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Commission Caunhye : Dass Appadu, secrétaire fantôme de l’ex-Présidente

Dass Appadu Dass Appadu n’était certes pas présent jeudi aux travaux de la commission Caunhye mais il a beaucoup été question de lui.
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Les travaux de la commission Caunhye se sont poursuivis jeudi, avec l’audition de plusieurs fonctionnaires, dont Taslimah Codadeen, Assistant Permanent Secretary à la State House du 27 juin au 29 novembre 2016.

Dass Appadu refusait de disparaître du château du Réduit même quand il n’était plus secrétaire à la Présidence. Il donnait encore des instructions aux officiers, notamment pour demander l’accès aux facilités VIP de l’aéroport pour Alvaro Sobrinho et son entourage. Dass Appadu était un personnage incontournable de la State House même après avoir été transféré ailleurs. C’est ce qu’a déclaré à la commission d’enquête, présidée par le juge Asraf Caunhye, Taslimah Codadeen, Assistant Permanent Secretary (APS) postée à la State House entre le 27 juin et le 29 novembre 2016.

C’est le 3 novembre 2016 que Dass Appadu est transféré du secrétariat à la Présidence. Pourtant, même après cette date, il communiquera directement avec les officiers qui y sont postés pour demander qu’Alvaro Sobrinho et d’autres personnalités liées au Planet Earth Institute (PEI) aient accès au VIP Lounge de l’aéroport. Le 16 novembre 2016, il écrira notamment à Taslimah Codadeen.

Dans ce courriel, il fait une requête pour un accès aux services VIP et il demande à l’APS de traiter le sujet « as a matter of priority ». À la question de savoir comment Dass Appadu pouvait encore donner des instructions alors qu’il n’était plus le secrétaire de la Présidente, Taslimah Codadeen répondra : « Il était parti, mais il était bel et bien présent. Il était présent physiquement à la State House. Il envoyait des courriels. Il donnait des instructions. » Quand elle quitte la State House le 29 novembre de la même année, Dass Appadu en arpente encore les couloirs au quotidien. Il n’était absent que les jours où il n’était pas au pays.

Asraf Caunhye a voulu comprendre comment il pouvait y avoir deux secrétaires à la Présidence en même temps ? « Ce n’est probablement pas à moi de répondre à cette question », a répliqué la fonctionnaire. Elle a expliqué qu’après le départ de Dass Appadu, elle a transféré les courriels qu’il envoyait à Mme Bheenick, celle qui lui a succédé. « Ce n’était pas vraiment acceptable qu’il soit encore en train de donner des instructions aux officiers. Je crois qu’elle était déjà au courant de la situation. Elle l’avait rencontré dans le bureau de la Présidente. »

Utilisation du VIP Lounge

Taslimah Codadeen a également dit que Dass Appadu utilisait une voiture qui était « probablement » une Jaguar immatriculée D1955 pour se rendre au château du Réduit. « Je ne crois pas que c’était sa voiture de fonction à l’époque où il était au service de la Présidente », a-t-elle précisé.

Taslimah Codadeen fait partie d’un groupe d’officiers qui étaient postés à l’époque à la State House et qui ont signé des lettres pour l’utilisation du VIP Lounge de Plaisance par diverses personnalités du PEI, incluant Alvaro Sobrinho. Elle signera personnellement deux lettres : une le 22 août et une autre le 3 novembre 2016. Elle a expliqué que c’est normalement le secrétaire à la Présidence qui est autorisé à signer ces lettres, mais que certains officiers avaient été appelés à le faire « on his behalf ». Taslimah a souligné qu’« il était le point de contact avec le Planet Earth Institute. On agissait sous ses instructions ».


Les invités « personnels » de la Présidente

Me Hervé Duval Jr, avocat d’Ameenah Gurib-Fakim a demandé des clarifications à la fonctionnaire Modee Chooroomoney.
Me Hervé Duval Jr, avocat d’Ameenah Gurib-Fakim a demandé des clarifications à la fonctionnaire Modee Chooroomoney.

