Axe Maurice-Madagascar : la «Drug Connection» des frères Kendji et Kenny Morvant passée au crible

Kendji et Kenny Morvant, des frères originaires de Maurice, mais installés à Madagascar, sont au cœur d’une affaire de trafic de drogue entre les deux îles. Le trio, comprenant aussi Jules Roddy Avoula, est en détention policière. Les autorités mauriciennes continueront leur enquête avec la coopération d’Interpol et de la police malgache pour démêler les ramifications de cette « Drug Connection ». 

Des Mauriciens basés à Madagascar sont soupçonnés d’être les cerveaux d’un important trafic de drogue destiné à alimenter le marché mauricien des stupéfiants. Cette semaine, la police malgache a mis en échec un trafic de l’Or Vert en procédant à la saisie de 9,822 kilos de « skunk » (une variété de cannabis). Selon les premiers éléments de l’enquête ouverte par la Section des recherches criminelles d’Antananarivo, il s’agit d’un réseau impliqué dans un trafic international de drogue qui a été court-circuité. 

Sur le banc des accusés : Kenny Morvant, 38 ans, et Kendji Morvant, 34 ans, deux frères originaires de Simé Trésor, Baie-du-Tombeau. Ils sont désignés dans leur quartier comme étant des « Boss ». Mais depuis quelque temps, ils ont quitté le territoire mauricien pour poser leurs valises sur la Grande île. Sur place aussi, ils sont dans le viseur de la police malgache. 

Tous deux, aux côtés de Jules Roddy Avoula, composent le trio de présumés trafiquants de drogue mauriciens qui intéresse, de nouveau, la police malgache depuis le 15 mai 2024. Date à laquelle ont été saisis près de 10 kilos de skunk chez un certain Juvento Nafompona, un habitant de Toamasina, une ville portuaire située sur la côte Est de Madagascar. 

À son domicile, un stock de skunk déjà empaqueté et conditionné dans des emballages en plastique a été découvert. Première observation des enquêteurs malgaches : « Cette drogue, considérée comme une drogue dure dans la Grande île, n’est pas cultivée à Madagascar. Elle est importée. Elle est beaucoup plus puissante que d’autres drogues classiques. »

Arrêté, le trio est maintenu en détention policière. Tout comme les frères Morvant, Jules Roddy Avoula s’était signalé aux côtés de deux autres individus à Nosy Be en juin 2018, alors qu’ils s’apprêtaient à acheminer 80,2 kg de cannabis, 35,5 kg de haschisch et 25,5 kg d’héroïne vers Maurice. 

Les Police Headquarters comptent solliciter Interpol et la police malgache pour des compléments d’informations sur les récents développements survenus sur la Grande île. « Zot bann gro Target l’Adsu. Plizir fwa inn fer lafouy kot zot », indiquent plusieurs limiers de la brigade des stups affectés au quartier général de l’Anti-Drug and Smuggling Unit (Adsu) des Casernes centrales. 

Les frères Morvant étaient très surveillés par la brigade antidrogue. En mars 2022, l’escouade de l’Adsu de Rose-Hill les ciblait dans une traque. Mais l’un des frères, Kendji Issac Morvant, était monté au créneau en dénonçant l’intervention qu’il qualifiait de musclée. Il avait sollicité les services de l’avocat Rama Valayden. 

Lors d’une conférence de presse, Kendji Morvant, qui a une formation de coiffeur, avait accusé l’Adsu de lui avoir réclamé de l’argent, faute de quoi de la drogue serait « plantée » à sa demeure. « Monn gagn enn call inn dir mwa mo bizin donn larzan sinon pou vini pou met ladrog ar mo fami. Monn dir mo pa ladan, mo pe travay, mo ena mo salon ek mo business », avait-il dit. Il avait même juré un affidavit en ce sens devant la Cour suprême. 

Son avocat, Me Rama Valayden, avait, lui, adressé deux courriers au bureau du commissaire de police après la descente « musclée » de la brigade antidrogue chez les Morvant. « Kendji Issac Morvan so fami zame inn gagn Case lapolis. So lavi inn vinn enn kosmar. Enn linite l’Adsu tromatiz enn fami », avait déclaré l’homme de loi durant la conférence de presse.

Les frères Morvant s’étaient par la suite envolés vers Madagascar. Ils n’ont pas été plus chanceux sur place. Tous deux, ainsi que d’autres Mauriciens, ont été arrêtés dans le cadre d’une enquête portant sur la saisie de 839 grammes d’héroïne dont la valeur marchande était estimée à Rs 12,5 millions. Selon la brigade des stupéfiants de la Grande Île, cette drogue avait été saisie sur trois ressortissants mauriciens en situation de clandestinité sur le territoire malgache. 

Un mois plus tôt, soit en février 2023, une vedette rapide, appelée le Bras-D’Eau, enregistrée à Maurice et équipée de deux moteurs avait été découverte à Nosibe-Maintialaka dans le district du port de Vohémar situé dans le Nord-Est de la Grande île. La police malgache soupçonnait cette embarcation d’être utilisée dans le trafic de drogue par voie maritime entre Madagascar et Maurice.