Les travailleurs étrangers sont les potentielles victimes de trafic humain, tout comme les travailleurs du sexe qui peuvent être forcés au trafic sexuel. Selon Nataraj Muneesamy, Assistant Director of Public Prosecutions, ces abus sont souvent évoqués, mais le problème reste entier en raison du manque de ressources.
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Observée ce mardi 30 juillet, la Journée mondiale de la lutte contre la traite d’êtres humains est l’occasion de faire le point sur ce qui est fait pour mener ce combat. Le sujet a été abordé le lundi 29 juillet 2024 dans l’émission « Au Cœur de l’Info » sur Radio Plus. Prem Sewpaul a reçu comme invité sur le plateau Nataraj Muneesamy, Assistant Director of Public Prosecutions (DPP).
Une « Task Force » a été mise sur pied au bureau du DPP pour assurer la liaison et une coopération entre les « law agencies », dont la police, afin de combattre le trafic humain. Sur le plateau, Nataraj Muneesamy a expliqué qu’il y a une dizaine de cas qui font l’objet d’une enquête chaque année.
« Mais ces cas ne sont pas nécessaires du trafic humain. Après l’atelier organisé vendredi, nous devons être honnêtes pour dire qu’il y a peut-être un problème de détection de ces cas », a-t-il fait comprendre. C’est d’ailleurs pour cette raison qu’il estime ne pas pouvoir parler de la prévalence du trafic humain à Maurice.
Pour les mois à venir, la « Task Force » compte se pencher sur un aspect de cette lutte qui pourrait concerner les travailleurs étrangers à Maurice. « Il y a environ 30 000 à 40 000 travailleurs étrangers. C’est ce que nous considérons comme un groupe de potentielles victimes de trafic humain », a-t-il ajouté, évoquant la difficulté des enquêtes dans ce genre d’affaire par leur complexité.
Un problème de ressources, que ce soit au niveau de la police qu’à celui du ministère du Travail, peut être une des raisons de ces difficultés, selon Nataraj Muneesamy. Comme solution, les intervenants à l’atelier organisé ont estimé qu’il faudrait mettre davantage d’accent sur la communication. « Dès qu’un cas est signalé, il faut faire une table ronde avec les agences afin de trouver une solution », a-t-il souligné.
Sur le terrain, Kolektif Drwa Imin a constaté que le trafic humain inclut également les travailleurs du sexe forcés au trafic sexuel ou encore les travailleurs étrangers dont les droits ne sont pas respectés. Ensuite, pour Sandrine Julien, membre de Kolektif Drwa Imin, il y a aussi le trafic humain 2.0 qui concerne notamment les mineurs qui sont exposés sur les réseaux sociaux, dont Telegram.
« Ces jeunes se retrouvent esclaves de ceux qui continuent à perpétrer cette violation. Très souvent, ces photos et ces vidéos sont partagées contre l’avis et à l’insu de la personne. Ils font ensuite face à du chantage. Nous, au niveau de Kolektif Drwa Imin, considérons cela comme du trafic humain », a-t-elle expliqué. Pour Anoushka Virahsawmy, directrice de Gender Links Mauritius, la solution réside dans la détection et l’importance de cibler les cas.
Leur situation
La vulnérabilité dans laquelle se trouvent les travailleurs étrangers les expose davantage au risque de trafic humain. C’est l’avis de Reaz Chuttoo. Le syndicaliste estime que l’amendement apporté dans le Finance Bill laisse une porte ouverte au trafic humain pour ces potentielles victimes dont la vulnérabilité peut augmenter. « Cela concerne notamment le fait que les agents recruteurs deviennent les employeurs directs des travailleurs qu’ils font venir. C’est un changement majeur qui risque de déboucher sur des abus », a-t-il précisé lors de son intervention durant l’émission.
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