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Budget 2023-24 : ces mesures que le ministre des Finances pourrait annoncer 

Le Budget 2023-24 sera présenté ce vendredi 2 juin. Quelles sont les mesures qui sont susceptibles d’être introduites ? Avis des observateurs économiques.

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Annonce d’une baisse des prix des carburants

Lors de la dernière réunion du Petroleum Pricing Committee le 11 mai dernier, la déception était palpable. Les Mauriciens espéraient une baisse mais l’essence et le diesel se vendent toujours au même prix. Un bon nombre d’entre eux s’attendent à l’annonce d’une baisse des prix des carburants dans le discours du Budget. 

« Le ministre des Finances a annoncé que le gouvernement étudie la possibilité d’un allégement du fardeau des produits pétroliers. Il peut le faire soit en revoyant la structure des prix, soit en injectant de l’argent dans le Price Stabilisation Account. Si c’est le cas, il faut s’attendre à une baisse de l’ordre de 10 % », soutient Bobby Yerkiah, directeur de Finctax. Pour Tahir Wahab, le gouvernement a la marge de manœuvre pour le faire, en renflouant le Price Stabilisation Account ou à travers une réduction de taxes. 

De son côté, Eric Ng voit mal comment le gouvernement va baisser le prix de l’essence. « S’il y a une baisse, il faudrait accorder une grosse subvention à la State Trading Corporation. C’est le rôle de la STC de voir tout ce qui a trait à l’essence et au diesel. Il ne faut pas faire de la politique sur le prix du carburant. D’autant plus que les prix de l’essence et du diesel dépendent de l’évolution du marché, du taux de change et d’autres facteurs économiques », avance le directeur du Cabinet PluriConseil. 

Yuven Peechen est sceptique, quant à lui, sur l’annonce d’une baisse des prix des carburants lors de la présentation du Budget. « La structure des prix et la taxation des produits pétroliers ne seront pas revues car c’est une grosse source de revenu pour le gouvernement. Cependant, il se peut que le fonds de stabilisation soit renfloué. Si tel est le cas, on peut alors s’attendre à une baisse des prix de l’essence et du diesel », soutient-il.

Extension de l’allocation de Rs 1 000 

L’allocation mensuelle de Rs 1 000 aux salariés percevant un revenu brut allant jusqu’à Rs 50 000 prend fin en juin. Cependant, plusieurs observateurs sont d’avis qu’une extension de cette mesure figure à l’agenda du Budget. « Le montant de Rs 1 000 sera étendu voire augmenté pour contrer l’impact de l’inflation et les augmentations de prix », affirme Tahir Wahab, expert-comptable. Néanmoins, recommande Eric Ng, directeur du Cabinet PluriConseil, cette allocation de Rs 1 000 ne doit pas devenir une sorte d’acquis. « C’est une mesure exceptionnelle et temporaire. Il ne faudrait pas qu’elle devienne permanente », avance notre interlocuteur.

Des subsides ciblés

Yuven Peechen, chargé de cours en finance, s’attend à des subsides ciblés afin de soulager les plus vulnérables. « Avec l’inflation, les plus démunis peinent à joindre les deux bouts. On peut donc s’attendre à un Budget orienté vers les plus démunis. Cette option serait plus favorisée que la baisse ou l’abolition de la TVA sur les produits alimentaires », soutient Yuven Peechen.

Des mesures pour booster la croissance 

Miser sur la croissance. C’est l’une des grandes priorités du Budget 2023-24. Pour Tahir Wahab, des mesures visant à augmenter la croissance du pays et la productivité dans les entreprises devraient figurer dans le Budget. « L’économie a besoin d’un nouveau souffle », ajoute-t-il.

Hausse de la taxe sur certains produits 

L’éventualité d’une augmentation des droits d’accise sur les cigarettes et les boissons alcoolisées n’est pas à écarter, avance Yuven Peechen. « Cela dit, c’est une taxe abusive, qui affecte notamment la classe moyenne », ajoute Eric Ng. Il se pourrait aussi que les produits sucrés tels que les boissons gazeuses soient frappés d’une taxe plus élevée. « Là encore, cela risque d’affecter le coût de la vie », souligne Eric Ng.

Taxer les gros salaires 

Aligner la « progressive tax » sur un barème défini. Il se pourrait que le ministre des Finances aille dans cette direction, avance Bobby Yerkiah. Par exemple, poursuit-il, le Grand argentier pourrait opter pour une formule où les premières Rs 50 000 seraient taxées à 10 %, les Rs 10 000 suivantes à 12,5 %, alors que toute forme de rémunération au-delà de Rs 60 000 resterait taxable à 15 %. La même formule pourrait être appliquée pour le Solidarity Levy, ajoute-t-il. Quant à Eric Ng, il est d’avis que le gouvernement va taxer davantage les gros salaires.

