L’important effectif de la force policière jeudi dernier à proximité de la New Court House, lors de la comparution du ministre du Commerce Yogida Sawmynaden a surpris . Jamais cette zone, décrétée ‘restricted area’ par le commissaire de police, n’a été témoin de policiers armés, blindés et de tireurs d’élite du Groupement d’Intervention de la Police Mauricienne (GIPM) positionnés sur le toit du One Cathedrale Square.
Environ 300 policiers affectés dans les diverses unités de la force policière (force régulière, Special Mobile Force, Special Supporting Unit, CID, services de renseignements et GIPM) en uniformes et en civil, armés étaient présents à proximité de la New Court House de Port-Louis. En sus des policiers, il y avait quatre blindés, 21 4x4 de la SSU et quelques véhicules avec des policiers en civil. La section 13 (B) de la Police Act de 1974 stipule qu’un tel déploiement est nécessaire, car il est question de danger public. Le commissaire, comme stipulé par la loi, est la seule personne pouvant décréter la zone comme étant une ‘restricted area’ contrôlant ainsi tous les points d’accès menant vers la New Court House. Outre ces véhicules, quatre blindés de la SMF étaient également en stationnement au Champ de Mars en attente du feu vert pour débarquer sur les lieux.
C’est au Divisional Commander en charge de la région de Port-Louis de solliciter les unités de la force policière et peut-être même du nombre de policiers, qu’il juge nécessaire pour assurer la sécurité dans ce genre de situation. Pourquoi ? Des officiers de police basés aux services de renseignements (National Security Services) ont dit détenir des informations qu’un « rassemblement était prévu afin de créer du désordre dans cette partie de la capitale ». C’est pour avorter tout dérapage, fait-on comprendre, que la police a sorti l’artillerie lourde jeudi.
« Outre nos informations à l’effet qu’il y aurait du grabuge dans la capitale, nous avons minutieusement analysé la situation lors de la première comparution en Cour du ministre Yogida Sawmynaden en décembre dernier. La situation était sur le point de se répéter avec l’assaut de la voiture du ministre afin de lui infliger une correction. Mais le plan des manifestants a été déjoué », fait comprendre un haut gradé des services de renseignements.
Ouvrir le feu
Les policiers étaient-ils prêts à ouvrir le feu en cas de dérapage des manifestants ? Oui et non. Au niveau des Casernes centrales de la police, des hauts gradés constituant l’état-major de la force policière précisent que les principes du ‘PLAN’ (Proportionate, Legality, Accountability et Necessity) comme stipulé dans les Standing Orders allaient être considérés. Mais s’il arrive que les manifestants ne veuillent pas obtempérer aux ordres, la police n’aurait eu d’autre choix que d’ouvrir le feu afin de dissuader la foule. Selon nos interlocuteurs, seul un haut gradé à partir du rang d’Assistant Superintendant of Police (ASP) est en droit de donner l’ordre pour ouvrir le feu dans ce cas précis.
« L’important déploiement de la police comporte des avantages, car c’est un moyen de décourager ceux voulant semer le désordre, mais également des désavantages étant donné qu’une telle démarche démontre que la police règne en maître dans le pays », explique-t-on.
Décourager tout dérapage
Le Divisional Commander de Port-Louis, à savoir l’Assistant Commissionner of Police (ACP) Mohunlal Madhow, qui a été contacté, se dit « satisfait du déroulement de la journée de jeudi ». La situation était, déclare-t-il, sous contrôle. « La forte présence policière qui avait pour but de décourager tout dérapage a produit les résultats escomptés : les sympathisants se sont bien comportés. D’ailleurs, je leur remercie pour leur compréhension », souligne notre interlocuteur.
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