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Centres de refuge : ces personnes qui ont tout perdu en quelques heures

Caroline prépare le lait pour son bébé.

Le passage du cyclone les a mis sur la paille. Ils doivent tout recommencer. Plusieurs foyers se retrouvent sans un toit. Reportage. 

Samedi 5 février, nous sommes à Pointe-aux-Sables, mais pas dans le quartier chic, mais dans un ghetto situe à Résidence Sugar Planters. Là s’entassent de petites maisons composées d’une chambre, d’une cuisine et d’une salle d’eau avec des toilettes intégrées. Bref, le strict minimum.

À quelques mètres de là, nous tombons sur trois familles qui sont parties au centre de refuge de la région. Mais une fois l’alerte levée, elles ont eu à quitter les lieux. C’est ce qui nous explique Delphine avec amertume : « On a des enfants en bas âge. Nous vivons sous une tente et le cyclone a fait voler le plastique qui nous servait de toit. Le peu de produits essentiels que je possédais été détruit par la pluie ».

À voir l’état dans lequel vivent ces familles, on se demande si on est en 2022 et surtout, où sont les élus de la circonscription No. 1. « Il y a bien la PPS Dorine Chukowry qui est venue nous rendre visite au centre de refuge. Elle nous a offert 10 bananes et huit pains secs, c’est tout. Les autres, n’en parlons pas », ajoute cette mère de famille qui ne savait pas quoi donner à manger à ses enfants. On était alors 16h00.

Autour d’elle, c’est la même désolation et le même délabrement. Tente en plastique, vieilles tôles, poutres, tout est bon à jeter. Pourtant, certains habitants travaillent, mais avoir un toit sur la tête semble être un rêve inaccessible. C’est le cas de Delphine qui a fait une demande pour une maison, mais elle se heurte aux autorités. « J’en ai marre, je n’en peux plus, ce n’est pas une vie pour mes enfants et moi-même », dit-elle avec une rage à peine contenue.

delphine
Delphine habite dans une maison fabriquée en une tente, des poutres et de vieilles tôles.

« Pas dimane bel zafer, mais des trois toles »

Plus loin, à Bambous, la situation n’est guère reluisante pour sept familles, qui habitent toutes à Cité La Ferme. Caroline, qui a quatre enfants, Juliana, Juliano, Lucas et Adriano, nous conduit dans ce qu’elle appelle sa « maison ». En fait, il s’agit « d’ene ti godon » de trois mètres de large. Il y a deux lits à étage, un coin cuisine et un semblant de toilettes. Ils vivent à cinq dans ce taudis depuis des années et le toit s’est envolé durant le cyclone Batsirai. « Depi cyclone, nous fin bizin vine dans centre et mem si zote dir nu aller, nu pa pu aller, bizin gouvernma vine nu en aide. Pas dimane bel zafer, mais des trois toles. Apres, ene matelas vite vite, car nu pe dormi lor sali », relate la mère de famille, au bord des larmes.

Elle remercie, toutefois, Sandra Mayotte qui leur a apporté une petite aide. « Sandra fine done nou 6 boites thon, 5 sardines, 3 Luncheon Meat, de sachet fromage slice ek 2 boites di berre, mais nu ti nombreux, plisse ki 30 dimoune, aster nous sept fami avec 17 enfants », ajoute Caroline qui travaille comme laboureuse dans un champ de cannes.

Nancy, mère de trois enfants, Djamel, Amélia et Clyde, vit comme « squatter » à Cité La Ferme depuis trois ans. « Ma maison en tôle est partie avec le cyclone. Je ne gagne pas beaucoup parce que je suis laboureuse dans une ferme. Alan Ganoo est venu et nous a offert du riz blanc et une rougaille de thon, c’est tout », raconte Nancy. Et le bain dans tout ça ? « On va chez des gens qui habitent tout près et qui acceptent de nous rendre service », ajoute-t-elle.

Plus loin, on rencontre Émilie qui a un enfant de 7 ans, ainsi que Kelina qui habite sur les terres de la Couronne. « Mo lacaze en tole fine envole nette. Tout fine gagne batter. Je fais un appel au gouvernement pour nous venir en aide. À chaque forte pluie, la maison est inondée. Si je pouvais avoir quelques feuilles de tôles neuves pour tout réparer, je serais contente », dit Kelina. Cette dernière a 45 ans et cinq enfants, Djamelia, les jumeaux Kim et Kimberly, Dylan et Jemmy. « J’ai eu l’aide du Trust Fund il y a 13 ans de cela pour construire ma maison en tôle, mais le toit coule maintenant. Si je pouvais avoir une aide du gouvernement, je serais ravie », ajoute-t-elle, pleine d’espoir.

Batsirai est passé au nord-ouest du pays. Les séquelles qu’il laisse sur ces pauvres gens sont terribles, presque irréversibles.

 

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