Depuis notre indépendance, notre île s’est toujours efforcée à la construction d’une nation arc-en-ciel harmonieuse. L’unité nationale a toujours été au centre de la vision du peuple mauricien pour bâtir et promouvoir un pays multiculturel vivant dans la paix. Mais faisons-nous assez pour inculquer le sens de l’appartenance à la nation mauricienne ? Est-il nécessaire de mettre sur pied un comité pour consolider l’unité nationale ?
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«Ene sel lepep, ene sel nation ». Ce slogan représente la vision mauricienne, celle d’une nation vivant en harmonie où l’on prône l’unité dans la diversité et où le patriotisme et l’intérêt national priment sur l’intérêt individuel ou d’un groupe de personnes. Nous voyons cet élan national lors de grands rassemblements tels que les derniers Jeux des îles de l’océan Indien. Cependant certains ingrédients nous empêchent de nous focaliser sur l’avenir de notre pays. Et qu’en est-il de nos efforts pour favoriser davantage un esprit patriotique et consolider l’unité nationale ?
Dans son premier message de Noël adressé à la nation le mercredi 25 décembre, le président de la République, Pradeep Roopun, a annoncé qu’un comité a été mis en place pour consolider l’unité nationale. Ce dernier a lancé un appel aux Mauriciens :
« Nou travay ansam pou ki nu batir enn lil Moris kot fer bon viv. Progre prosperite ek boner enn pei li possib kan nou tou nou met lame a la pat », a-t-il dit.
Ancien ministre et observateur politique, Jean-Claude de l’Estrac est d’avis qu’un comité n’est absolument pas nécessaire. « Ce qui est nécessaire et même indispensable, c’est de la part des institutions de la République, la démonstration permanente et rigoureuse du respect des droits de tous. »
L’unité nationale serait-elle un mythe ou une réalité ? « La nation mauricienne existe depuis près de trois siècles et elle a démontré sa résilience. Qu’est-ce qu’une nation ? Elle est une construction politique. Elle est la conséquence de la volonté d’un groupe de personnes de construire leur futur, ensemble, sur un territoire donné. Venus de gré ou de force, depuis des décennies, ceux qui sont devenus les Mauriciens, ont imaginé un modèle de vivre-ensemble unique dans le monde. C’est cela la réalité mauricienne », soutient-il.
Fait-on cependant assez en faveur de l’unité nationale ? Jean-Claude de l’Estrac pense que ce n’est jamais assez. « La nation n’est jamais une construction définitive. La grande diversité de notre population, ce que nous aimons dire qu’elle est notre plus grande richesse, pose aussi, par moment, notre difficulté à reconnaître à tous les citoyens exactement les mêmes droits. Notre obsession politique à promouvoir la ‘République des tribus’, si elle participe à la cohésion sociale, peut aussi devenir un déni d’égalité. Le meilleur moyen de promouvoir l’unité nationale, c’est de démontrer l’égalité des droits ».
Que faudrait-il donc faire pour inculquer le sens d’appartenance à la nation ? « Qu’est-ce que cela veut dire ?
Que les Mauriciens ne se sentent pas Mauriciens ? Les Mauriciens ont même un fort sens d’appartenir à une nation qui leur offre parfois, trop rarement, des occasions de fierté. Mais les Mauriciens, comme tout le monde, ont aussi des identités multiples. Il n’y a aucune contradiction à être un patriote mauricien tout en revendiquant un attachement à une identité ancestrale par exemple », répond ce dernier.
Transparence et méritocratie
Pour le sociologue Rajen Suntoo, l’unité nationale est l’âme de notre pays. « Pour un pays aussi divers en termes de race, de culture et d’ethnicité que Maurice, l’unité nationale est l’élément sine qua non pour l’avancement et le développement de notre nation. Depuis notre indépendance en 1968, beaucoup d’efforts ont été consentis pour le progrès vers l’unité nationale mais il y a cependant encore beaucoup d’efforts à faire pour promouvoir le patriotisme, le respect d’autrui et des religions et pour renforcir notre démocratie, entre autres. L’unité nationale est ancrée dans l’âme de tous les Mauriciens et sa consolidation est vitale pour notre avenir ».
Le sociologue est d’avis que deux choses sont très importantes pour la consolidation de l’unité nationale. « La transparence et la méritocratie au niveau des recrutements, que ce soit dans le secteur public ou le secteur privé, sont primordiales. Nous devons nous assurer que tous les Mauriciens bénéficient de chances égales afin que notre pays puisse avancer. Nous devons donc promouvoir davantage une éducation non seulement académique mais aussi culturelle qui se focalise sur le sens du patriotisme. Par exemple, l’hymne national doit être une obligation chaque matin dans toutes nos écoles pré-primaires, primaires et secondaires. »
Il soutient que tous les gouvernements ont travaillé dur pour promouvoir l’unité nationale. « Notre gouvernement actuel fait beaucoup aussi. Toutefois, je pense que c’est au niveau des ministères que le travail doit se faire notamment la mise en place de lois sur la transparence et la bonne gouvernance ».
Il salue l’initiative du président de la République pour la mise sur pied d’un comité pour consolider l’unité nationale. « Cependant il est crucial de définir les rôles de ce comité. Comment va-t-il procéder ? Qui seront les membres de ce comité et qui tiendra les rênes ? C’est important de savoir tout cela », avance le sociologue.
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