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[Blog] Plan Trump pour la Palestine : Ignorer Al-Aqsa, c’est répéter l’erreur de 1947

Un petit Palestinien assis au sommet d’une tombe, tandis que des familles dressent un camp temporaire dans le sud de la bande de Gaza.

Soixante-dix-huit ans après la création contestée d’Israël, le plan Trump en 21 points réaffirme la marginalisation des Palestiniens, fragilisant toute perspective de paix durable et d’État souverain.

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Soixante-dix-huit ans après la création contestée de l’État d’Israël dans le dos des Palestiniens, les États-Unis, serviles envers Israël, proposent un plan de paix en 21 points. 1947 - 2025 : deux plans imposés, un même perdant : les Palestiniens.

Le plan de partition de la Palestine adopté par l’ONU en 1947 et le plan de paix en 21 points présenté par Donald Trump en 2025 révèlent une même constante : les Palestiniens restent les grands absents des décisions qui engagent directement leur avenir.

Présenté comme une sortie de crise après la guerre de Gaza, le plan en 21 points s’articule autour de trois promesses : la sécurité d’Israël, la déradicalisation de Gaza et un « chemin vers un État palestinien ».

Rendu public le 29 septembre 2025, le Plan Trump est déjà perçu comme imposé de l’extérieur : plus favorable à Israël et aux partenaires régionaux qu’aux Palestiniens eux-mêmes. Israël y retrouve l’essentiel de ses priorités : libération des otages, démantèlement du Hamas, contrôle international de Gaza. Les Palestiniens, en revanche, sont confrontés à un fait accompli. 

Ni le Hamas ni l’Autorité palestinienne n’ont été associés à la rédaction du plan. Les conditions imposées (désarmement, administration transitoire technocratique, supervision internationale) réduisent leur marge de manœuvre à néant. Quant à la perspective d’un État palestinien, elle est renvoyée à un avenir indéfini, conditionné, sans calendrier ni garanties fermes.

Que dire du neuvième point du Plan Trump – Gaza sera administrée par un gouvernement transitoire, composé de technocrates palestiniens pour la gestion quotidienne, sous supervision d’un nouvel organisme international mis en place par les États-Unis avec des partenaires arabes et européens – si ce n’est qu’il s’agit d’une mise sous tutelle de Gaza, pour ne pas dire d’une occupation par procuration.

Avantages pour Israël

Comme en 1947, le déséquilibre est frappant. Israël obtient immédiatement des avantages concrets. Les Palestiniens héritent d’un horizon lointain, hypothétique, conditionné par des choix extérieurs. Dans les deux cas, la non-consultation des Palestiniens fragilise le plan dès sa naissance.

En 1947, le rejet palestinien a ouvert la voie à une guerre et à une fracture durable. En 2025, il y a fort à parier que l’absence d’adhésion palestinienne transforme le Plan Trump en outil politique pour Israël et Washington, mais non en solution de paix.

L’histoire semble se répéter : deux plans imposés de l’extérieur, deux moments charnières, mais un même constat : les Palestiniens apparaissent davantage comme des sujets sur lesquels on décide plutôt que comme des acteurs de leur propre destin. Et tant que cette absence de voix persistera, la paix restera sans doute un horizon repoussé.

Tant que la question d’Al-Aqsa n’est pas abordée, aucun accord ne peut être accepté par les Palestiniens ni par le monde musulman. Ignorer Al-Aqsa, c’est répéter l’erreur de 1947 et de 2025 : croire qu’on peut régler un conflit territorial sans tenir compte de ses dimensions spirituelles et identitaires. La mosquée Al-Aqsa est le cœur émotionnel et religieux du conflit. Si elle n’est pas protégée et reconnue dans un statut respecté, tout plan de paix, qu’il s’agisse de celui de 1947, d’Oslo, ou du Plan Trump 2025, restera incomplet et voué à l’échec.

Clairement, le Plan Trump ne règle rien sans consultation palestinienne. Les Palestiniens sont encore une fois absents d’une décision cruciale, comme en 1947. Ce manque de consultation n’est pas un simple détail procédural : c’est la racine même de l’échec de toute tentative de règlement durable. Et toujours comme en 1947, l’histoire montre que toute solution imposée crée plus de conflits qu’elle n’apporte de paix.

Pour conclure, le Plan Trump, une logique de réalpolitik, souffre non seulement d’un irréalisme pratique avec la disparition du Hamas et l’administration étrangère de Gaza, mais aussi d’un manque de garanties pour la cause palestinienne – État et souveraineté.

Par Alain Laridon, ex-député et ex-ambassadeur

 

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