
L'émissaire américain Steve Witkoff doit se rendre vendredi dans la bande de Gaza pour inspecter les sites de distribution d'aides humanitaires et rencontrer des habitants, une rare visite d'un diplomate étranger dans le territoire palestinien dévasté par la guerre et menacé de famine.
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Il s'agira de la deuxième visite de M. Witkoff à Gaza annoncée publiquement. Il s'y était rendu en janvier dernier alors qu'un cessez-le-feu était en vigueur entre Israël et le mouvement palestinien Hamas, avant une reprise de l'offensive israélienne le 18 mars.
Après 22 mois d'une guerre dévastatrice déclenchée par une attaque du Hamas contre Israël le 7 octobre 2023, la bande de Gaza est menacée d'une "famine généralisée" selon l'ONU et est totalement dépendante de l'aide humanitaire distribuée par camions ou larguée depuis les airs.
Selon la porte-parole de la Maison Blanche jeudi, M. Witkoff et l'ambassadeur américain en Israël, Mike Huckabee, se "déplaceront à Gaza pour inspecter les sites de distribution" d'aides et mettre en place un "plan pour livrer davantage de nourriture".
"Ils rencontreront des habitants de Gaza pour entendre de leur bouche évoquer cette terrible situation", a-t-elle ajouté. Ils "feront un bilan auprès du président (...) afin d'approuver un plan final pour la distribution d'aide".
M. Witkoff, émissaire du président Donald Trump pour le Moyen-Orient, a rencontré à Jérusalem le Premier ministre Benjamin Netanyahu, à l'heure où de nombreux pays ont dit envisager de reconnaître un Etat palestinien au grand dam d'Israël.
Les morts tombés sous les tirs et bombardements israéliens se comptent par dizaines chaque jour à Gaza, assiégée par Israël, selon la Défense civile qui a fait état de 38 Palestiniens tués jeudi.
Dans le territoire palestinien affamé, les largages provoquent souvent des scènes de chaos. Jeudi à Al-Zawayda (centre), à la vue des aides parachutées par un avion, des Palestiniens ont couru par dizaines vers le lieu de chute, se bousculant et s'arrachant les colis, selon ds images de l'AFP.
"La faim a poussé les gens à se tourner les uns contre les autres. Les gens se battent entre eux avec des couteaux", affirme Amir Zaqot, qui attendait les aides.
Vidéo d'un otage
"Le moyen le plus rapide de mettre fin à la crise humanitaire à Gaza est que le Hamas CAPITULE ET LIBÈRE LES OTAGES !!!", a indiqué M. Trump.
Ce dernier a semblé se distancer de son allié israélien en évoquant une "vraie famine" à Gaza.
Avant la visite de M. Witkoff, des dizaines de mères et proches d'otages aux mains du Hamas ont manifesté à Jérusalem pour exiger la libération des 49 otages encore retenus à Gaza, dont 27 ont été déclarés morts par l'armée.
Jeudi, le Jihad islamique, un allié du Hamas, a publié une vidéo d'un otage israélien qu'il retient. L'AFP n'a pas pu déterminer l'authenticité de la vidéo, ni la date de son enregistrement. Mais elle a, comme plusieurs médias israéliens, identifié l'otage comme Rom Braslavski, un Israélo-Allemand.
L'attaque du 7-Octobre a entraîné du côté israélien la mort de 1 219 personnes, en majorité des civils, selon un décompte de l'AFP réalisé à partir de données officielles.
En riposte, Israël a juré de détruire le Hamas et lancé une offensive dévastatrice à Gaza qui a fait au moins 60 249 morts, en majorité des civils, d'après les données du ministère de la Santé à Gaza, et provoqué un désastre humanitaire.
"La catastrophe humanitaire à Gaza dépasse l'imagination", a déclaré le chef de la diplomatie allemande Johann Wadephul après des entretiens à Jérusalem.
Avant sa visite, M. Wadephul a estimé qu'Israël était "de plus en plus en position minoritaire", alors qu'un "nombre croissant de pays, y compris européens, sont prêts à reconnaître un Etat palestinien".
"Mécontentement de Trump"
Le Portugal a indiqué jeudi envisager de reconnaître l'Etat de Palestine, suivant l'exemple du Canada, de la France et du Royaume-Uni.
Une telle reconnaissance reste néanmoins largement symbolique en raison du refus d'Israël de la création d'un tel Etat auquel aspirent les Palestiniens.
Israël a dénoncé une "campagne de pression internationale déformée" venant "récompenser le Hamas", alors que le gouvernement Netanyahu veut chasser ce mouvement de Gaza et contrôler le territoire.
M. Trump "a exprimé son mécontentement et son désaccord avec les dirigeants de France, du Royaume-Uni et du Canada" à propos de la reconnaissance d'un Etat palestinien, selon la Maison Blanche.
Le gouvernement israélien a annoncé une pause limitée dans l'offensive afin de permettre l'acheminement de l'aide dans le petit territoire pauvre où s'entassent plus de deux millions de Palestiniens.
Mais ces aides sont jugées insuffisantes par les organisations internationales.

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