Entre les six pays qui ont voté contre la résolution devant les Nations unies, dont les Maldives et ceux qui ont changé d’avis pour se prononcer en faveur, il y a une multitude de leçons à en tirer. L’historien Jocelyn Chan Low nous aide à y voir plus clair.
Pourquoi avoir voté contre la résolution présentée par le Sénégal ? Mais surtout pourquoi avoir changé d’avis pour finalement voter en faveur de la résolution? Des questions légitimes si on se penche sur les six pays ayant rejeté la résolution, dont les Maldives, mais aussi sur ceux qui s’étaient abstenus de voter en 2017 pour référer le contentieux à la Cour internationale de justice (CIJ) et qui, cette fois, ont voté pour. L’historien Jocelyn Chan Low apporte un éclairage.
En ce qui concerne le quatuor États-Unis, Royaume-Uni, Israël et Australie, il n’y a pas grand-chose à expliquer. Les deux premiers nommés sont directement concernés vu qu’ils cogèrent la base militaire de Diego Garcia. « Israël a déjà ses propres problèmes territoriaux et de toute façon, Israël, c’est l’Amérique ! », ironise l’historien. On pourrait également dire de l’Australie que c’est l’Amérique : « C’est un allié de longue date des États-Unis et les deux représentent un axe qui s’est développé dans la région du Pacifique ». Jocelyn Chan Low fait remarquer que l’Australie a toujours suivi les Américains, ayant même envoyé des troupes au Vietnam.
Dans le cas de la Hongrie, il estime que la région de l’Europe de l’Est où elle se situe, et où on retrouve plusieurs litiges territoriaux, pourrait expliquer le vote. Mais il y a aussi la personnalité de Victor Orbán, le Premier ministre issu de la droite, qui entretient de bonnes relations avec le président américain Donald Trump, les deux partageant la même idéologie dans leurs discours sur les immigrants.
Pour ce qui est des Maldives, l’historien rappelle que cet État a fait l’expérience de problèmes territoriaux tout au long de son existence. Une histoire qui pourrait expliquer son manque de solidarité bien qu’il soit un petit État insulaire en voie de développement, comme Maurice. Toutefois, comme révélé dans une édition du Défi Quotidien en 2017, quand les Maldives avaient voté contre la première résolution, elles avaient un intérêt dans la région. En 2010, ce pays a remis un dossier aux Nations unies pour la délimitation de son plateau continental. Dans le document, les Maldives ne tenaient pas compte des Chagos en tant que territoire mauricien et empiétaient ainsi sur la Zone économique exclusive du pays. L’État mauricien avait protesté officiellement.
Dans les rangs de ceux qui s’étaient abstenus mais qui ont finalement voté en faveur de la résolution, on retrouve les pays scandinaves, hormis le Danemark qui fait figure d’exception. Là il s’agit de culture, souligne Jocelyn Chan Low. « Les Scandinaves ont une forte tradition démocratique. Une fois qu’il y a eu un jugement de la Cour, il leur est difficile de le rejeter. »
La Chine et la Russie s’étaient elles aussi abstenues de voter, alors qu’elles ont toutes deux des contentieux territoriaux. « Elles ont une longue histoire de soutien de la décolonisation. Si l’Afrique australe a été libérée, c’est largement grâce à la Russie », rappelle Jocelyn Chan Low. Selon lui, les problèmes de ces deux pays avec les États-Unis ne sont sans doute pas étrangers à ce vote.
D’autres pays européens, comme l’Autriche, la Grèce, l’Irlande, le Liechtenstein, Monaco, l’Espagne, la Suède et la Suisse, ont eux aussi fait le même changement. L’historien estime que c’est le respect des institutions des Nations unies qui a pesé dans la balance. « Il est difficile pour ces pays de jeter le discrédit sur la CIJ et l’Assemblée générale », conclut-il.
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