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Cherté du carburant : ces solutions pour soulager consommateurs et opérateurs économiques 

La quatrième hausse consécutive des prix de l’essence et du diesel a du mal à être digérée. Une série de répercussions sont attendues : augmentation de prix d’autres commodités, montée de l’inflation, pression sur les salaires, entre autres. Que faire contre le prix élevé du carburant ?

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Rajeev HasnahRajeev Hasnah, économiste : « Revoir le système de taxes et de contributions »

La solution : « Il n’y a pas trente-six solutions. Il suffit de ne pas augmenter les prix à la pompe. »

  • Comment procéder ? : « Il faut définitivement revoir le système de taxes et de contributions dans la structure des prix de l’essence et du diesel. D’autant plus que les taxes - qui constituent près de 40 % - y sont progressives. »
  • Est-ce réalisable ? : « La baisse des prix du carburant est à la portée des mains. Une révision de la taxe et des contributions est le seul moyen pour aider la population. »
  • Pourquoi une telle solution est nécessaire ? : « C’est important en raison de la conjoncture actuelle qui est marquée par une inflation à deux chiffres. Cette nouvelle hausse affecte les consommateurs, mais aussi tous les secteurs d’activité, y compris ceux qui sont dans les services. Ces opérateurs doivent bien rembourser l’allocation transport de leurs employés. »

Sameer SharmaSameer Sharma, économiste : « Aider financièrement les plus démunis »

  • La solution : « Sur le court terme, nous devons rééquilibrer la façon dont nous taxons à Maurice. Cela car dans un modèle qui dépend de la fiscalité indirecte dans un contexte d'inflation croissante, les pauvres souffriront davantage. À l'heure actuelle, le gouvernement dépend fortement des impôts indirects et les recettes budgétaires augmentent avec l'inflation. Nous devons essentiellement revoir la manière dont nous fixons l’Income Tax et la Corporate Tax si nous voulons continuer à maintenir l'État providence.  

Sur le long terme, Maurice doit disposer d'un programme de hedging adéquat pour le pétrole qui lissera les prix et ce programme doit être géré par des personnes compétentes. L'autre moyen de se protéger sur le long terme contre les hausses potentielles du prix du carburant est d'investir dans les commodités. 

  • Comment procéder ? : « Il faudra taxer directement les riches et réduire les dépenses inutiles du gouvernement, compte tenu de la situation de notre dette publique, puis rationaliser la série de taxes que nous avons sur l'essence et le diesel. La meilleure approche consisterait à offrir un soutien direct aux revenus inférieurs afin qu'ils puissent payer le carburant et les produits alimentaires, le tout financé par un régime fiscal plus rationnel et plus équitable.  

Pour ce qui est d’investir dans les commodités, la Banque centrale possède un portefeuille de réserves internationales et ce qu'elle devrait faire, c'est placer une partie de ces réserves dans la classe d'actifs que sont les commodités, ce qui peut se faire aujourd'hui par le biais du marché ‘futures’ et de divers fonds.  

Quoi qu'il en soit, lorsque le prix du pétrole grimpe, ce portefeuille augmentera et la Banque centrale distribuera la majeure partie des bénéfices de ces rendements plus élevés au gouvernement qui pourra alors les utiliser pour donner de l'argent à ceux qui en ont le plus besoin. Si les prix du carburant baissent, ce portefeuille diminuera mais la population en bénéficiera quand même. Les investissements dans les matières premières, évidemment par le portefeuille de réserves internationales de la Banque centrale, doivent être bien dimensionnés et le risque géré par des professionnels de l'investissement qualifiés. La State Trading Corporation peut également investir dans les commodités, mais là encore, le problème à Maurice est que nous n'avons pas les bonnes personnes au bon endroit pour gérer ces choses et nous finissons par faire des erreurs et perdre plus d'argent. Mais cela ne rend pas l'investissement risqué, cela rend les personnes que nous choisissons risquées. » 


pierre dinanPierre Dinan, économiste : « Se tourner vers le carburant végétal »

La solution : « La solution que je propose ne se fera pas du jour au lendemain, mais elle permettra de réduire à la longue notre dépendance sur les produits pétroliers importés et le charbon. Il s’agit d’utiliser l’énergie renouvelable. » 

  • Comment procéder ? : « Nous devons utiliser nos terres agricoles abandonnées et y planter une canne spéciale – issue de l’Institut de recherche – qui contiendrait plus de mélasse et de bagasse qui sont nécessaires à la production de l’énergie verte. »
  • Est-ce réalisable ? : « Tout à fait ! L’exemple d’Omnicane en est la preuve frappante. La compagnie vend de l’énergie renouvelable à La Réunion. Si Omnicane le fait, pourquoi pas les autres. Nous pouvons développer un véritable marché à Maurice. N’oublions pas que les Mauriciens plantent de la canne depuis plus d’un siècle. Transformer une canne spéciale pour en faire du carburant est donc tout à fait faisable. »
  • Pourquoi une telle solution est nécessaire ? : « Nous ferons d’une pierre deux coups. On diminuera notre dépendance par un carburant végétal et nous contribuerons parallèlement à la préservation de l’environnement. »

claudeClaude Canabady de la Consumers’ Eye Association : «Enlever la contribution sur les vaccins»

  • La solution : « Il y en a trois. D’abord, il faut enlever complètement la contribution pour les vaccins et celle sur la Road Development Authority. Ce qui permettra de faire baisser le prix par Rs 3,85. En deuxième lieu, il faudra temporairement réduire la TVA en le ramenant à 10 %. Troisièmement, certains gros projets doivent temporairement être mis en veilleuse, jusqu’à ce que la situation économique s’améliore. »
  • Est-ce réalisable ? : « Oui ! Il faut savoir que la totalité de la population a été presque vaccinée et nous recevons une bonne quantité de vaccins gratuitement. Les automobilistes payent déjà la ‘road tax’ et il y a au moins deux à trois voitures par famille. Ce qui rapporte un revenu assez conséquent au gouvernement. Pour ce qui est de la TVA, celle-ci a augmenté suite à la dépréciation de la roupie vis-à-vis du dollar. Comme c’est la monnaie la plus utilisée pour payer nos importations, le gouvernement encaisse plus d’argent sur la TVA. »
  • Pourquoi une telle solution est nécessaire ? : « Il faut aller vers ces solutions en raison de l’urgence de la situation et des besoins de la population, spécialement pour ceux qui sont les plus démunis. Cette dernière majoration de l’essence va être répercutée sur un grand nombre de produits très bientôt et comme toujours, ce sera le consommateur qui sera le perdant. Il faut toujours mettre le bien-être de la majorité de la population en premier. La priorité pour le moment, c’est de soulager les Mauriciens face à la cascade d’augmentations des prix dans toutes les sphères de la vie. » 

L’évolution des prix de l’essence et du diesel

Essence Diesel
+ Rs 23,40 en presque 5 mois + Rs 17,25 en presque 5 mois
29 décembre - Rs 55,75 29 décembre - Rs 41
27 février - Rs 61,30 27 février - Rs 45,10
20 avril - Rs 67,40 20 avril - Rs 49,60
19 mai - Rs 74,10 19 mai - Rs 54,55
 

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