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Christine, mariée à un Nigérian : après trois mois au Nigéria, elle est retournée à Maurice, son paradis

Christine dans la rue du village nigérian habité par son mari.
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Christine, 25 ans, est une manucure professionnelle mauricienne qui a trouvé l’âme sœur au Nigéria via un site de rencontres. Il s’agit d’un coiffeur de profession qui était venu à Maurice en deux occasions. L’année dernière, les deux tourtereaux se sont fiancés à Maurice, puis ils se sont envolés pour le Nigéria où ils ont convolé en justes noces. Certes, sa belle-famille et les Nigérians, en général, l’ont réservé un bel accueil, mais elle a préféré retourner à Maurice pour plusieurs raisons. Elle se confie à ce sujet. 

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Au Nigéria, les chemins des villages comportent plein de nids de poules puisque pas asphaltés, dit Christine.

Dans le passé, Christine a bien voyagé, mais c’est la première fois qu’elle s’est rendue dans un pays d’Afrique en octobre 2021. « Avant d’arriver au Nigéria, l’avion a fait une escale à Nairobi, la capitale du Kenya. J’ai passé dix heures à l’aéroport toute seule, avant que je puisse reprendre mon vol. J’ai dormi dans l’aéroport, car on ne m’a pas proposé une chambre d’hôtel. Par la suite, j’ai appris que ce n’est pas une pratique courante, mais que les choses avaient changé à cause de la pandémie », raconte-t-elle. Elle ajoute : « À l’aéroport de Nairobi, je n’avais que 10 dollars dans mon sac à main. Un café coûtait 4 dollars ».

Une fois arrivée à l’aéroport de Lagos au Nigéria, elle constate que ce dernier est bien moins luxueux que celui de Plaisance. Selon elle, il était presque vide. Pour quitter l’aéroport, il fallait suivre les procédures qui étaient très longues. Pendant deux heures, elle a été questionnée par des militaires qui ne lui ont rien offert à boire pendant tout ce temps passé dans la pièce. « Pour étancher votre soif, le seul moyen est de boire de l’eau du robinet qui se trouve à l’intérieur des toilettes », raconte-t-elle. Christine précise que les militaires n’étaient pas méchants, mais très méfiants. « En constatant que j’étais une étrangère, ils m’ont posé une série de questions sur le but de ma visite ou encore sur les circonstances entourant la rencontre avec mon mari, entre autres », indique-t-elle.

À sa grande joie, son fiancé l’attendait à l’aéroport. Grâce à un petit coup de main d’un militaire qu’il connait, il a pu avoir accès à l’intérieur, conscient que sa femme étrangère ne serait pas autorisée à sortir de l’aéroport aussi facilement. Sa présence a été une grande source de réconfort pour Christine. Cette dernière a passé un jour à Lagos avant de se rendre chez la mère de son mari qui vit à Aba. « C’est un village qui est souvent dépourvu d’eau et d’électricité. Si vous avez la fourniture électrique le lundi, elle sera interrompue durant les deux jours suivants. Il faut attendre jeudi pour avoir l’électricité à nouveau. Donc, la solution serait de disposer d’un générateur. Quant à l’eau, elle coule pendant une heure ou deux. Les habitants, adultes comme enfants, se lèvent à 4h00 du matin pour acheter de l’eau à 5 nairas (environ 50 sous mauriciens). Les enfants tirent des chariots sur lesquels on peut voir jusqu’à 12 bacs ou des galons de parfois 20 litres. Je dois vous avouer que je ne sais pas comment ils font pour tirer le chariot. J’ai essayé et je n’y suis pas parvenue. Eux, c’est leur quotidien », confie Christine en riant. 

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Dans les villages nigérians, la moto demeure le principal moyen de transport.

Elle avance que certains foyers sont équipés de robinet, mais pas tous. « En plus, l’eau n’est pas de bonne qualité et je ne pouvais pas en boire. De plus, elle irrite la peau et les dents », dit-elle. Elle ajoute qu’une fois revenus à la maison avec de l’eau, les enfants font de la cuisson, nettoient la maison et font même la lessive, avant de se rendre à l’école. Par la suite, son mari et elle ont repris l’avion pour se rendre chez la sœur de son mari qui habite à Kalabar. Le voyage a duré environ 4 heures. 

La nourriture locale a fait partie des divers problèmes qu’a fait face Christine pendant son séjour. Elle n’est pas végétarienne, mais elle ne trouvait presque rien à son goût. Ainsi, pendant les trois mois qu’elle a passé au Nigéria, elle a mangé que du poulet et des œufs. « Ce n’est pas comme à Maurice où vous pouvez manger du riz quand vous le voulez. Si j’avais envie de manger du riz, mon mari voyageait pendant deux bonnes heures, parfois plus, pour se rendre à un fast-food pour en trouver », confie-t-elle.

