Le Congrès américain étudie une prolongation de trois ans de l’AGOA. Maurice accueille cette avancée avec prudence, tout en soulignant les enjeux majeurs pour l’industrie textile et l’emploi local.
Une étape importante a été franchie cette semaine à Washington concernant l’avenir de l’African Growth and Opportunity Act (AGOA). Une commission de la Chambre des représentants a approuvé, le 10 décembre, un projet de loi visant à renouveler pour trois ans ce programme commercial préférentiel destiné aux pays d’Afrique subsaharienne. Le texte, présenté le 8 décembre par la commission des voies et moyens, propose de prolonger l’AGOA jusqu’au 31 décembre 2028. Pour l’heure, aucune référence explicite à une exclusion éventuelle de l’Afrique du Sud n’y figure, contrairement à ce qu’avait laissé entendre l’envoyé américain chargé du commerce.
Promulgué en 2000, l’AGOA accorde un accès en franchise de droits au marché américain à une série de produits provenant de pays africains éligibles. Malgré son importance stratégique, le programme a expiré en septembre, laissant en suspens des secteurs où des centaines de milliers d’emplois africains dépendent de ce dispositif. L’avancée enregistrée au Congrès américain constitue ainsi l’un des premiers signaux concrets en vue d’une issue législative.
À Maurice, la réaction des autorités ne s’est pas fait attendre. Le ministre de l’Industrie, des PME et des Coopératives, Aadil Ameer Meea, souligne que ce développement constitue une information attendue depuis plusieurs semaines. « Nous en prenons note avec intérêt », affirme-t-il, tout en rappelant qu’il ne s’agit pour l’instant que d’une proposition. Selon lui, cette initiative montre que « le partenariat économique entre les États-Unis et l’Afrique demeure une priorité stratégique pour de nombreux décideurs américains ».
Le ministre estime qu’une prolongation offrirait une meilleure visibilité aux exportateurs mauriciens, en particulier ceux du textile et de l’habillement, deux secteurs fortement liés au régime préférentiel instauré par l’AGOA. Une reconduction permettrait aux entreprises de consolider leurs débouchés, de poursuivre leurs investissements dans la modernisation de leurs capacités et de maintenir plusieurs milliers d’emplois locaux.
Aadil Ameer Meea insiste toutefois sur la nécessité de rester vigilant. Aucun vote final n’a été adopté, et le gouvernement mauricien poursuit en parallèle ses démarches diplomatiques afin de préserver un cadre commercial stable, qu’un accord soit renouvelé ou non. « Nous continuerons à suivre la situation de près et à accompagner nos opérateurs », assure-t-il.
Aux États-Unis, l’AGOA est également perçu comme bénéfique. Le dispositif représente près d’un milliard de dollars d’économies pour les consommateurs américains et contribue à la compétitivité des entreprises locales. Il soutient environ 300 000 emplois, générant près de 1,8 milliard de dollars en salaires annuels.
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