C’est vers le mois de mars 2023 que les premiers patients, retenus par le Medical Cannabis Therapeutic Committee (MCTC), vont se voir délivrer le cannabis médical pour leurs traitements. L’appel d’offres pour l’achat de ces produits a été lancé et la première cargaison devrait arriver vers le début de 2023.
La Dangerous Drugs (Amendment) Act 2022, promulguée en novembre dernier, c’est désormais une question de temps pour que les premiers patients puissent bénéficier de leurs traitements au cannabis médical en mars 2023. Toutes les structures sont mises en place, tout comme l’évaluation des patients. Le mois de mars 2023 a été avancé par le ministre de la Santé, Kailesh Jagutpal. C’était lors de sa conférence de presse-bilan le 16 décembre dernier.
Les appels d’offres pour l’importation des médicaments ont déjà été lancé, a-t-il aussi affirmé. « D’ici mars 2023, nous aurons un petit stock de médicaments. Les comités régionaux vont alors commencer à travailler selon les critères qui ont été établis pour que les patients bénéficiaires puissent recevoir leurs médicaments », a ajouté le ministre Jagutpal.
Comité thérapeutique
En attendant le Medical Cannabis Therapeutic Committee (MCTC), comité multidisciplinaire composé de spécialistes (neurologie, psychiatrie, médecine interne, pédiatrie, rhumatologie), médecins généralistes et pharmaciens, se met en place. Il sera placé sous la présidence du Regional Health Director de chaque hôpital. Avec le projet pilote qui va débuter à l’hôpital Victoria, par conséquent, le directeur de cet établissement est le premier président du comité qui va examiner le dossier médical des patients. C’est le MCTC qui sera habilité à sélectionner ceux qui seront éligibles à recevoir le cannabis médical. Le médicament sera alors prescrit par un médecin du service public, avec l’approbation du comité.
Les bénéficiaires seront ceux pour lesquels les médicaments de première ligne se sont avérés inefficaces. Le cannabis médical sera prescrit en dernier recours et en complémentarité avec les autres produits déjà utilisés, explique le Dr Anil Jhugroo, psychiatre et addictologue au Brown-Séquard Mental Healthcare Hospital. « Dans le cas de l’épilepsie, par exemple, il faut savoir que le cannabis médical n’est pas un antiépileptique, mais il peut aider à améliorer l’efficacité des autres médicaments », dit-il. Le cannabis médical n’est plus efficace que les autres prescrits pour le traitement contre l’épilepsie, la sclérose en plaques ou le Parkinson, mais devrait aider à soulager les patients. « Dans le cas de la sclérose en plaques, cela va contribuer à relaxer les muscles », affirme le psychiatre.
Conditions spécifiques
Lors de son discours à l’Assemblée nationale en novembre dernier, le ministre Jagutpal a souligné que le médicament sera prescrit aux patients selon des conditions thérapeutiques spécifiques. « Le cannabis médical est le plus souvent utilisé pour le traitement de la douleur chronique, de l’épilepsie et de la spasticité. Il est également utilisé pour le traitement des symptômes liés au cancer, comme la douleur et les nausées associées à la chimiothérapie », avait-il expliqué.
Il faut également savoir que le cannabis médical ne sera disponible que dans le service de santé public et sera contrôlé par le ministère de la Santé, confie un pharmacien sous le couvert de l’anonymat. Et comme le souligne la Dangerous Drugs (Amendment) Act 2022, seul un spécialiste autorisé pourra faire une requête auprès du MCTC pour prescrire du cannabis médical à un patient. Le traitement pourra être prescrit sur une période renouvelable ne dépassant pas trois mois. La loi donne aussi la possibilité aux pharmaciens autorisés du service public uniquement de livrer les produits. Le pharmacien pourra vérifier auprès du comité si cette prescription est bel et bien valide.
Dernier recours
Ceux qui veulent bénéficier du cannabis médical doivent faire une demande à leur médecin traitant qui va, à son tour, présenter le cas au Medical Cannabis Therapeutic Committee. Seul ce comité multidisciplinaire peut approuver ou rejeter une demande pour l’utilisation du cannabis médical dans les cas suivants : spasticité associée à la sclérose en plaques ; épilepsie sévère pharmaco-résistante ; nausées et vomissements persistants associés à la chimiothérapie ; douleur intraitable intense. Le cannabis médical sera utilisé en complémentarité avec les autres médicaments prescrits aux patients. Le produit est déjà utilisé à des fins médicales en Allemagne, en Australie, aux États-Unis, en France et au Royaume Uni, entre autres.
La culture du chanvre débute sur une base pilote
La culture du chanvre a débuté, sur une base pilote à Réduit, il y a quelques mois. Les autorités exercent une grande discrétion à ce sujet. Tout ce que l’on sait c’est que le projet est piloté par le ministère de l’Agro-industrie.
« Ce serait un avantage de mettre en place une culture de chanvre sur une base industrielle à Maurice pour la démocratisation de cette industrie », affirme Kunal Naik, psychologue addictologue et expert en politique de drogue. Toutes les structures et les aspects légaux doivent au préalable être bien établis, tout comme les moyens de contrôle. Il devrait également y avoir un réseau de planteurs qui pourront bénéficier d’une formation dans le domaine. Ils devront aussi le faire dans le strict respect de la loi. La culture du chanvre pourrait devenir un nouveau pilier de notre économie, selon lui, avec la gamme de produits dérivés qui peut en découler. « Toile ou encore huiles essentielles, les graines peuvent aussi être consommées », dit Kunal Naik.
Ajouté à cela, il est possible de faire des briques de construction et des cordes entre autres, ajoute Selven Govinden, porte-parole de Claim. Les produits dérivés pourront offrir des possibilités de développement énormes que le pays devrait saisir, disent-ils.
Selon Kunal Naik, le chanvre n’a qu’une infime teneur en Tétrahydrocannabinol (THC). De ce fait, le produit ne procure aucun effet psychoactif.
Le Drug Users Administrative Panel mis en place en janvier
L’introduction de l’usage du cannabis à des fins thérapeutiques n’est pas à confondre avec l’introduction du Drug Users Administrative Panel (DUAP) qui figure lui aussi dans la Dangerous Drugs (Amendment Act 2022. Cette partie de la loi concerne les consommateurs de drogue. En cas d’arrestation et à la lumière de l’enquête policière, le bureau du Directeur des poursuites publiques (DPP) lui proposera de suivre une cure de désintoxication. Cela, si la drogue était pour sa consommation personnelle uniquement. L’objectif de cette loi est de donner l’opportunité aux consommateurs de drogue de faire face à la justice sans avoir à porter l’étiquette de toxicomane pour le reste de leur vie, avait expliqué le ministre Jagutpal au Parlement au mois de novembre. Le panel sera mis en place d’ici la fin de janvier 2023 et sera présidé par un juge à la retraite ou un avocat ayant au moins 15 ans de service au barreau.
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