAVIR expliqué
Le National Accident and Vehicle Information Register (NAVIR), proposé par GFA Insurance, se présente comme un registre national qui centralise toutes les données liées aux accidents et à l’historique des véhicules à Maurice. Les principaux volets de la proposition :
Centralisation des données routières
Un registre unique regroupant les informations provenant de la police, de la National Land Transport Authority (NTLA) et des compagnies d’assurance, afin de pallier les rapports incomplets ou dispersés.
Historique complet des véhicules
Chaque véhicule disposerait d’un dossier accessible à la demande, permettant de connaître les sinistres passés, les réparations majeures et les dommages importants.
Outil d’aide à la décision pour les acheteurs
La NLTA pourrait fournir, contre une redevance, un rapport d’historique aux personnes souhaitant acheter un véhicule d’occasion.
Base d’appui pour le bonus-malus
Les assureurs pourraient consulter des données plus complètes sur le comportement des conducteurs, facilitant une tarification plus précise du risque.
Meilleure transparence pour le marché « pre-owned »
Les ventes de véhicules d’occasion seraient sécurisées, limitant les fraudes et les « pièges » liés à des dommages non déclarés.
Accès public limité et encadré
Le registre serait consultable par les autorités, les assureurs et, moyennant un frais, par les citoyens souhaitant obtenir l’historique d’un véhicule avant achat.
Modèle de financement durable
La proposition inclut un système d’abonnements institutionnels et de frais de consultation, dont les revenus pourraient soutenir l’entretien du registre.
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