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Combat contre la drogue - La surveillance maritime : une des grosses lacunes 

Une surveillance accrue des eaux mauriciennes est impérative pour les invités de l’émission « Au coeur de l’info ».

Dans l’émission « Au Cœur de l’Info », diffusée hier, lundi 6 février, et animée par Ruth Rajaysur et Patrick Hilbert était dédiée à l’épineux problème de la drogue à Maurice. La surveillance maritime est pointée du doigt. 

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Les internautes qui ont suivi « Au Cœur de l’Info », émission également diffusée en direct sur Facebook, ont pu découvrir le reportage grand format de TéléPlus, intitulé « Drogue : une traque sans fin ». Ce reportage décortique l’univers de la drogue et son acheminement jusqu’à Maurice à travers la voie maritime. D’ailleurs, pour Alain Malherbe, expert en affaires maritimes présent sur le plateau, le point faible dans la lutte contre la drogue, est bel et bien la surveillance des eaux territoriales du pays. Il déplore le manque de contrôle accru de notre zone économique exclusive (ZEE) de 2,3 millions km carrés. « Il est extrêmement difficile d’assurer la surveillance de la ZEE sur de vieux rafiots. De plus, il y a un manque de coopération entre le personnel des Dorniers et celui du National Coast Guard (NCG) », a-t-il déclaré. 

Alain Malherbe a cité l’exemple du 16 novembre dernier où il était en train de surveiller  les eaux mauriciennes. « J’ai vu un bateau qui est passé au sud de la Réunion, puis il est venu à la limite de Maurice. Subitement, il a disparu du radar. C’est devenu un bateau fantôme. J’ai un système me permettant de reconstruire son itinéraire. J’ai vu que le bateau est passé à 6 000 nautiques de Pointe-d’Esny, alors que c’est illégal, car il faut être à 12 000 nautiques. Après le bateau est parti comme si de rien n’était, une situation qui me fait douter de l’efficacité de la surveillance maritime  par les autorités concernées », a-t-il ajouté.

C’est surtout la côte ouest qui est surveillée de près, or, selon Alain Malherbe, ce n’est pas le point de rentrée de la drogue à Maurice. « Je ne crois pas à la théorie que la drogue entre par l’Ouest. Je pense qu’elle arrive par l’Est qui n’est pas assez surveillé. Les parrains et trafiquants ne vont pas faire venir de la drogue de l’Ouest, sachant que les côtes de cette région font l’objet d’une surveillance accrue », explique-t-il. L’invité de l’émission a relaté avoir fait l’expérience personnellement du silence des diverses stations de la garde-nationale de la côte est. Il a appelé plusieurs fois ces stations, mais aucun officier ne l’a jamais répondu. « Dans ce cas, pourquoi conserve-t-on des appareils qui ne fonctionnent pas ? ». Il dénonce aussi « le manque de volonté des gouvernements successifs » dans ce combat. 

Il plaide pour que tous les bateaux soient dotés d’un « automatic identification system » (AIS). Selon lui, il faut impliquer la MTPA dans cette démarche, car c’est elle qui octroie les permis. Or, il n’y a pas de contrôle sur les mouvements des bateaux. « Il faut modifier la loi pour que les balises satellitaires deviennent obligatoires afin d’avoir une meilleure surveillance en temps réel », préconise-t-il. 

Alain Malherbe recommande également que la NCG soit dotée de plus d’équipements pour mener à bien sa mission de protéger notre territoire et nos jeunes contre le fléau de drogue. « Cette unité de la police est souvent sous les feux des projecteurs et parfois à tort, car le personnel ne dispose pas des moyens requis. Les officiers doivent se fier sur le trafic marin qui n’est pas à 100 % fiable », fait-il ressortir.

L’ancien haut gradé de la police, Hector Tuyau évoque aussi un manque de moyens à la NCG et l’ADSU. De plus, il est d’avis que les différentes unités dans la lutte contre la drogue doivent travailler en symbiose afin de mieux quadriller la ZEE. 

Il a aussi abordé le délicat chapitre des policiers « corrompus », un phénomène qui n’est pas nouveau a-t-il précisé. « Il est très difficile de changer la mentalité des individus qui veulent s’enrichir. Malheureusement, c’est la minorité des policiers corrompus qui fait que la majorité intègre souffre. On doit pouvoir identifier les coupables à travers la déclaration de leurs avoirs, leur train de vie et leurs biens. Les policiers qui détiennent des biens importants doivent justifier leur provenance. Actuellement, il n’y a pas de loi, mais il faudrait réfléchir sur ce sujet si on veut venir à bout de ce monstre à sept têtes », avance-t-il. 

Quid du racket ? Y’a-t-il des policiers qui extorquent de l’argent par intimidation ? À cette question,  Hector Tuyau pense que ce n’est pas le cas. « Il y a plusieurs équipes au sein de l’ADSU. Un officier ne peut pas prendre de l’argent au nom de tous. Les équipes vont agir. Je pense plutôt que des policiers préviennent les trafiquants s’ils savent qu’il y aura une descente », indique-t-il. 

Situation hors de contrôle

En matière de lutte contre le fléau de drogue, le travailleur social José Ah Choon, également présent sur le plateau, confie être dépassé par la situation. Il ne cache pas son désarroi face au rajeunissement des consommateurs et l’ampleur que prennent les drogues de synthèse. « La mentalité a changé. Les jeunes sont arrogants et ne craignent pas les autorités. J’ai dû renvoyer quelques-uns, car ils ont un comportement brutal. La situation est hors de contrôle », se désole-t-il. 

Il ne cache pas que la réhabilitation devient « de plus en plus difficile ». « Je suis désespéré en ce moment. J’ai peur. La situation est hors de contrôle », ajoute José Ah Choon. Ce dernier plaide encore une fois pour une table ronde, avec tous les acteurs concernés pour revoir la politique concernant la drogue, car, selon lui, on ne peut plus continuer avec la réduction des risques.

Parvez Dookhy : « Franklin, un homme libre à Maurice »

L’avocat Parvez Dookhy est revenu sur la commission rogatoire internationale. « C’est un jugement demandant aux autorités, dont la police d’un pays, de procéder à un interrogatoire ou une enquête contre une personne », explique l’homme de loi. Il déclare, cependant, que dans le cas de Franklin, c’est aux autorités d’agir. Ce dernier, a-t-il précisé,  « reste un homme libre à Maurice », car les faits se sont déroulés à la Réunion. « Le procès peut se faire en son absence. S’il n’a pas reçu de convocation, il peut faire opposition au procès et demander d’être rejugé », a-t-il conclu.

 

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