Là où elle vivait avec son mari, il n’y avait pas de légumes et de grains secs. « Les Nigérians consomment principalement de la soupe préparée à partir de feuilles, ainsi que du fufu. Il s’agit d’une pâte de manioc cuite au petit feu. La nourriture est très épicée et c’était difficile pour mon estomac de supporter tout cela », ajoute la jeune femme qui précise que les repas sont préparés une seule fois, chaque matin. Elle raconte qu’une fois, elle a voyagé pendant presque 12 heures pour aller voir l’une des sœurs de son mari. Pendant ce long voyage, elle a mangé un paquet de biscuits parce qu’elle ne pouvait pas consommer une préparation à base de viande de bœuf. 

Elle se souvient aussi que pendant tout le trajet, il y avait plusieurs points de contrôle. « Quand ils ont fini de poser une série de questions, vous devez leur donner de l’argent, peu importe la somme, pour pouvoir continuer votre route. Je ne me souviens plus combien j’ai dépensé ce jour-là  », confie Christine.  Pendant le voyage, la voiture a dû rouler dans une forêt et c’est là qu’elle a vu d’énormes serpents. « Heureusement, je n’ai pas vu d’animaux sauvages. D’ailleurs, pour se soulager, mon mari s’arrêtait qu’aux points de contrôle et pas au milieu d’une forêt  », ajoute notre interlocutrice. 

Enfermée pour sa propre sécurité

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Quand la pluie tombe, la situation devient pire comme en témoigne cette photo.

Comme la peau de Christine est très différente des Nigérians, elle dit qu’ils l’appelaient « oyibo » (femme blanche dans leur langue natale). Elle raconte : « C’était impossible de sortir sans être accompagnée, sans être protégée de peur que je ne sois kidnappée comme le craignaient mon mari et ma belle-famille. Aux yeux des Nigérians, j’étais quelqu’une qui avait de l'argent. Je ne dormais jamais sur mes deux oreilles. Il fallait toujours que quelqu’un me surveille pendant je dormais. Si je me rendais aux toilettes, on frappait à la porte pour bien s’assurer que j’étais toujours à l’intérieur et qu’on ne m’avait pas enlevé. Si jamais je me rendais dans une petite boutique au bas de la rue pour acheter, par exemple, un sachet de Milo – là-bas, tout se vend en sachets -, quelqu’un devait m’accompagner. Si ce n’était pas mon mari, c’était une personne en qui il avait confiance. Une fois de retour à la maison, on m’enfermait à l’intérieur pour me protéger. C’était la même chose quand nous partions à la foire. Mon mari m’enfermait dans la voiture. Il achetait rapidement ce dont il avait besoin, puis on repartait sans tarder. Il était hors de question que je descende du véhicule pour aller à la foire ».

Au cours de son séjour de trois mois, Christine a vu des choses étonnantes à Aba, où habite sa belle-mère, notamment cinq personnes sur une moto. Elle a aussi vu un individu transportant un réfrigérateur sur une moto sur laquelle il y avait déjà quatre autres personnes. Aucune d’entre elles ne portait de casque. Toujours à Aba, le lundi est un jour où on reste à la maison pour ne pas se faire tuer par un gang rival. « J’ai appris que les lundis, un des clans n’aime pas voir des membres du clan opposé à l’extérieur. Ce n’est qu’après 4 heures de l’après-midi que les gens peuvent sortir  », confie la jeune femme. 

Au niveau des repas, ce sont les enfants qui s’occupent de tout. Ils préparent les plats, dressent la table et assurent le service. Puis, après avoir desservi, ils font la lessive. Quand les adultes de la famille quittent la table, ils sont autorisés à manger.

Au niveau des saisons, en été, il fait très chaud au Nigéria. L’hiver, plus connu sous le nom de « zamatan », est très sec. « Votre peau se dessèche vite et vos lèvres se fendent. Vous devez constamment appliquer de la vaseline ou du beurre », relate Christine. Cette dernière ajoute qu’il y a tellement de moustiques que tous les soirs, son mari et sa belle-mère appliquaient constamment, à tour de rôle, de la crème sur ses mains et ses jambes. Son mari pouvait ainsi rester éveillé jusqu’à 4 heures du matin pour veiller à son bien-être. 

Christine est retournée à Maurice en décembre dernier, car elle considère son ile natale comme un paradis.

 

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