Quand elle organisait des fonctions officielles à la State House, Ameenah Gurib-Fakim avait non seulement une liste d’invités officiels mais aussi une liste d’invités « personnels ». Révélation faite par Modee Chooroomoney, Office Management Executive. Cette dernière a signé plusieurs lettres pour des requêtes d’accès au VIP Lounge par Alvaro Sobrinho et des personnes associées au PEI entre le 10 novembre 2015 et le 16 mars 2016. « J’ai reçu des instructions du secrétaire à la Présidence. Parfois des instructions verbales, parfois écrites. Je faisais une ébauche que je lui soumettais et il donnait son approbation », a-t-elle dit. C’était elle aussi qui rédigeait les requêtes que Dass Appadu signait de sa main.

Pressée de questions par le juge Caunhye, Modee Chooroomoney a révélé le statut des invités du PEI auprès de la Présidence : « J’ai rencontré Alvaro Sobrinho, Mauricio Fernandes, James Knight, monsieur Pinto… Ils étaient les invités de la Présidente pour les fonctions officielles. Nous savions qu’ils étaient les invités personnels de la Présidente. »

Me Hervé Duval Jr, avocat d’Ameenah Gurib-Fakim qui était absente, a voulu clarifier certains points auprès de la fonctionnaire. Il a voulu savoir pendant combien de temps elle a été à la State House sous la présidence de Gurib-Fakim et comment elle savait que ses invités étaient « personnels ». Modee Chooroomoney a répondu : « Je suis partie après 13 mois. J’ai eu des instructions d’écrire les invitations comme personal guests plutôt qu’invités officiels. Mais cette formule est apparue uniquement quand monsieur Appadu a commencé à signer les invitations, pas durant les six mois où c’était moi qui le faisais. »


Les familiarités de la State House avec le Planet Earth Institute

Les témoignages de certains officiers en poste à la State House pendant que Dass Appadu était secrétaire à la Présidence ont fait état de la proximité que ce dernier entretenait avec certains membres du Planet Earth Institute (PEI). S’il était considéré comme un « frère » par certaines figures de proue du PIE, celles-ci s’adressaient à d’autres officiers de la State House par leur prénom.

Ce sont des courriels lus par Doomun Kumar Ramma, Office Management Executive à la State House, qui ont dévoilé la familiarité qui existait entre Dass Appadu et José Pinto, celui qui gérait les affaires mauriciennes d’Alvaro Sobrinho. « Dear Das… » ou encore « Hi Brother… It was a lovely dinner last night », peut-on notamment lire dans ces courriels envoyés par José Pinto à Dass Appadu.

Il s’agit en fait des requêtes faites pour avoir accès au VIP Lounge pour Alvaro Sobrinho à ses nombreux départs de Maurice. Du 6 octobre 2015 au 21 février 2017, il y en aura 16. Les requêtes sont faites pour Alvaro Sobrinho lui-même, mais également pour son épouse et d’autres noms associés au PEI, comme Rodrigues Martins et Mauricio Fernandes. Il y aura également 27 demandes supplémentaires pour des membres du PEI en l’absence de Sobrinho du 10 novembre 2015 au 13 février 2017.

Cette familiarité ne se limitait pas au seul Dass Appadu. Preeti Geerdharry, Office Management Executive jusqu’au mois de mars de cette année, a également été très proche de certains membres du PEI. Le 20 avril 2017, elle reçoit un courriel de James Knight du PEI pour lui demander une copie de la lettre de démission d’Ameenah Gurib-Fakim de la vice-présidence du PEI. Il démarre la lettre par « Dear Preeti » et signe « James ».

Le courriel est envoyé à l’adresse e-mail privée de la fonctionnaire qui explique que son courriel officiel govmu.org était inutilisable. Dans sa réponse, cette dernière démarrera par la formule « Dear James » et conclura avec « Kind regards, Preeti ». Face aux questions du juge Caunhye, Preeti Geerdharry désignera même « Mauricio » par son prénom avant de se raviser et de dire « Mr. Fernandes ».

Pourquoi tenait-elle encore compte des instructions de Dass Appadu alors que ce dernier avait déjà été transféré ? « Je connaissais monsieur Knight et monsieur Fernandes. Ils venaient souvent à la State House pour rencontrer monsieur Appadu », a-t-elle répondu. Ces deux derniers se rendaient fréquemment à la State House quand le PEI devait être officiellement lancé à la State House. Preeti Geerdharry a expliqué qu’elle a estimé qu’il était normal d’accepter ces instructions : « Comme la Présidente d’alors était toujours la vice-présidente du PEI, j’ai conclu que c’était okay de le faire. »

  • LDMG

 

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