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Célébration du centenaire d'un grand artiste - Alain Laridon : «Où est passée la Fondation Hervé Masson ?»

Alain Laridon

Au moment où toutes les pièces semblent s’assembler pour restituer la mémoire du peintre et militant de gauche Hervé Masson, une pièce de taille manque au tableau : la Fondation Hervé Masson entérinée par l’Hervé Masson Foundation Bill voté en 1992. Alain Laridon, député MSM au moment du vote, se souvient des promesses de fonds afin de garder intacte la mémoire du grand peintre.

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L’initiative du projet de loi revient à l’ex-ministre de la Culture du gouvernement MSM-MMM, Mukesh Choonee. Armoogum Parsuraman, ministre de l’Éducation qui appuya le texte de loi affirme qu'elle est plutôt, le fait « de la famille militante réunie à l’issue de l’accord de juillet 2009  ». Elle a, selon lui, « fait cause commune pour que soit instituée une Fondation Hervé Masson afin de perpétuer la mémoire de celui qui a été un des grands militants de la premier heure. »

Dans l’énoncé de sa motion, Mukesh Choonee explique les motivations de son ministère pour la création de la fondation :  le souci de promouvoir le développement culturel et artistique des jeunes  ; l'organisation de concours nationaux et internationaux dans le domaine des arts et de la culture et la remise de prix aux talents prometteurs  ; l'organisation de conférences, séminaires, ateliers de travail et autres expositions et le soutien financier aux institutions dévolues aux mêmes objectifs que la fondation.

« Porteur d’un ambitieux projet »

« Comme on peut le constater, fait observer Alain Laridon, le nom d'Hervé Masson est à ce moment-là porteur d’un ambitieux projet artistique et culturel. Ce n’est pas le fruit du hasard, car le gouvernement était motivé à reconnaître la dimension artistique d'Hervé Masson et sa contribution à la peinture. » À l’Assemblée nationale, Mukesh Choonee n'a tari d’éloges le peintre rosehillien. « Hervé Masson est parmi les Mauriciens qui ont aidé à faire connaître Maurice  au monde grâce à son talent. Il n’était pas seulement un peintre reconnu dont les ouvrages ont été exposés aux cotés d’artistes aussi célèbres que Renoir, Cézanne ou Matisse, il était aussi un mystique qui a contribué à la littérature mondiale. »

Toujours à l’Assemblée législative, l’institution de la Fondation Hervé Masson ne manqua pas de soulever également l’enthousiasme d’Alain Laridon lui-même, qui décrit le peintre en ces termes : « Le regretté camarade Hervé Masson nous ramène à l’esprit l’image à la fois artiste, militante, patriote et avant tout celle d’un libertaire qui savait dire non qu’elles qu’en soient les conséquences. Il fut un homme vrai. »

Plus loin, il loua sa fidélité à ses principes malgré son âge avancé et en dépit des coups et contrecoups de la vie. « Homme très cultivé, homme politique, il nous amena à découvrir, nous les jeunes de cette époque, les grands courants de la pensée politique. À l’époque, il était un marxiste pur et dur, mais sa motivation n’était pas de nature stalinienne et ses rêves étaient des rêves de liberté, de justice sociale et d’égalité. »

Fait rarissime

Alain Laridon, qui a côtoyé le peintre alors que ce dernier habitait à Rose-Hill, cite les témoignages de jeunes Mauriciens qui ont rendu visite à Hervé Masson dans son atelier à Paris. L’image qu’ils restituent est celle d’un Mauricien qui ne manquait jamais de s’enflammer pour son pays.

Pour mieux saisir l’importance de cette fondation dédiée à un artiste de gauche, fait rarissime dans les annales de l’Assemblée législative, Alain Laridon fait observer que « maintenant qu’il n’est plus là pour assister à la mutation de l’ile Maurice, c’est une chance pour tous les jeunes et pour tous les artistes mauriciens que son souvenir puisse se perpétuer à travers la fondation qui porte son nom et qu’il continue à inspirer et donner du courage à ceux qui ont choisi la voie difficile qui est celle de l’art et de la culture dans un monde où tous s’accordent à dire qu’il est devenu de plus en plus matérialiste… »

Que reste-t-il de cette fondatio, alors qu’Hervé Masson fait aujourd’hui l’objet d’une reconnaissance unanime ? « Je n’en ai plus entendu parler, plus personne ne s’y intéresse, alors que les proches du peintre auraient pu s’activer pour recueillir des fonds afin d’organiser les activités citées en 1992 au moment de sa présentation à l’Assemblée législative », se désole Alain Laridon. Il ajoute : « L’État mauricien, quelque soit les partis au pouvoir, a raté un rendez-vous historique. Tous les éléments d’une reconnaissance étaient présents pour mettre en valeur le plus grand peintre contemporain de la république, sans oublier son engagement progressiste et internationaliste. »

 

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