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Conséquence du Brexit: le spectre de la désintégration plane sur l’UE

Le Brexit vient confirmer les craintes du Forum économique mondial. Dans son rapport rendu public à Davos en janvier, ce dernier avait évoqué la possibilité d’une désintégration graduelle de l’Union européenne. Cette semaine, penseurs, ministres et investisseurs européens font aussi part de leurs appréhensions. Dans son rapport sur les risques mondiaux, le Forum économique mondial avait évoqué la perte du contrôle de l’État, la fragilité des institutions européennes et la montée du populisme comme les principaux éléments qui pourraient déclencher le processus « de désintégration de Schengen, de la zone euro et même du marché unique ». Le président de la Commission européenne, Jean-Claude Juncker, avait concédé que « l’heure est grave », mais il n’avait pas l’intention d’abandonner. Dans une analyse publiée samedi, le financier milliardaire George Soros  lance un vibrant appel à la reconstruction complète de l’Union européenne pour la sauver de la désintégration. « Désormais, le scénario catastrophe que beaucoup redoutaient s’est produit. Le Brexit rend la désintégration de l’Union européenne pratiquement irréversible », considère-t-il. Selon ce magnat financier, les conséquences seront comparables à la crise financière de 2007-2008. « Tous les marchés financiers  vont rester dans une zone d’incertitude pendant les négociations longues et complexes du processus de divorce politique et économique entre le Royaume-Uni et l’UE », prévient-il.

Sanctions imposées

Sur Francetv.info, Christian Lequesne, professeur à Sciences Po et spécialiste des questions européennes, fait ressortir que pour la première fois, l’UE est confrontée à un processus de désintégration alors qu’elle est basée sur un principe d’intégration. De son côté, le Wall Street Journal estime que l’UE pourrait être fragilisée par des sujets brûlants comme l’immigration et les sanctions imposées contre la Russie. « Récemment, les pays membres de l’UE ont convenu de prolonger de six mois les sanctions contre la Russie, mais certains pays, dont l’Italie, l’Allemagne et la Grèce, cherchent à les atténuer. Le Royaume-Uni était le plus fidèle partisan de la chancelière allemande Angela Merkel sur la question des mesures restrictives contre la Russie mais maintenant, Mme Merkel a perdu cet allié », fait ressortir le Wall Street Journal. À Maurice, on se montre très prudent. L’économiste Vishal Ragoobur, Assad Bhuglah, l’ancien directeur du département du Commerce international au ministère des Affaires étrangères, et un banquier qui s’exprime sous le couvert de l’anonymat sont convaincus qu’à ce stade, il n’y a aucune raison de s’affoler car si désintégration il y a, ce ne sera pas dans l’immédiat. « La désintégration ne frappera pas l’Europe et le monde à l’improviste comme une calamité naturelle. Cela prendra beaucoup de temps et entre-temps, beaucoup d’eau aura coulé sous les ponts », fait ressortir Vishal Ragoobur. Selon lui, vu que le projet européen est un politique avant d’être économique, les leaders européens ne vont pas lésiner sur les moyens pour éviter la désintégration qui n’est dans l’intérêt d’aucun pays européen. « Sans la présente unité, il sera très difficile pour la majorité des pays européens de faire face, seul, à des enjeux de taille comme l’immigration », affirme-t-il. Toutefois, il admet que dans quelques pays, on peut être tenté de suivre l’exemple britannique. En France, l’extrême-droite parle déjà de Frexit, aux Pays-Bas de Nexit et en Autriche d’Auxit. Il y a quelques années, il était question de Grexit – la sortie de la Grèce de l’UE dans le sillage de sa débâcle économique. Pour Assad Bhuglah, une éventuelle désintégration de l’UE « aura certainement des effets néfastes sur les pays européens et, par ricochet, sur l’économie mondiale ». Dans n’importe quel cas de figure, le commerce international, précise-t-il, va se maintenir. Toutefois, poursuit-il, on doit s’attendre à de nouveaux contours. « Pour la simple et bonne raison que la désintégration va éliminer le commerce préférentiel. Du coup, le prix des produits va prendre l’ascenseur. En d’autres mots, les consommateurs paieront très cher la désintégration », explique-t-il.

Centre financier par excellence

Un banquier mauricien, qui s’exprime sous le couvert de l’anonymat, considère que même si le Brexit pousse le Royaume-Uni dans un no man’s land, Londres va demeurer le centre financier par excellence de l’Europe et du monde. « Les plus grandes banques d’investissement se trouvent à Londres, qui enregistre beaucoup plus de transactions que New York par exemple. Londres est un banking passport pour les plus grands investisseurs du monde. » À coup sûr, les leaders européens vont tout mettre en œuvre pour éviter la désintégration. Entre-temps, il va leur falloir gérer cette période d’incertitude et d’instabilité qui est féconde à une récession économique.
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