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Biocarburant : le «fatak» supplante le charbon dans les chaudières

Biocarburant La moissonneuse achetée d’Espagne par le promoteur pour récolter le jonc a été testée mercredi.

Dites au revoir au charbon. Le jonc (fatak) ou de son nom scientifique « Arundo Donax » fait son entrée comme combustible. Ce samedi, la première récolte aura lieu à Fond-du-Sac. Ce créneau attire d’anciens planteurs de canne qui avaient délaissé leurs champs.

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Un regroupement d’anciens planteurs de canne de Fond-du-Sac se jette dans la production de biocombustible. Le fatak, annoncé comme combustible depuis 2010, fait enfin ses preuves. La société Equilibre BioEnergy Ltd, dirigée par Laurent de Morelos, est le promoteur de ce projet.

Dans un premier temps, les planteurs ont mis 12 arpents sous culture de fatak. Ils ont pris deux ans pour préparer la terre et attendre que les plantes arrivent à maturité. De là, les joncs se régénéreront plus vite et nécessiteront moins de soins. Laurent de Morelos explique que pour récolter les plantes, l’entreprise a profité de l’allocation offerte sour le Collaborative Research and Innovation Grant Scheme du ministère de la Technologie, de la communication et de l’information pour importer une moissonneuse d’Espagne. Mercredi, la machine a été testée dans un champ à Fond-du-Sac.

Utilisation

Une fois récoltées, les piles de jonc sont hachées. Une partie est broyée pour en faire des bottes de paille qui serviront de combustible. Après la récolte, le fatak ne subit aucun procédé chimique. Les bottes sont envoyées dans des usines comme combustible. Laurent de Morelos affirme que trois usines, dont un embouteilleur, ont accepté de passer au biocombustible. Actuellement, leurs chaudières sont alimentées par du charbon.

Après des essais, il a été prouvé que le jonc produit à Maurice pouvait remplacer le charbon, car il contient des éléments qui lui permettent de brûler avec la même intensité que le charbon. « Nous nous tournerons ensuite vers les producteurs indépendants d’énergie », indique notre interlocuteur. Des promoteurs fonciers s’intéressent à ce créneau et souhaitent même investir dans des facilités de transformation avec le promoteur.

Pour cela, il faudrait augmenter la production de fatak. Dès la première récolte, davantage de terrains seront mis sous culture. Un planteur de la région (également fonctionnaire) explique que depuis la chute du prix du sucre, la canne n’est plus rentable. « Avec le fatak, nul besoin de main-d’œuvre, car la culture et la récolte sont mécanisées. Les champs ne requièrent presque pas d’entretien. Les produits chimiques ne sont pas requis, car la plante réagit mieux aux engrais bio. La culture se fait tout au long de l’année. Le coût de production est très faible. Les nouveaux plants sont mis en terre chaque décennie et le prix du produit ne chute pas », assure le promoteur.

Le ministère sceptique

L’Arundo donax serait donc un remplaçant de choix au charbon. Toutefois, au ministère de l’Agro-industrie, les sourcils froncent. La plante est classifiée « très envahissante » et les techniciens du ministère émettent des réserves par rapport à son introduction. De plus, Maurice a voté une loi en 2016 pour protéger les espèces locales des plantes envahissantes.

Une source du ministère explique que les techniciens et scientifiques des départements de l’agriculture devront donner leurs avis sur le sujet pour que le ministère encourage cette pratique. « Cette plante est interdite dans de nombreux pays en raison de sa nature envahissante », indique une source. Les planteurs de jonc affirment que depuis deux ans, les plantes ne se sont pas propagées dans les champs voisins.

 

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