Budget 2023-24

Introduction d’une « digital tax » 

Pour Bobby Yerkiah, directeur de Finctax, il se pourrait que le ministre des Finances annonce l’introduction d’une « digital tax » sur les services ou les produits importés. En Ouganda, à titre d’exemple, une taxe de 0,03 dollar est imposée à chaque personne qui utilise chaque jour les réseaux sociaux, explique-t-il. De même, dans d’autres juridictions, il y a l’imposition d’une taxe sur toutes les transactions mobiles.

Des mesures pour inciter les Mauriciens à concevoir des bébés 

Yuven Peechen s’attend à ce que le gouvernement envoie un message fort pour solutionner quelque peu le problème de baisse de natalité. Ainsi, il anticipe des mesures pour encourager les Mauriciens à concevoir des enfants surtout dans un contexte marqué par le vieillissement de la population et l’immigration, et le fait aussi que les prix des produits pour bébé ont flambé. 

À fond sur le concept ESG

L’accent sera mis sur les critères environnementaux, sociaux et de gouvernance, prévoit Eric Ng. Il y aurait des lignes directrices à ce niveau, surtout pour les entreprises cotées en Bourse.

Revoir à la hausse la taxe sur les produits de luxe

C’est une demande des associations des consommateurs. Elles préconisent que l’on taxe les produits de luxe à un taux plus élevé que 15 %. Une option qui, pour Bobby Yerkiah, pourrait être annoncée dans le Budget le 2 juin. « Au lieu d’imposer des taxes individuelles, le gouvernement peut revoir à la hausse la taxe sur les produits de luxe. C’est au consommateur de décider s’il veut ou pas acheter ces produits », souligne Prashant Calcutteea.

Questions à….  Prashant Calcutteea, Senior Partner chez RSM Mauritius: « Contrer l’inflation est une meilleure option que d’augmenter les salaires » 

Le Budget est présenté dans quel contexte ? 
Il faut analyser la conjoncture actuelle. Nous avons des facteurs externes, notamment la guerre entre la Russie et l’Ukraine ainsi qu’une certaine instabilité entre la Chine et les États-Unis. Il y a aussi des facteurs propres à Maurice comme l’inflation et la dépréciation de la roupie. Malgré les élections qui arrivent, il est important que le gouvernement soit très responsable dans son approche. 

Quelle est la marge de manœuvre dont dispose le Grand argentier ? 
Le ministre des Finances a une marge de manœuvre restreinte sur le plan fiscal. La taxe indirecte est la source de revenu principale de l’État. Avec la flambée des prix, l’État a engrangé plus de revenus sur la TVA. Augmenter la TVA rendrait la situation plus critique pour les plus vulnérables. D’autant plus que le coût de la vie est déjà élevé. De même, si l’on continue à augmenter les taxes individuelles, cela va décourager les gens à investir. 

Vous estimez donc que la priorité doit être le combat contre l’inflation… 
En effet. Certes, la politique monétaire vise à combattre l’inflation. Et l’on se dirige potentiellement vers une nouvelle hausse du Key Rate à la prochaine réunion du comité de politique monétaire. Mais on ne pourra pas avoir éternellement recours à des ajustements du taux d’intérêt car le niveau d’endettement deviendra insoutenable. C’est la raison pour laquelle la mesure la plus importante à prendre pour faire reculer l’inflation est de baisser le prix de l’essence. Une baisse apportera un bol d’air frais. Contrer l’inflation est une meilleure option que d’augmenter les salaires.

Pour quelle raison ? 
Augmenter le salaire minimum constitue un coût additionnel pour les entreprises, dont les frais d’opération sont devenus plus élevés. Imposer des taxes additionnelles à ces entreprises n’est pas attractif pour le business et les entrepreneurs. 

Quelles sont les mesures à adopter dans le prochain Budget ?
Il est grand temps que la Mauritius Investment Corporation cesse d’injecter de l’argent dans les entreprises. Ces injections monétaires alimentent d’ailleurs l’inflation. La MIC a été créée pour aider les entreprises pendant la Covid-19. Aujourd’hui, les entreprises ne sont plus affectées par la Covid-19. Si elles le sont, c’est par d’autres facteurs. 

De même, il faudrait imposer un ‘levy’ temporaire sur les grosses compagnies d’exportation qui ne paient que 3 % de taxes sur l’exportation. D’autant plus qu’elles réalisent des profits intéressants, grâce notamment à la dépréciation de la roupie. 

Par ailleurs, plusieurs activités telles que les boulangeries, les stations-service, l’industrie du transport opèrent avec des marges et des prix fixés par l’État. Or, ces compagnies sont pénalisées et le modèle actuel n’est plus soutenable surtout en raison de coûts d’opération énormes. Il faudrait prendre ces compagnies en considération. 
 

 

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