De nouveaux cas de personnes victimes de casseurs ont été portés à la connaissance de la commission anticorruption. Une demi-douzaine d’usuriers s’est offerte des biens estimés à Rs 50 millions pour des prêts offerts, en contravention avec la Financial Intelligence Anti-Money Laundering Act.
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L’Independent Commission against Corruption (Icac) croule sous les plaintes contre des usuriers depuis qu’elle a ouvert une enquête sur les activités de la famille Canaye dans le village de Chamouny, Chemin-Grenier, au début du mois dernier. Les limiers de Moka sont en présence d’éléments qui démontrent que des sommes variant entre Rs 500 000 et Rs 5 millions ont été mises à la disposition d’une cinquantaine de personnes par une demi-douzaine d’usuriers à travers l’île durant ces dernières années, en infraction avec la Financial Intelligence Anti-Money Laundering Act, ainsi que les dispositions de la Banque de Maurice.
Dans un cas, une victime qui avait emprunté Rs 40 000, en raison de soucis personnels, s’est retrouvée face à une dette de Rs 5 millions. L’usurier l’a systématiquement incitée à prendre un emprunt additionnel pour régler l’ardoise précédente et elle s’est retrouvée dans une spirale infernale. Aux dires de la victime, l’usurier a su exploiter à fond sa détresse en lui infligeant un taux d’intérêt d’une autre époque.
Des biens saisis pour des prêts dérisoires
Dans d’autres cas, des Mauriciens gagnant leur vie comme marchands de gâteaux et qui ont fait appel à des casseurs pour des dépenses familiales sont aujourd’hui sans emplacements, ceux-ci ayant été placés en garantie. L’ancienne commerçante Sheila Padayachee s’est aussi tournée vers la commission anticorruption. Malheureusement, son cas ne pourra être soumis à une enquête, car il date d’avant la création de l’institution. Elle a perdu son supermarché, sa maison et des terres héritées de sa famille, de même que sa fille.
Les exemples de Mauriciens ayant eu recours à ces usuriers dans l’espoir de se tirer d’une situation financière difficile et qui se sont ensuite retrouvés sur la paille abondent. De telles activités ont toujours eu cours dans l’île mais rares sont les fois où les responsables ont été poursuivis.
Il y a sept ans, un laboureur de Plaine-Magnien avait été interpellé par la police criminelle pour trading without licence. Il prêtait de l’argent à un taux d’intérêt de 20 % et saisissait des biens à l’occasion. Il prêtait de petites sommes mais réclamait des bijoux ou d’autres objets de valeur comme garantie. Il avait seulement été arrêté, car les enquêteurs le soupçonnaient de garder des bijoux volés à son domicile. Une quarantaine de bijoux valant Rs 700 000 et qui inclut majoritairement des mangalsutra – des alliances que les femmes hindoues portent au cou – y ont été découverts.
En ce qui concerne l’enquête sur les activités de la famille Canaye, des développements sont attendus cette semaine. Un Attachment Order a déjà été obtenu de la Cour suprême sur les biens de plusieurs de ses membres. Cette famille est soupçonnée d’avoir jonglé avec les biens de ses clients qui sont estimés à une centaine de millions de roupies. Hazareesingh Canaye, sa sœur Omwantee et son beau-frère Assad Sookun ont été interpellés le mois dernier. Des titres de propriétés ainsi que des cartes grises (horsepower) ont été saisis à leurs domiciles. Certains de leurs victimes ont perdu leur maison pour un prêt dérisoire.
L’une d’elles explique avoir emprunté Rs 55 000 aux Canaye et qu’elle devait rembourser Rs 110 000 à raison de 20 mensualités de Rs 5 500. Un beau jour, la totalité lui a été réclamée. Dans l’incapacité de régler la dette illico presto, la victime a été forcée de remettre à la famille des bijoux ainsi que ses titres de propriétés. Les cartes de pension serviraient aussi de garanties à la famille Canaye.
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